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Comment Renault a rénové l'éclairage de ses sites industriels sans débourser un euro

Publié par Jean-Philippe Arrouet le | Mis à jour le
Comment Renault a rénové l'éclairage de ses sites industriels sans débourser un euro

Une consommation énergétique réduite de 60 % sans bourse délier. Pour rénover une dizaine de sites industriels en France, Renault a défini un nouveau plan d'éclairage, financé en crédit-bail. La rentabilité est au rendez-vous dès la première année. Et 22 millions d'économies sur 10 ans, attendues.

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Flins, Maubeuge ou encore Dieppe comptent parmi les usines historiques de Renault en France. Construites à partir de années 1950, elles ont conservé un cachet très "Trente Glorieuses". Ce n'est, en revanche, pas le cas de l'éclairage, confié à des rangées de tubes fluorescents, gourmands en électricité, qui doivent être remplacés tous les trois ou quatre ans. Sur dix sites industriels répartis dans l'Hexagone, la consommation totale représente 20 259 MWh chaque année et la facture, pour le constructeur automobile, dépasse 1,34 million d'euros. Avec un résultat bien loin de l'efficience : les tubes alignés au plafond, voire superposés, éclairent tous azimuts. La direction de la maintenance immobilière a rapidement compris l'intérêt d'une rénovation complète en LED. Restait à financer l'opération. Impossible de trouver du cash en interne, Renault ciblant ses investissements sur des enjeux liés à la production et imposant également une rentabilité à un horizon de deux ans maximum. Deux conditions que ne pouvaient remplir des travaux lourds de rénovation d'éclairage.

Un éclairage mieux ciblé

Avant de rechercher un montage financier le premier impératif consistait à limiter le coût de l'opération. La direction de la maintenance immobilière a écarté tout remplacement des lampes, point par point : plutôt que d'éclairer uniformément les bâtiments, elle a choisi un éclairage par zone de travail. Le parc de luminaires a ainsi été ramené de 150 000 à 115 000. Le tout sans dégrader les conditions d'éclairage, bien au contraire."Nous avons refait des plans d'implantation, comme pour un bâtiment neuf. Nous avons également utilisé un logiciel, Dialux, pour simuler les niveaux de luminosité selon l'implantation des appareils", relate Philippe Thomy, responsable maintenance immobilière des sites industriels de Renault en France.

Réalisée en interne, cette étude d'avant-projet a défini des niveaux d'éclairement par zones : 150 lux dans les allées de circulation, 200 lux dans les zones de stockage, 250 lux dans les ateliers, et jusqu'à 450 lux sur certaines chaînes de production, notamment pour le contrôle qualité des carrosseries. Ce schéma a ainsi fixé la trame du cahier des charges transmis à une dizaine d'éclairagistes lors de l'appel d'offres.

Par ailleurs, Renault a emprunté les gaines d'alimentation existantes (de type "canalis"), pour y raccorder les nouveaux luminaires, sans avoir à tirer des câbles. D'autre part, l'achat de détecteurs de présence, habituellement associés aux LED, a été jugé superflu dans des usines qui tournent 24h/24. Seul un entrepôt, où les passages sont plus rares, en a été doté.

Des engagements de performance

Un an de travail a été nécessaire avant de trouver un prestataire s'engageant dans un contrat cadre déclinable, site par site, sur une durée de six ans. Pour cela, Renault a joué la transparence avec les candidats en leur fournissant ses plans d'implantation, ses exigences techniques (puissance des luminaires, angle de répartition de la lumière, indice de rendu des couleurs et température de couleur) et en leur faisant visiter chaque site. En retour, le constructeur a exigé des engagements de performance. "Nous nous sommes engagés sur des KPI concernant les économies d'énergie et le niveau d'éclairement", explique Carmen Munoz-Dormoy, directrice générale de Citelum, qui a remporté l'appel d'offres.

Cette filiale d'EDF a organisé sa maintenance de telle sorte que la qualité d'éclairement reste constante sur les sites durant le contrat. En outre, Citelum a accepté un contrat-cadre qui détermine le financement, les types d'appareils, les coût, les volume ou encore les tarifs de pose mais "chaque site a fait l'objet d'une optimisation pour générer le maximum d'économie et de valeur", souligne Carmen Munoz-Dormoy. Ainsi, certains luminaires ont été choisis pour leur résistance à l'empoussièrement ou à des températures de 50 degrés. Au-dessus des chaînes de montage, Citelum a installé des luminaires déportés latéralement, pour assurer la maintenance sans perturber la production. Enfin, ce prestataire a négocié les tarifs des luminaires avec deux fournisseurs (Philips, Trilux) ainsi que les six ans de garantie voulus par Renault.

Un financement par lots

Pour se financer, le constructeur a eu recours au crédit-bail qui a l'avantage d'imputer le coût de la rénovation, étude comprise, aux OPEX. L'opération est portée par Natixis au taux de 0,8 % par an (soit un coût de 4,8 % sur la durée du contrat). Surtout, Renault a phasé ses chantiers, site par site, avec un mécanisme de réception par lots. Chaque trimestre, le constructeur réceptionne les travaux réalisés par Citelum, ce qui déclenche son paiement par Natixis qui facture ensuite un loyer à Renault. Ainsi, l'entreprise ne débourse jamais un euro d'investissement. Surtout, le projet repose sur un principe vertueux : les gains de consommation obtenus grâce à la rénovation doivent être supérieurs au montant du loyer financier. "Chaque réception de démontage et de réinstallation des luminaires fait d'ailleurs l'objet d'une mesure exacte des gains de consommation électriques", souligne Philippe Thomy. Il a ainsi pu convaincre ses clients internes, responsables de sites qui sont les payeurs des lots qui les concernent, d'engager ces travaux de rénovation. Au total, Renault va réduire sa consommation de 60 MWh par an, ce qui se traduira par une économie financière nette de 22 millions d'euros sur les dix années à venir.

Une rénovation compatible "IFRS 16"

Groupe côté au CAC40, Renault doit se conformer aux nouvelles exigences de la norme comptable IFRS 16. Celle-ci impose notamment de retraiter au bilan tout financement en crédit-bail ou location, dont le montant unitaire excède 5 000 dollars, pour l'intégrer en section d'investissement. La rénovation de l'éclairage échappe à cette obligation puisque les travaux lourds ont été évités. Quant au coût d'acquisition des luminaires, il reste inférieur à 500 euros l'unité.

 
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