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Thierry du Villard (Jarden Corporation EMEA) : "Achats et supply chain doivent développer des synergies"

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Quid de votre politique en matière de gestion des risques ?

C'est un volet essentiel de notre politique achats. Et il se concentre essentiellement sur la couverture physique ou financière de commodités stratégiques de Jarden avec nos fournisseurs ou des banques. En effet, en tant qu'entreprise américaine cotée au New York Stock Exchange, avec une capitalisation boursière de plus de 5 milliards de dollars en mars 20131 (4 milliards d'euros), nous sommes astreints à certaines obligations, comme faire une communication financière trimestrielle. Ainsi, les achats ont tout leur rôle à jouer pour soutenir le cours de bourse de l'action Jarden et ce, en offrant un maximum de garanties à notre direction générale en matière de dépenses achats à venir.

Mon challenge au quotidien consiste donc à limiter les risques d'évolution des prix sur un panel de commodités : énergie, acier, caoutchouc... Un travail prévisionnel d'autant plus essentiel que nos achats pèsent largement sur le business global du groupe, avec un volume de dépenses au niveau monde de plus de 3,5 milliards de dollars (2,37 milliards d'euros), sur un chiffre d'affaires de près de 8 milliards de dollars (6,3 milliards d'euros). Pour mieux anticiper des fluctuations sur les matières premières, nous misons notamment sur la sécurisation des contrats avec nos fournisseurs mondiaux, et ce, pour bénéficier d'une protection sur les prix jusqu'à 2016.

Comment se caractérise votre relation fournisseurs ?

Dans un groupe comme le nôtre, très orienté marketing achats, l'identification de fournisseurs capables d'apporter de l'innovation est essentiel. Ainsi, un de nos axes premiers est le développement de nouveaux produits en misant davantage sur la coconstruction de solutions ralliant des ressources internes et externes, à savoir nos fournisseurs stratégiques. À ce titre, les achats jouent un rôle-clé d'interface entre ces deux univers. Par exemple, au sein de notre structure achats à Hong Kong et à Dongguan, en Chine du sud, forte de 400 collaborateurs, nombre de personnes se concentrent sur le développement de nouveaux produits avec les fournisseurs.

Un travail d'autant plus essentiel que notre volume d'achats équivaut à plus de 1,5 milliard de dollars en Asie (1 milliard d'euros). Mon objectif est donc de généraliser ces partenariats de codéveloppement en Europe. Un chantier de taille qui suppose d'ores et déjà une plus grande harmonisation des pratiques en matière de sourcing.

Vous avez la double casquette, achats et la supply chain, est-ce difficile à porter ?

Plus que jamais ! Car si ces deux fonctions sont souvent présentées comme interconnectées et naturellement aptes à communiquer, dans la pratique, bon nombre d'antagonismes les séparent. Et pour cause : si la vocation des achats est de massifier les volumes et d'augmenter les MOQs (quantités minimums de commandes, NDLR) pour baisser les prix, une telle démarche gonfle mécaniquement les stocks. Un scénario en contradiction avec les objectifs des directions supply chain, soucieuses de préserver des stocks faibles pour booster la performance de l'entreprise en termes de cash disponible. C'est dire la nécessité de trouver des compromis pour optimiser la collaboration entre les deux fonctions !

Un parti que nous avons adopté en montant par exemple à Shanghai des plateformes de consolidation mettant fin à l'usage de containers par fournisseur dans nos entrepôts. En effet, grâce à ces plateformes de groupage, nous recourons à des containers plus volumineux pouvant contenir des produits multi­fournisseur. Ce procédé permet de réduire les coûts de transport via la diminution des frais fixes par produit acheminé et ce, tout en abaissant la quantité de produits stockés par référence dans nos entrepôts en Europe. De quoi permettre de réconcilier les objectifs des deux fonctions. Et surtout de renforcer la valeur ajoutée des achats en interne.

1) En 2013, Jarden occupait la 383e place du classement Fortune 500 des plus grosses entreprises américaines, publié par le magazine Fortune.


 
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Propos recueillis par Charles Cohen

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