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L'opportunité fait le lit de la RSE

Publié par Aude Guesnon le | Mis à jour le
David Divialle-Corbière (au micro), directeur achats de Sogefi,lors de la table ronde organisée par l'AAMAI. Il est entouré -à gauche- de Nathalie Bornard (BPCE)et de Stéphane Paillot(Bel) et de Alhlem Hamdi (RMN Grandpalais),à droite.
David Divialle-Corbière (au micro), directeur achats de Sogefi,lors de la table ronde organisée par l'AAMAI. Il est entouré -à gauche- de Nathalie Bornard (BPCE)et de Stéphane Paillot(Bel) et de Alhlem Hamdi (RMN Grandpalais),à droite.

David Divialle-Corbière, directeur des achats du groupe Sogefi, séduit par une approche très pragmatique et clairvoyante de la RSE. Il démontre que ce n'est pas la philanthropie, mais bien l'intérêt économique, ou la contrainte légale, qui fera le succès de la démarche.

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L'agent économique n'est pas naturellement orienté vers le bien de l'humanité, surtout lorsqu'il s'agit de business. Et ce n'est donc pas la philanthropie qui le conduit à s'engager dans une démarche RSE, mais bien la quête de profit. C'est "le management par le contexte", comme l'explique David Divialle-Corbière, directeur des achats du groupe Sogefi, équipementier automobile. Amené à participer à un débat organisé mercredi dernier sur le thème de la "RSE dans les achats, escroquerie ou réalité?" organisé par l'association des Anciens du MAI de Bordeaux, il s'est volontiers fait provocateur pour expliquer la vision "équipementier" de la RSE. Une vision opportuniste. "Dans l'automobile, la RSE est peu appliquée. Et quand elle l'est, c'est pour des raisons réglementaires, économiques et marketing".

"J'évolue dans le milieu automobile. Un milieu focalisé sur la performance; un milieu de compétition où le business s'associe peu avec la philanthropie, à moins qu'il n'y soit incité ou contraint". Et il y est de plus en plus, parce que "le patron, c'est le constructeur, qui est à l'origine de l'essentiel des initiatives, y compris sociétales", a commenté David Divialle-Corbière. Les grands groupes avec lesquels travaillent Sogefi, type Renault ou Peugeot, pour ne citer que les nationaux, sont engagés dans une démarche RSE et entendent que leurs fournisseurs, à tous les degrés, le soient aussi. C'est là le management par le contexte. "Si le contexte ne nous pousse pas à y aller, on n'y va pas, c'est aussi simple que cela".


La RSE permet d'augmenter sa part de marché

C'est aussi du fait de l'intérêt économique, et sous le poids des constructeurs, que Sogefi a adopté la norme ISO 50001. "S'il ne s'était agit d'une opportunité de réduction des coûts, je n'en aurais probablement jamais entendu parler". La norme ISO 50001 offre aux organismes des stratégies de management leur permettant d'améliorer la performance énergétique... et ainsi de réduire leurs coûts. C'est là que le business man retombe sur ses pattes. Parce que tous les intervenants de cette table ronde, ainsi que tous leurs homologues, en ont convenu: la démarche RSE est bien une façon de réaliser des économies, voire de faire du chiffre d'affaires et, best of, de dégager de la marge. Ainsi, et contexte (de prise de conscience environnementale) toujours: Sogefi a développé un packaging écologique pour un filtre à air. Il est fait d'un plastique entièrement recyclable qui séduit les clients. "On a augmenté notre chiffre d'affaires et notre part de marché par le biais de l'écologie et de la conscience écologique du client final".

Comme l'a souligné Stéphane Paillot, directeur des achats du groupe alimentaire Bel, "le développement durable et la gestion des risques fournisseurs est une façon de présenter autrement la quête d'économies. La RSE, c'est aussi un moyen malin d'ouvrir les portes." Notamment celle de ses fournisseurs, dans le cadre de leur accompagnement dans leur adoption de la démarche RSE. En renforçant les liens avec ses prestataires, le prescripteur maîtrise mieux le risque fournisseur. Ne serait-ce que le risque en termes de réputation: le groupe Bel, par exemple, a prié ses fournisseurs de "bannir l'huile de palme de ses produits" pour éviter un buzz négatif.

Enfin, l'entreprise qui fait grandir ses fournisseurs en retire un avantage en termes économique et en termes d'image : "En travaillant avec le secteur adapté, nous l'avons fait monter à un niveau de compétence qu'il n'avait pas auparavant", illustre Nathalie Bornard, responsable du management de la responsabilité fournisseur de la BPCE. Ce qui concourt à faire "changer notre image de négociateur".

Autre gain, et non des moindres, la RSE permet aussi de fédérer les équipes. "Parce que l'escroquerie, ce serait d'affirmer que la fonction achat peut agir seule. La RSE est le fruit d'une collaboration exemplaire entre les directions", a martelé Alhlem Hamdi, sous directrice des achats de la RMN Grandpalais. Musées nationaux qui, sous l'impulsion de l'Etat, multiplient les actions RSE. L'acheteur a ainsi l'opportunité d'accompagner une transformation vertueuse pour l'entreprise et valorisante pour lui, en interne comme en externe. Il prend alors un autre visage. Et Dieu sait s'il a besoin de reconnaissance.




 
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