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L'innovation est un booster

Une culture de responsabilité des managers publics qui intègre une prise raisonnable de risques parmi les acheteurs de l'État ainsi que la co-construction de solutions peut favoriser l'obtention d'une performance globale achats élevée et durable, optimisant la combinatoire de résultats sur six axes.

Les six axes retenus sont :

1- Les économies monétaires (baisse de la dépense publique)

2- L'efficacité sociale des mesures incluses dans ces marchés (réinsertion de publics en marge de l'emploi, politique handicap ...)

3- La frugalité écologique des marchés passés (bilan carbone, recyclage, coût total de possession, cycle de vie, orientation vers la transition écologique)

4- La part significative de commande publique adressée à des PME

5- La capacité des entités publiques à mettre en oeuvre ces marchés en adaptant leur organisation

6- La compréhension par l'opinion publique des vertus d'une politique sobre d'achat de l'État

Schématiquement, deux scenarii illustrent l'interaction de ces paramètres. Le premier décrit une gestion sans appel à l'innovation et sans co-construction favorisant l'adhésion. Le second imagine le même périmètre de problèmes résolu avec agilité, innovation et processus de réorganisation. Ce tableau est une construction personnelle empirique, mais reflète un constat que beaucoup d'acheteurs font en regardant les achats dans leur structure.


Il faut en conclure que la seconde politique optimise la performance globale de l'achat, en tablant sur l'innovation.

Le raisonnement peut sembler théorique mais on peut l'illustrer. L'innovation en achat est d'abord l'ouverture d'esprit et la capacité de travail collaboratif ; c'est aussi l'agencement de solutions connues dans une combinaison jamais mise en oeuvre qui en améliore le résultat global ; ce sont évidemment aussi les techniques nouvelles et notamment tout ce qui est concerné par la révolution numérique et l'intelligence artificielle.

Premier exemple. Une grande ville doit entretenir 3 000 km linéaires d'adduction d'eau en canalisations enterrées. Le plus souvent la maintenance consiste à faire travailler des personnels exposés (travail en tunnel) sur le degré de corrosion du réseau et à intervenir en voirie d'agglomération jusqu'à l'origine des fuites. Exposition aux risques professionnels, gêne engendrée par les travaux publics, précision relative des interventions, difficultés de planifier tous les chantiers à l'avance. Cette activité cumule risques techniques, humains et financier.

Le défi achat innovant consiste à robotiser un intervenant autonome équipé de nouvelles technologies pour diagnostiquer le degré de corrosion des canalisations et donc en programmer la maintenance à partir d'une équipe qui le pilotera depuis la surface. Si ce défi aboutit, de l'argent sera économisé, les travaux de voirie seront plus ciblés et les personnels seront moins exposés à des risques professionnels.

Deuxième exemple. Les universités médicales doivent former des médecins dont la formation pratique aux nouvelles techniques constitue un enjeu professionnel et financier formidable. L'entraînement sur des mannequins imitant les conditions réelles et programmés informatiquement pour réagir est une piste prometteuse. L'achat en preuve de concept de prototypes a un sens et nécessite de travailler en équipe pluridisciplinaire, en partenariat avec des sociétés innovantes, dans un objectif de coût de l'achat maîtrisé. C'est un défi à relever.

Troisième exemple, grâce à une innovation dans le textile, les services d'incendie et de secours peuvent désormais installer des bâches de protection plus durables et plus résistantes sur des bâtiments endommagés par un sinistre. Certes elles sont plus chères. Mais le coût total du sinistre est minoré en limitant les coûts bien plus importants qui seraient entraînés par la dégradation des bâtiments soumis aux intempéries durant leur période de vulnérabilité. Cet exemple met en lumière une difficulté de l'achat innovant : les économies générées ne sont pas forcément dans le budget de celui qui a acheté.

Enfin, l'enjeu managérial est important. Il faut faire confiance, laisser prendre des risques raisonnables et assumer en cas d'échec partiel car l'innovation ne donne pas 100% de réussite. Qu'on aime ou qu'on le regrette c'est la voie pour faire des achats dans les multiples dimensions que les politiques publiques nous demandent d'assumer.

Il n'y aura pas de ralentissement durable des dépenses en achats sans transformation des organisations, sans coopération entre elles et réciproquement la transformation des organisations nécessite l'aiguillon d'économies quantifiées à réaliser. L'ouverture d'esprit, la transparence et l'innovation seront des outils majeurs pour atteindre les buts d'une telle feuille de route.

Lire la suite en page 3 : L'opinion publique est un observateur attentif

 
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Antoine Coulondre, DAE et Jean Bouverot, ministère de l'Intérieur

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