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Témoignages

"Notre cellule de crise achats approvisionnement se réunissait tous les jours" - Jeanne de Poulpiquet, directrice des achats, des approvisionnements et des services logistiques de l'AP-HM (Assistance publique - Hôpitaux de Marseille)

Face à de grosses difficultés d'approvisionnement en équipements de protection individuelle (EPI), nous nous sommes organisés en mode gestion de crise fin février début mars 2020. En étroite collaboration avec le Clin (Comité de lutte contre les infections nosocomiales) et les services, nous avons centralisé la gestion des masques, des blouses, des charlottes et des surchaussures. Ce qui nous a permis de maîtriser les flux d'approvisionnement et la distribution. Pour faire face à la crise sanitaire, nous avons dédié quatre acheteurs à ces produits et loué un deuxième entrepôt pour les stocker. Notre cellule de crise achats approvisionnements se réunissait tous les jours à 13 h pour faire le point. Très vite, nous nous sommes tournés vers des achats à l'international.

La chambre de commerce et la préfecture de région nous ont accompagnés dans la mise en place de procédures d'achats avec des intermédiaires. Auprès de fournisseurs de divers pays, dont la Chine et le Maroc, ces intermédiaires ont acheté avec nous des produits qui sont arrivés à l'aéroport Marseille Provence. Pendant trois mois, notre organisation de travail a été chamboulée, avec la nécessité de travailler le samedi, le dimanche et la nuit. Pour certains achats, nous avons parfois autorisé des avances de 100 % du montant du marché, sans connaître de déconvenues. La chambre de commerce nous a également mis en relation avec des entrepreneurs locaux, notamment pour développer et fabriquer des blouses, des visières et des lunettes. L'AP-HM a acheté des textiles validés par le Clin et les a remis à des entrepreneurs pour la fabrication de blouses. Des salariés de l'AP-HM ont des couturières dans leur famille : ce sont elles qui ont fait le patron !


"La sécurisation des approvisionnements doit se faire à l'échelle européenne" - Dominique Legouge, directeur général du groupement d'intérêt public Resah (Réseau des acheteurs hospitaliers).

Comment mieux sécuriser les approvisionnements ?

Dans les secteurs sensibles, nous allons demander aux fournisseurs de constituer des stocks de sécurité sur le territoire national et d'avoir des lieux de production en Europe. Cela nous permettra, en cas de crise, d'être certains des approvisionnements. C'est la notion d'achat souverain, à l'échelle européenne. Il nous faut sélectionner les sujets dont l'enjeu justifie des prix plus élevés et faire des économies sur d'autres sujets, supprimant le gaspillage.

À quel niveau faut-il réguler la sécurisation des approvisionnements ?

Des travaux à l'échelle européenne seront sans doute nécessaires pour répartir harmonieusement cet achat souverain entre nations. Le risque est, en effet, que chaque pays produise de son côté, par exemple des gants, ou qu'un État réquisitionne une usine sur son territoire. La régulation de la sécurisation des approvisionnements doit se faire à l'échelle européenne, comme nous avons commencé à le faire avec les vaccins contre la Covid-19. Dans notre cadre juridique européen, il faudrait créer une sorte de consortium de centrales d'achat travaillant ensemble sur ces sujets de sécurisation. Cela participerait au renforcement de l'Europe de la santé.

 
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Luc Perin

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