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Le boom des formations aux achats durables

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Le développement durable étant devenu une priorité dans la plupart des entreprises, les acheteurs ont besoin de se former. L'offre est donc actuellement en plein essor.

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@ PHOTOMONTAGE: S.SOURY / BEBOY / FOTOLIA

Les formations sur les achats durables ont le vent en poupe. Les organismes de formation peuvent en témoigner. Demos vient ainsi d'organiser pour un laboratoire pharmaceutique un stage consacré à cette thématique. Objectif: sensibiliser les acheteurs de l'entreprise aux achats durables. Il y a encore quelques mois, ce genre de formation intra était rarissime. Et pourtant, l'off re existe depuis un certain temps. Les premiers stages sur ce thème sont apparus, il y a environ trois ans dans les catalogues des organismes de formation. Mais, dans un premier temps, ils n'ont pas rencontré le succès escompté. En 2007, Demos n'a pu organiser qu'une seule session sur les quatre prévues tout au long de l'année, faute de participants. En 2008, la donne semble avoir changé. Le premier stage a affiché complet et, selon l'organisme de formation, les trois autres sont en bonne voie pour réaliser des scores identiques.

En fait, cet engouement n'a rien de surprenant. Le développement durable est devenu une priorité des directions achats. En effet, selon une étude réalisée l'année dernière par HEC, EcoVadis et Ariba auprès de quatre- vingt-cinq grandes entreprises européennes, le déploiement d'une politique d'achats responsables est devenu le troisième objectif stratégique des directions achats, derrière la réduction des coûts directs et celle des coûts indirects. En 2003, les achats durables n'occupaient que la septième position dans une étude similaire.

Ainsi, pour parvenir à cet objectif, les acheteurs ont besoin de se former. «La formation est une étape indispensable qui permet d'accélérer la démarche en motivant les acheteurs, estime Zeev Flath, directeur associé du cabinet de conseil 2C Management et formateur en achats durables. D'ailleurs, on peut constater que les lieux d'intervention, le nombre et la durée des stages ont nettement augmenté ces derniers mois.» Pour Emilio Cominotti, consultant et formateur indépendant, spécialisé dans les achats, il n'y a pas forcément besoin de motiver les acheteurs: «La curiosité des acheteurs augmente, ils veulent en savoir davantage sur le concept de développement durable, qui reste encore un peu flou pour eux. Convaincus de son utilité, ils se demandent comment ils peuvent l'intégrer dans leur entreprise.»

Les acheteurs dans le secteur public contribuent également à cette tendance de fond. D'autant que le code des marchés publics leur impose de prendre en compte le critère du développement durable dans leurs appels d'offres, ce qui n'est pas une obligation en revanche dans les entreprises. «Dans le domaine du développement durable, les acheteurs publics sont incités à donner l'exemple. Et comme ils ont moins de pression pour réduire les coûts, ils peuvent davantage s'intéresser à cette problématique», explique Sandrine Grumberg, formatrice achats durables chez Demos.

Un passage obligé

Le contenu des formations sur les achats durables est très large. Les stages proposés sur le développement durable peuvent aussi bien porter sur le b.a.-ba que sur le moment de son intégration concrète dans les politiques achats des entreprises ou des collectivités. La durée des stages varie entre un et trois jours selon les organismes. Par exemple, Zeev Flath (2C Management) propose une formule en deux temps. «J'anime d'abord deux premiers jours de stage, explique-t-il. Ensuite, les stagiaires repartent avec une ou deux actions à mener dans leur entreprise et reviennent quatre ou six semaines plus tard, pendant une journée, pour présenter leurs avancées. A l'issue de cette journée, ils ressortent avec un véritable plan d'actions achats responsables.»

L'historique et les piliers du développement durable sont un passage obligé au début des stages. Sans entrer dans le détail, les formateurs donnent également une information sur les principales réglementations internationales, européennes et françaises. Les stagiaires se familiarisent avec les nombreux sigles du secteur, les éco-labels et l'étiquetage environnemental. Pour se repérer dans la jungle du développement durable, les formations reviennent fréquemment sur les démarches de certification volontaire, telles que l'ISO 14001, norme portant sur le système de management environnemental.

Après cette première partie souvent théorique, la plupart des formateurs s'emploie à donner des méthodes pour définir, mettre en oeuvre et mesurer une politique achats durables. «Nous apprenons aux stagiaires à vendre le développement durable dans leur entreprise et à démontrer qu'il n'est pas systématiquement plus cher, rapporte Emilio Cominotti. Cela nécessite d'avoir une conviction forte et de savoir la traduire en arguments commerciaux pour l'entreprise.» Les formateurs cherchent avant tout à aider les acheteurs et à identifier les principaux critères environnementaux, sociaux et éthiques. Le programme du stage «Achats et développement durable» de l'organisme de formation CKS distingue, par exemple, la responsabilité sociale de l'entreprise, l'éthique dans le processus de sélection fournisseurs, les problématiques du recyclage des produits en fin de vie, des emballages et des substances chimiques non conformes.

Comme souvent, la présentation des meilleures pratiques de certaines entreprises est utilisée. Ainsi, Emilio Cominotti s'appuie sur la charte interne achats durables de Veolia. Pour ce dernier, la mise en place d'une politique d'achats durables n'est pas si compliquée que cela. «Pour mettre en pratique le développement durable, il suffi t souvent de transformer les outils achats existants, explique-t-il. On peut par exemple modifier son ERP en ajoutant au calcul des coûts celui de la production de CO2 Les stagiaires sont également sensibilisés à différentes techniques très concrètes: éco-conception, insertion de critères environnementaux et sociaux dans les cahiers des charges, grilles de qualification fournisseurs, clause contractuelle, indicateurs achats responsables, audit fournisseurs, etc.

Sandrine Grumberg, Demos

«Le développement durable est une façon de réconcilier l'acheteur que l'on est en entreprise et la personne que l'on est à l'extérieur. »

Des formations concrètes qui concernent également les étudiants

Les formateurs ont aussi la conviction que la prise en compte du développement durable est liée à la personnalité de l'acheteur. «Le développement durable est une façon de réconcilier l'acheteur que l'on est en entreprise et la personne que l'on est à l'extérieur», avance Sandrine Grumberg (Demos). Pour Emilo Cominotti, l'acheteur ne doit pas se cacher derrière ses objectifs. «Il doit avoir conscience de l'impact de ses choix», souligne-t-il.

D'autre part, la formation aux achats durables ne concerne pas que les acheteurs en poste, mais également les étudiants dans les écoles achats où le développement durable est devenu aujourd'hui un module à part entière. D'ailleurs, selon les directeurs de ces écoles, les étudiants sont très demandeurs. «Il m'arrive parfois de les freiner dans leur ardeur, avoue Zeev Flath (2C Management) qui intervient notamment à l'Essec. Je leur explique comment concilier économie et développement durable dans les achats.» Ainsi, depuis 1995, le développement durable fait également partie intégrante des programmes du master achats de l'Essec, avec notamment un séminaire portant sur les pratiques achats développement durable. En 2008-2009, chaque étudiant traitera un cas et le présentera devant un jury de directeurs achats et d'enseignants.

Une attente réelle pour laquelle les écoles se sont adaptées. «Nous proposons à nos étudiants des cours sur cette thématique, mais également des conférences et des missions en entreprise», décrit Arnaud Salomon, directeur du MBA Ingénierie et Management des Achats, à l'Institut Léonard de Vinci (Paris-La Défense). Ce master propose ainsi dix-neuf heures de cours sur le sujet, un véritable module d'introduction aux achats responsables. Les interventions de plusieurs prestataires ou d'éditeurs spécialisés sont également programmées. «Dans l'univers du développement durable, les jeunes sont très sensibles à la notion de solidarité», indique Arnaud Salomon (Institut Léonard de Vinci). Une problématique qui fait partie du quotidien de plus en plus d'acheteurs.

zoom

Quelques stages de formation aux achats durables
- «Achats et développement durable», CKS, 1 jour, 690 euros HT.
- «Adapter sa pratique achats aux exigences du développement durable», Demos, 2 jours, 1 200 euros HT.
- «Achats et développement durable», CDAF-Formation, 2 jours, 1 190 euros HT.
- «Intégration du développement durable dans les achats», Essec Management Education, 3 jours, 2 000 euros HT.

Jean-Christophe Gentil, directeur de l'unité de gestion Ile-de-France Sud, Socomie

Jean-Christophe Gentil, directeur de l'unité de gestion Ile-de-France Sud, Socomie

Témoignage

«Je souhaitais me sensibiliser au concept de développement durable»
Le traitement des déchets sur les chantiers immobiliers est désormais un critère environnemental systématiquement intégré dans les cahiers des charges de Socomie. Pourtant, c'est avec modestie que Jean-Christophe Gentil aborde ce sujet. «Le concept de développement durable est pour nous quelque chose de nouveau, ex- plique-t-il. Nous voulions mieux le comprendre et être sensibilisé à ses thèmes.» Dans cet esprit, le directeur a suivi la formation «Intégration du développement durable dans les achats» organisée par Essec Management Education, en mai dernier. «J'ai pris conscience que le développement durable concernait aussi le social, témoigne-t-il. Dans ce domaine, nous vérifions par exemple que l'ensemble des entreprises intervenant sur notre patrimoine déclarent bien leur personnel.» Pour Jean-Christophe Gentil, la mise en place d'une politique de développement durable est très ambitieuse. «Elle conduit à traiter ces questions en partenariat avec l'ensemble des fournisseurs», indique-t-il. Une perspective ouverte par cette formation qui a confirmé les avancées concrètes de Socomie. Ses trois grands parcs d'affaires d'Orly-Rungis, de Roissy Paris Nord 2 et de Ville- bon (Essonne) sont certifiés ISO 14001 pour leur système de management environnemental. Tous ses projets immobiliers sont labellisés HQE (Haute qualité environnementale) et une commission énergie a été créée au sein de l'entreprise.


Socomie
ACTIVITE
Immobilier d'entreprise
CHIFFRE D'AFFAIRES 2007
13,5 millions d'euros
EFFECTIF TOTAL
85 collaborateurs
EFFECTIF ACHATS
2 personnes

José Alvarez, acheteur, Predica

José Alvarez, acheteur, Predica

Témoignage

«La formation nous a confortés dans notre démarche d'achats durables»
C'est de sa propre initiative que José Alvarez a suivi une formation de deux jours aux achats durables, en juin dernier, chez Demos. «Le Groupe Crédit Agricole nous a demandé d'intégrer le développement durable dans nos achats, particulièrement lors des appels d'offres, explique l'acheteur de Predica, filiale du Groupe Crédit Agricole. En m'inscrivant à ce stage, je voulais comprendre ce que recouvrait la notion de développement durable, savoir quels critères insérer dans les cahiers des charges et connaître les pratiques des autres entreprises.» De cette manière, les divers sujets traités ont été l'occasion d'échanges entre professionnels.
Au final, la formation suivie par José Alvarez a répondu à ses attentes, en présentant des solutions concrètes et adaptées. «C'est comme une formation achats traditionnelle, mais avec une méthodologie permettant de prendre en compte des critères de développement durable, rapporte José Alvarez. Par exemple, nous avons abordé la notion de coût complet d'un produit mais en ajoutant au prix d'achat le transport, les emballages et la récupération.» Le stage a ainsi conforté l'acheteur dans son travail au quotidien. «Nous poursuivons l'intégration de ces critères dans nos cahiers des charges et nous collectons un maximum d'informations sur les certifications de nos fournisseurs», détaille ce dernier. Un résultat parmi d'autres: tous les imprimeurs de Predica sont aujourd'hui labellisés Imprim'Vert. «A son niveau, chacun peut apporter sa pierre à l'édifice du développement durable», conclut José Alvarez avec conviction.


Predica
ACTIVITE
Assurances de personnes
CHIFFRE D'AFFAIRES 2007
19,1 milliards d'euros
EFFECTIF
715 collaborateurs
VOLUME D'ACHATS
120 millions d'euros
EFFECTIF ACHATS
3 personnes

 
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Luc PERIN

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