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Achats responsables: mieux vaut adopter une vision d'ensemble

Publié par Fabien Humbert le | Mis à jour le
Achats responsables: mieux vaut adopter une vision d'ensemble
© Ivelin Radkov - Fotolia

"Il est possible de prendre en compte le prix, tout en se souciant de l'impact environnemental, sociétal et social de ses achats". Il faut juste changer d'approche. Au lieu de se concentrer uniquement sur les coûts, il s'agit d'adopter une vision d'ensemble"...

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Les achats responsables, c'est bien beau, mais les acheteurs sont souvent dans l'obligation de faire baisser les coûts... ce qui n'est pas toujours compatible avec les achats durables. Tel est la constat dressé par les acheteurs présents lors d'une table ronde sur les achats responsables organisée le 19 novembre par MHALV. La question était donc : les achats responsables ne sont-ils que pour les entreprises qui en ont les moyens ? Les intervenants, Hortense Josserand, consultante achats responsables et Devoir de vigilance chez BuyYourWay, en tête, se sont voulus rassurants : "il est possible de prendre en compte le prix tout en se souciant de l'impact environnemental, sociétal et social de ses achats". Il faut juste changer d'approche. Au lieu de se concentrer uniquement sur les coûts, il s'agit d'adopter une vision d'ensemble.

A commencer par nouer une relation gagnant-gagnant avec ses fournisseurs. Faire jouer la concurrence, demander à ses fournisseurs de faire un effort, c'est bien. Mais il convient aussi de réfléchir à l'impact de ces actions sur les-dits fournisseurs. Existe-t-il un danger pour eux, et, par effet de capillarité, pour l'entreprise qui emploie l'acheteur ? Si leurs fournisseurs stratégiques disparaissent car trop pressurés, les donneurs d'ordres seront en difficulté. Autre avantage d'une relation équilibrée avec ses fournisseurs : ces derniers vous feront remonter leurs innovations au lieu d'aller les proposer à la concurrence, ce qui vous permettra de conserver une longueur d'avance. "Il est aussi essentiel de payer les fournisseurs en temps et en heure, a souligné Nathalie Bornard, responsable relations fournisseurs & Label pôle animation de la filière chez BPCE, car les entreprises sont la première cause des fermetures d'entreprises, c'est aussi cela l'achat responsable." Enfin, on peut choisir des partenaires locaux, favoriser la participation des TPE, des PME, des entreprises adaptées (EA) grâce à l'allotissement. Du moment que la prestation est de qualité et les coûts maîtrisés.

Sanction médiatique ou sanction judiciaire ?

Puis, l'auditoire, de s'arrêter sur la question des sous-traitants et du devoir de vigilance. Avoir une politique d'achats responsables, c'est bien sûr vérifier que ses sous-traitants de rang 1 respectent l'environnement et les normes internationales du travail (ONU, OIT...). Mais aussi que les sous-traitants des sous-traitants, notamment à l'international, restent dans les clous. Il ne s'agit pas forcément d'imposer, mais de convaincre. D'ailleurs des employés qui ont des conditions de travail décentes et sont bien payés, travaillent mieux, ce qui sera tout bénéfice pour la société donneuse d'ordre en bout de chaîne.

Se pose alors la question du degré de contrainte qui s'applique aux acheteurs pour pratiquer des achats responsables. "Désormais, être en contradiction avec la loi 2017-399 concernant le plan de vigilance ou l'ordonnance de juillet 2017 sur la déclaration de performance extra financière peut mener une entreprise devant le juge", a souligné Andréa Rigal-Casta?, avocat et Co-fondateur du cabinet Géo Avocats, spécialisé en droit de l'environnement en conseil et en contentieux. A première vue, ces deux mesures ne s'appliquent qu'à un petit nombre d'entreprises. Sauf que n'importe qui ou presque peut saisir le juge s'il estime que l'entreprise ou ses fournisseurs, ou ses sous-traitants, tardent à mettre en place un plan de vigilance par exemple, ou ne le suivent pas à la lettre. Et les ONG, comme les Amis de la terre par exemple, ne s'en privent pas. "Ces derniers, et 5 autres ONG, ont par exemple attaqué Total devant le juge des référés en octobre 2019 pour manquement présumé à la loi sur le devoir de vigilance en Ouganda, a commenté Andréa Rigal-Casta?, cette décision sera tellement structurante que ce juge, d'habitude prompt à rendre ses décisions, l'a repoussée à janvier 2020 ! " Cependant, ce n'est pas vraiment la peur du gendarme (la DGCCRF en l'occurrence), qui semble véritablement tenailler les donneurs d'ordre, mais bien celle de voir leurs manquements étalés sur place publique et médiatique. Le tribunal médiatique reste pour l'instant plus dissuasif que la justice.

 
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