RSE : la double matérialité est préservée et c'est une bonne nouvelle
Après des semaines d'attente, la feuille de route de la Commission européenne annoncée le 26 février dernier décale les obligations de reporting CSRD pour 80 % des acteurs concernés, mais maintient le principe central de la double matérialité, l'un des fers de lance de l'Union.

Le suspense a duré ! Cela faisait plusieurs semaines que les acteurs européens attendaient de connaître la feuille de route de l'Union, dans un climat mondial de détricotage des accords portant sur le climat ou la diversité.
Le récent maintien de la double matérialité par la loi Omnibus confirme l'approche globale adoptée par l'Europe. Inscrite dans la CSRD, elle oblige les entreprises à évaluer à la fois l'impact des enjeux environnementaux et sociaux sur leur activité et celui de leur activité sur le monde.
Pour les directeurs de la RSE, comme pour les directeurs des Achats, directement concernées par cette approche, c'est le moment d'affirmer leurs convictions. Il ne s'agit pas seulement de convictions d'ailleurs, 2024 a été l'année la plus chaude jamais enregistrée.
Pour Maëlle Machat, qui pilote la RSE pour la France, le Maroc, le Sénégal, la Côte d'Ivoire et Madagascar chez Foundever, l'un des leaders mondiaux de la relation client externalisée, le bien-fondé de la RSE ne fait plus débat. « Je vois bien que le sujet est désormais porté par nos clients eux-mêmes. Nous faisons partie de leur Scope 3 (le calcul des émissions de gaz à effet de serre (GES) indirectes) : quand nous décarbonons, leurs émissions reculent aussi. Dans nos appels d'offres, la RSE pèse désormais jusqu'à 20 % du lot."
Les bénéfices de la CSRD restent difficiles à chiffrer, mais ceux de la RSE sont déjà prouvés. Baisse des factures d'énergie, attractivité de la marque-employeur, désirabilité de la marque... Et performance, tout simplement ! Une enquête conduite par France Stratégie dès 2016 a souligné que « l'écart de performance entre les entreprises qui introduisent des pratiques RSE et celles qui ne le font pas est en moyenne de 13 %. ».
Le terrain avant tout
Maëlle Machat souligne aussi que la RSE est un "sport collectif", où chacun puise de l'inspiration dans les retours d'expérience de ses partenaires. « La RSE, il faut que ce soit concret, reprend-elle. La théorie n'a que peu de valeur pour embarquer les équipes. »
Elle-même se méfie des utopies, des objectifs hors de portée, qui "desservent la cause" et qui peuvent finalement se révéler contre-productifs. Elle a préféré se focaliser sur trois piliers concrets : le bien-être des collaborateurs, la décarbonation et l'engagement des équipes.
Quelques exemples : le bien-être des collaborateurs passe notamment par la diversité des profils. « Être conseiller, ça ne s'apprend pas à l'école. Nous recrutons donc des personnalités, plutôt que des diplômés, y compris des profils éloignés de l'emploi. »
En termes d'énergie, il faut proposer des réponses adaptées à chaque territoire. « Par exemple, au Maroc nous avons développé pour nos salariés une offre de transport par bus. Cette mesure permet à ceux d'entre eux qui ne disposent pas de moyen de transport de rejoindre nos sites plus facilement, et cela permet pour ceux qui venaient en voiture particulière de mutualiser les déplacements domicile travail et de diminuer l'emprunte carbone correspondante ».
Quant à l'engagement des équipes, il s'agit de traduire à la maille de chaque métier la politique RSE du groupe. « Si vous êtes au marketing, que faites-vous pour réduire le poids du stockage de vos fichiers électroniques ? Si vous êtes aux RH, avez-vous réfléchi à la valeur de vos profils seniors ? La RSE, ça ne doit pas venir d'en haut, chacun est invité à s'en emparer. »
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