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Les Entreprises de Services du Numérique s'organisent pour répondre aux clauses sociales

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Les Entreprises de Services du Numérique s'organisent pour répondre aux clauses sociales

Les ESN (Entreprises des services du numérique) doivent répondre de plus en plus à des clauses sociales dans les consultations publiques et privées. Comment font-elles pour s'adapter? Eléments de réponses.

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Les ESN (entreprises des services du numérique) doivent répondre de plus en plus à des clauses sociales dans les consultations publiques et privées. Ces clauses sont un certain nombre d'heures ou de prestations imposées, dans le cadre d'un marché, pour permettre à des personnes éloignées de l'emploi, salariées d'un ESAT ou d'EA, d'exercer une activité. Alors, comment s'organisent-elles pour répondre aux clauses sociales ? Eléments de réponses.

S'adapter aux contraintes

"Jusqu'à maintenant, les SSII/ESN confiaient plutôt au secteur du travail protégé et adapté des tâches d'ordre administratif ou de démantèlement de matériels informatiques", relève Jean-Louis Carvès, responsable diversité chez IBM France. Mais, constate-t-il, "Les échanges entre pairs et avec des professionnels du secteur leur ont permis de voir plus loin. Le plus long a été de comprendre comment on pouvait travailler ensemble sur des prestations intellectuelles en sous-traitance puis en cotraitance." Le responsable diversité d'IBM explique informer systématiquement les services achats ainsi que les services commerciaux de l'entreprise des initiatives RSE et insertion développées. "Le comité exécutif fait aussi partie de nos sponsors. C'est un enjeu de développement des affaires comme un enjeu de développement sociétal", ajoute-t-il.

Pour les entreprises faisant appel au secteur de l'insertion et particulièrement aux EA, "le but final serait de recruter voire de faire embaucher ces ressources par nos clients", précise Jean-Louis Carvès. "Nous y travaillons de façon volontariste avec certaines EA mais c'est quelquefois un peu délicat compte tenu de nos niveaux de technicité requis", avoue-t-il.

Convaincre en interne

Pour convaincre en interne, Jean-Louis Carvès mise sur plusieurs axes: "Présenter les réalisations réussies, comme des prestations réalisées en incluant des EA, des embauches effectuées via des entreprises adaptées". Les innovations proposées par le réseau national du secteur adapté et protégé, le STPA, "permettent de lever certaines hésitations qui peuvent émerger en interne". Cette année, IBM France a atteint les 6% de taux d'emploi de travailleurs en situation de handicap, avec une part non négligeable due à l'emploi indirect et Jean-Louis Carvès s'en félicite.

Lire la suite en page 2 : Afin de développer le recrutement et le maintien dans l'emploi des personnes en situation de handicap et de partager les bonnes pratiques...


Le Collectif Handi numérique

Afin de "développer le recrutement et le maintien dans l'emploi des personnes en situation de handicap et de partager les bonnes pratiques", Juliette Arnould, responsable handicap, diversité et référente insertion sociale d'Atos France, explique qu'un groupe d'ESN réuni par Syntec numérique travaille, de manière mutualisée, depuis quelques années sur leurs politiques handicap. Et, précise-t-elle, "Atos travaille en collaboration avec des écoles cibles, Polytech Marseille, ENI de Nantes, l'EPSI, etc. pour faciliter l'accès des étudiants handicapés à la formation aux métiers de l'informatique et les accueillir dans nos bassins d'emploi." Mais, "Etant donné le niveau bac+5 le plus souvent requis, les ressources restent rares et leur identification complexe", raconte Juliette Arnould. "Malgré tout, les réponses apportées donnent souvent lieu à de formidables intégrations. Un informaticien qui s'était arrêté de travailler pour élever son enfant handicapé n'était pas tout à fait éligible à la clause. Nous sommes allés rencontrer la Maison de l'Emploi de Paris qui nous a autorisé à le former, le recruter. C'est pour nous tous une belle réussite ! "

Selon les associés-fondateurs de l'entreprise adaptée ATIMIC, Valérie Jouet et Pascal Huart, la cotraitance solidaire permet au secteur du numérique de développer des partenariats solides avec le secteur adapté. C'est une question de confiance de part et d'autre et chacun apprend à travailler avec l'autre. "On assiste à une forte évolution de la demande de cotraitance des clients, costatent-ils. "Certaines ESN préfèrent rester plus discrètes que d'autres sur ces pratiques. Mais ce sont bien les donneurs d'ordre qui permettent au secteur adapté de monter en compétences en imposant à leurs fournisseurs de cotraiter avec nous".

Pierre Deleforge, cofondateur de Rezosocial, prestataire informatique entreprise d'insertion insiste : "les ESN ont tenté de répondre aux clauses sociales par le biais de l'emploi direct. Elles se sont bien rendu compte qu'elles avaient tout intérêt à s'appuyer sur des professionnels de l'insertion comme nous. Cette nouvelle donne leur permet d'avoir une vision plus élargie et donne davantage de sens à leurs actions. Les entreprises de services Numériques qui font l'expérience de collaborer avec nous passent d'une contrainte administrative à un véritable projet managérial et de société inclusive. C'est un système qu'on peut qualifier de gagnant / gagnant / gagnant (l'ESN / l'Entreprise d'insertion / le salarié en insertion )".

Ils en parlent:

"Nos services ont bien compris que les clauses sociales et les partenariats avec le STPA (Secteur du Travail Protégé et Adapté) devenaient un réel enjeu de compétitivité. Si nous ne saisissons pas cette réalité, véritable opportunité pour tous, d'autres le feront à notre place" - Jean-Louis Carvès, responsable diversité chez IBM France.

"Chaque entreprise a sa propre façon de répondre à une clause sociale en fonction de son organisation. Mais pour Atos, c'est toujours un défi renouvelé dans lequel nous impliquons les consultants recrutements et travaillons avec les facilitateurs pour optimiser la bonne exécution de la clause d'insertion. Pour les marchés publics, la clause concerne tout public éloignés de l'emploi. Pour les marchés privés, c'est surtout une réponse à la loi handicap qui est sollicitée." - Juliette Arnould, responsable handicap, diversité et référente insertion sociale d'ATOS France

"Même quand nous travaillons en tant que sous-traitant, notre client informe son propre client que nous sommes son soutraitant. C'est une façon de mettre en lumière son engagement social qu'il va souhaiter valoriser vis à vis de son client même si son client ne bénéficiera pas de l'économie de contribution qu'aurait pu représenter une action en cotraitance" - Pascal Uhart et Valérie Jouët, associés-fondateurs de l'entreprise adaptée Atimic.

"Bien souvent ces ESN arrivent chez nous un peu contraintes et forcées. On sent bien qu'elles souhaitent privilégier le contenu de leur rapport RSE et remporter des marchés. Au fil du temps, leurs projets, leur gestion humaine s'en trouve modifiée. Avant de travailler avec des personnes en insertion, elles avaient tendance à mettre sur le haut de la pile, les cv des bacs + 5. Elles revoient totalement leurs process de recrutement en travaillant avec des personnes en insertion ce qui change leur regard" - Pierre Deleforge, cofondateur de RézoSocial, prestataire informatique entreprise d'insertion.

Par Dominique du Paty de Clam, présidente de Handiréseau - Handiréseau accompagne les entreprises dans la mise en oeuvre d'une politique achats ESAT, EA, SIAE. Handiréseau est cabinet conseil agréé et signataire de la Charte Relations Fournisseur Responsables de la Médiation interentreprises à Bercy.


 
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