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Quand le mobilier connecté arrive en ville

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La ville se renouvelle sans cesse et son mobilier urbain se modernise. Des écrans tactiles pour trouver les informations de quartier aux bornes de recharge de vélos ou de voitures, le mobilier urbain devient connecté, à l'image de nos vies. Panorama des dernières tendances en la matière.

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Repenser les cabines téléphoniques dans l'espace public. Tel est le défi lancé par le maire de New York et homme d'affaires Michael Bloomberg le 4 décembre dernier aux designers et ingénieurs. La raison? L'arrivée à échéance en 2014 des contrats. Des projets de cabines téléphoniques wi-fi ou dotées d'écrans tactiles pourraient voir le jour. A l'image des projets futuristes de l'espace public de New York, le mobilier urbain se réinvente et devient connecté.

Dessiner la ville du futur

La Suède a installé le wi-fi dans ses cabines téléphoniques depuis des années. De son côté, la ville de Londres s'est équipée de poubelles intelligentes avec des écrans LCD qui diffusent en temps réel les dernières nouvelles et messages d'urgence en cas d'alerte. L'Hexagone n'est pas en reste. Ainsi, la ville de Paris a lancé en 2010 un appel à projets pour du mobilier urbain intelligent. Au fanal, 40 projets ont été mis en place dans les différents arrondissements de la Ville Lumière pour une durée allant de six mois à un an. Cet appel à projets dépasse le cadre rigide de la commande publique et permet aux concepteurs et designers de ce type de mobilier de faire preuve de créativité. « Une façon pour la ville de Paris de développer une vision prospective des nouveaux concepts de mobilier urbain pour la ville du futur, explique Jean-Louis Missika, adjoint au maire chargé de l'innovation, de la recherche et des universités. C'est aussi l'occasion de réfléchir ensemble à la nouvelle façon d'offrir aux Parisiens des contenus et des services: via les écrans, les réseaux ou en lien avec le téléphone mobile, le mobilier urbain devient un point d'entrée vers des usages d'hyper proximité ou des informations de l'autre bout du monde. »

@ SOPHIE ROBICHON/MAIRIE DE PARIS

Jean-Louis Missika, ville de Paris

«Le mobilier urbain devient un point d'entrée vers des usages d'hyper proximité. »

@ ©MARC VERHILLE/MAIRIE DE PARIS

Des arrêts de bus repensés

Parmi les mobiliers urbains, l'arrêt de bus est le concept idéal à travailler en termes d'innovation. «Les nouvelles technologies ont envahi le bureau et le domicile. La ville de demain sera connectée. Car chacun souhaite avoir accès en permanence au réseau», souligne Albert Asséraf, directeur général stratégie, études et marketing chez JCDecaux. L'entreprise a ainsi installé, place de la Bastille (IVe arr.) un abribus, designé par Patrick Jouin, doté de trois écrans tactiles. Il devient alors support d'information. Ainsi, le fil d'infos de l'Agence France Presse est diffusé en continu au-dessus des temps d'attentes des bus. Parallèlement, une dizaine d'applications ont été développées avec des partenaires comme la RATP, les Pages-Jaunes ou encore des start-up innovantes pour proposer de l'information de proximité. Ainsi, l'appli «AfterMidnight Paris» permet de connaître tous les lieux ouverts à Paris la nuit, comme les bars ou les pharmacies, tandis que «Map in job» diffuse des annonces d'emploi locales. Enfin, des prises USB sont encastrées pour pouvoir recharger son smartphone et un défibrillatrice est disponible. En termes d'accessibilité, les écrans ont aussi été pensés pour les personnes en fauteuil. La question de la dépense énergétique est également présente. Ainsi, Clear Channel a conçu un abri-voyageur avec notamment des diodes d'éclairage alimentées par des cellules photovoltaïques.

Flashcodes et... hologrammes

Si le mobilier urbain devient support d'information, les citoyens s'approprient aussi l'espace urbain avec leurs smartphones. C'est le cas avec le projet Mobulles de la société Connecthings, qui utilise le système du fashcode pour s'informer. Ces QR codes ont été installés sur des boîtes aux lettres dans le IV arrondissement. Enfin, le panneau interactif nAutreville, de la designeuse Maria Laura Mendez de l'Ecole nationale supérieure de création industrielle (ENSCI), installé au Kiosque à musique du Square du Temple (IIIe arrondissement), intègre la technologie de la réalité augmentée à 360°. Translucide, il prend en compte le paysage environnant et centralise les informations de quartier (mairie, école, plan des rues, services... ).

Dans la même veine, une borne géante dotée d'écrans tactiles a été réalisée par Oxialive et installé en facede la Gare du Nord, dans le Xe arrondissement: « Une sorte de lointaine descendante de la colonne Morris», pour Jean-Louis Missika de la ville de Paris. Des projets loufoques? «Nous avons eu des projets avec des... hologrammes», annonce dans un sourire l'adjoint chargé de l'innovation, de la recherche et des universités. Au final, ces projets à l'état de simple prototype sont testés en réel par les concepteurs et soumis à l'appréciation des Parisiens. Ils ne sont pas destinés à devenir objets de commande publique de la ville de Paris.

Reste qu'à l'heure de la crise budgétaire, la question du financement reste posée. Ainsi, Chris O'Connor, directeur financier de Renew, société qui a remporté l'appel d'offres pour les poubelles de la ville de Londres pour 21 ans, témoigne: «Le coût du dispositif et la maintenance des écrans numériques sont assumés par les recettes de la publicité et du sponsoring de Renew et ne reposent pas sur l'argent du contribuable de la ville de Londres. » A ce titre, la ville ne risque-t-elle pas de devenir un gigantesque espace publicitaire? L'avenir nous le dira.

zoom - Quand les citoyens ont la parole

La participation citoyenne a la cote. Désormais, les concepteurs de mobilier urbain réfléchissent à la manière d'intégrer les avis des habitants sur leur ville, à la façon des réseaux sociaux. C'est également un nouveau moyen pour les citoyens de s'approprier l'espace urbain. Rue de Rivoli, dans le Ier arrondissement de Paris, le totem digital géant de JCDecaux informe ainsi les Parisiens de l'actualité de leur ville. Il diffuse également les tweets des internautes sur @Paris.
La société Biin, avec son mobilier baptisé girouette, cherche également à développer ce genre d'interactions avec les habitants. Ce prototype de mobilier urbain est l'oeuvre d'un jeune designer industriel, Vincent Autin. «Le premier réseau social, c'est la ville. Des quantités énormes de données circulent chaque seconde au-dessus de nos têtes. Il est important aujourd'hui de concevoir non pas de nouveaux services, mais un moyen d'accéder à ce service. L' idée est donc de matérialiser ces flux d'informations», résume le concepteur de l'igirouette. Cet objet se présente comme un panneau de signalisation recto verso équipé d'écrans leds qui collectent les flux des réseaux sociaux et des informations en interne. Chaque flèche est motorisée et indépendante. Les informations sont donc affichées à 360°. En outre, chaque flèche pivote sur son axe pour indiquer le lieu de l'événement à proximité (promotion chez un commerçant, concert dans un bar, etc.). L'igirouette peut être utilisée par des villes ou des associations de commerçants de quartiers. Elle a notamment été testée en décembre 2011 lors de la Biennale d'art contemporain à Lyon.

 
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Marie-Amélie Fenoll

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