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Prestations d'intérim: une affaire complexe

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Très encadré, l'achat de prestations d'intérim constitue souvent un dossier complexe pour les acheteurs. Ils peuvent toutefois s'aider d'un panel de leviers lors de la phase de négociations pour optimiser les coûts induits par cette famille.

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« Trouver le juste équilibre entre conditions tarifaires optimales et qualité de la prestation. » Voilà comment Jérôme Eininger, directeur des relations fournisseurs de PME Centrale, résume la difficulté de l'achat d'intérim. « A chaque fois que nous établissons un contrat-cadre, nous essayons de concilier ces deux objectif contradictoires », complète- t-il, en rappelant que pour traiter ce sujet complexe, la centrale d'achats a mis en place une commission achats dédiée, faisant intervenir des DRH. « Le code du travail exige, pour la gestion du travail temporaire, le respect de règles que les RH et les achats doivent prendre en compte », rappelle François Chauvin, directeur général de Directskills, cabinet de conseil en achat et éditeur de logiciels de gestion pour le travail temporaire. Face à un marché très réglementé, les acheteurs doivent intégrer, au cahier des charges, les contraintes RH de l'entreprise et la production - par les agences - des documents administratifs nécessaires: permis de travail, habilitations des intérimaires de certains secteurs d'activité, diplômes, certificats de formation, etc.

Rester attractif auprès des agences

« Un bon cahier des charges définit les relations entre le client et ses entreprises de travail temporaire comme les conditions d'application des coefficients, le paiement des ristournes, les r é trocessions d'al légements, la formation, le reporting etc. », souligne François Chauvin. La gageure pour l'acheteur consiste à rester attractif auprès de ces fournisseurs tout en négociant avec eux des coefficients de rémunération adaptés. Ceux-ci varient selon la qualification des intérimaires. « Plus la personne est qualifiée, plus elle coûte cher, car le temps passé pour trouver de tels profils est souvent plus long que pour des manutentionnaires », explique Alain Mlanao, managing director de Walters Intérim, agence spécialisée dans les profils qualifiés. Le véritable coût pour l'ETT ne se résume pas à la rémunération brute des agents, il inclut le paiement des primes de précarité, des indemnités compensatrices, des congés payés en fin de mission et les charges sociales. Ce qui double le coût salarial de base. « En moyenne, le montant total facturé au client est entre 1,75 fois et 3 fois supérieur au seul salaire. Dans notre agence, il est 2,5 fois plus important car nous recherchons des profils qualifiés », détaille Alain Mlanao. « En décomposant au maximum le coût total de la prestation et en quantifiant les allégements de charges sociales, l'acheteur disposera ainsi de plus d'informations pour optimiser sa négociation, rappelle François Chauvin.

Alain Mlanao, Walters Intérim

«Plus la personne est qualifiée, plus elle coûte cher.»

L'intérim «haut de gamme» a la cote

«Les contrats-cadres devraient prévoir la destination des allégements de charges sociales et tenir compte des éventuelles évolutions de la réglementation, le plus transparent étant leur rétrocession en contrepartie des coefficients de facturation éventuellement plus élevés », conseille François Chauvin. Les ETT gonflent souvent plus leur marge par les déductions de charges sociales sur les bas salaires qu'en plaçant des cadres aux rémunérations plus élevées. « Mais la situation évolue, nuance Jacques Delsaut, directeur clients groupe d'Adecco. La tendance s'oriente vers des populations plus diplômées. » Exemple probant: le lancement par Adecco de la marque Experts dédiée aux cadres. « Cette entité est opérationnelle depuis un an après être restée au stade embryonnaire pendant plusieurs années », précise- t-il, car « les jeunes diplômés voient l'intérim comme un tremplin pour décrocher un CDI. Signe que notre activité gagne ses lettres de noblesse », conclut-il.

Arnaud Girard, directeur achats groupe Spie Batignolle

Arnaud Girard, directeur achats groupe Spie Batignolle

Témoignage

Le prix n'est pas notre unique critère de sélection
Pas moins de 60 millions d'euros : c'est le montant du budget intérim que le groupe de construction Spie Batignolles doit gérer et contrôler chaque année. Un volume conséquent alloué traditionnellement à 210 entreprises de travail temporaire.
« Mais depuis le début de l'année 2011 nous avons réduit très sensiblement ce nombre en signant des contrats-cadres nationaux exclusifs avec 13 agences. Désormais, l'achat d'intérim en dehors de ce panel est proscrit », explique Arnaud Girard, directeur achats groupe Spie Batignolles. Une stratégie de concen­tration qui se veut toutefois contrôlée. « Le prix n'est pas notre unique critère de sélection. Nous recherchons avant tout la performance globale de la prestation en prenant en compte l'importance et le maillage actuel du réseau régional de l'agence, les appréciations du service par les opérationnels, etc. », détaille le directeur achats.
Arnaud Girard rappelle également que l'intérim reste une famille relativement complexe à optimiser tant que l'acheteur ne s'est pas immergé dans ses modes de fonctionnement et usages. « Il est indispensable d'analyser l'ensemble des composants intervenant dans la structure de coûts de l'intérim pour définir les leviers d'actions pertinents lors de la négociation. »
Par ailleurs, pour s'assurer de la bonne exécution de la prestation, le groupe mise sur un outil de suivi et de contrôle de gestion en ligne. « L'ensemble de ce dossier est mené en partenariat avec la DRH, rappelle le directeur achats. Plus encore, nous collaborons avec la direction de la mobilité du groupe. L'intérimaire qui coûte le moins cher, ce n'est pas celui que l'on achète, mais bien celui qui sera, en fin de compte, intégré dans nos ressources internes. »

Spie Batignolles

ACTIVITÉ
Groupe de construction
CHIFFRE D'AFFAIRES 2010
1,850 milliard d'euros
EFFECTIF
8 600 collaborateurs
VOLUME D'ACHATS 2010
1,350 milliard d'euros
EFFECTIF ACHATS
65 collaborateurs

 
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Charles Cohen

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