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Pneumatiques, les oubliés des flottes

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Les gestionnaires de parc sont conscients de l'enjeu de l'entretien des pneumatiques. Pourtant, sur le terrain, cet aspect technique reste souvent négligé. Son optimisation engendre pourtant une meilleure sécurité et des économies. Explications.

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@ PSA

Près des trois quarts des collaborateurs dans les entreprises roulent avec des pneus sous-gonflés, selon le baromètre Speedy Fleet publié en avril dernier. Pire: 65% des gestionnaires de parc se montrent incapables d'évaluer le niveau d'usure d'un pneu nécessitant son remplacement. «La méconnaissance des professionnels est encore trop souvent avérée, déplore Rodolphe Noulin, directeur de Speedy Fleet. Il leur manque les informations concrètes pour assurer un bon suivi et réduire les coûts sur cette famille d'achats.» Bonne nouvelle pour les acheteurs et responsables de flottes: l'optimisation de cette famille et les réductions de coûts qui y sont liées sont encore possibles. Et ce à un moment où les entreprises s'attachent à ne négliger aucune économie, même minime.

Toutefois, et c'est là le paradoxe, l'importance des pneumatiques semble être entrée dans les mentalités. Le baromètre 2009 de Speedy Fleet révèle ainsi que le défaut d'entretien d'un véhicule est perçu, hors implication directe du conducteur, comme le principal risque routier, devant une mauvaise météo ou un trafic trop dense. Ce risque est estimé important par 68% des gestionnaires de parc. Et parmi les défauts d'entretien, ceux liés aux pneus sont jugés aussi primordiaux que ceux liés aux freins: 86% des responsables de flottes estiment ainsi l'état de cet équipement très important. D'ailleurs, 40% des gestionnaires de parc donnent à leurs conducteurs des consignes lors de l'achat de pneus: durée de vie du produit, niveau de prix, qualités environnementales, marque, qualité, etc.

Pourtant, dans les faits, ce budget n'est pas optimisé. Dans les entreprises, plus d'un tiers des responsables de flotte affirment que des améliorations peuvent être apportées à ce poste de dépenses. Certes, 60% des sociétés qui ont signé un contrat d'entretien avec un prestataire, le plus souvent leur loueur, ont prévu d'y inclure le contrôle de pneus. Et pour cause: 98% des responsables disent reconnaître l'importance de ce contrôle. Sauf que, sur les routes, ce sont bien les conducteurs qui ont la responsabilité de ces équipements. Seuls 8% des gestionnaires de parc prennent en charge eux- mêmes la vérification. Et si 86% d'entre eux assurent changer les pneus lorsque leur état le nécessite, il apparaît que les gestionnaires ne savent pas réellement identifier l'usure de ces derniers. Ainsi, le sous-gonflage, qui reste le premier facteur susceptible de diminuer la longévité d'un pneu devant le choc et l'usure, est fréquent. Pire, 43% des responsables surestiment le niveau d'usure toléré et le situent à plus de 1,8 mm, alors que la réglementation le fixe à 1,6 mm. «L'enjeu est de taille, dans la mesure où un pneu sous-gonflé augmente considérablement les distances de freinage, la consommation de carburant, diminue la tenue de route et réduit la longévité du produit», explique Rodolphe Noulin (Speedy Fleet).

Rodolphe Noulin, Speedy Fleet

«Les gestionnaires de parc manquent encore trop souvent d'informations sur les pneumatiques.»

Le pneu hiver confondu avec le pneu neige

La méconnaissance ne se limite pas l'usure et au niveau de gonflage. Le pneu hiver est également mal connu des responsables de flottes. «Il est confondu avec le pneu neige», affirme Guillaume Carli, responsable produits chez Goodyear Dunlop. De ce fait, il est peu utilisé et ne représente qu'entre 8 et 10% du marché français, contre 55% en Allemagne. Pourtant, «dès que la température est inférieure à 7 °C, le pneu hiver devient avantageux, poursuit Guillaume Carli (Goodyear Dunlop). C'est à ce stade que se dégradent les performances des pneumatiques.» Et d'ajouter que sur le plan pratique, «il suffit de changer de train de pneus avec le changement d'heure». La différence de prix, qui s'étend entre 5 et 10% selon les marques, n'influe pas considérablement sur les budgets. L'utilisation d'un train de pneu hiver et d'un train été au lieu de deux trains d'été ne change pas la donne en termes de coûts. Seule contrainte: le stockage des pneus non-utilisés.

En outre, ces évolutions et innovations technologiques apportées par les manufacturiers pour améliorer leurs produits ne vont pas simplifier la complexité du sujet. Néanmoins, les progrès sont là et permettent d'envisager une baisse des budgets flottes dans les entreprises. L'arrivée des pneus dits citoyens, prenant en compte environnement, performances et économies, pourrait peu à peu modifier les habitudes. Proposés aux mêmes prix que les pneus traditionnels, «ces produits permettent d'abaisser la résistance au roulement de 20% et de réduire, en moyenne et sur une année, la consommation de 40 litres», assure Joséphine Roux, responsable trade marketing chez Pirelli. Mais là encore, la seule qualité du pneu ne suffit pas. Et Joséphine Roux (Pirelli) d'insister: «Le contrôle de la pression et de l'usure est indispensable durant tout le cycle de vie du produit».

Erratum - Dans notre article sur la valeur résiduelle dans les contrats de LLD (DA n°125, juin 2009), il fallait lire dans le titre du témoignage «Un second loueur pour éviter la baisse des valeurs résiduelles».

Wolseley France

Activité
Importation et transformation de bois
chiffre d'affaires 2008
2,8 milliards d'euros
Effectif
10000 collaborateurs

Témoignage
«Le suivi par l'utilisateur est primordial»

Avec 2 300 véhicules légers et près de 1 200 cannions en parc, le budget pneumatique de la flotte de Wolseley France n'est pas négligeable. «A nos yeux, c'est une problématique à part entière», confirme Hugues Hamelin, directeur transport et flotte de cette entreprise spécialisée dans l'importation et la transformation du bois. Pour gérer au mieux son parc, la société se repose en amont sur les prestations de ses loueurs. Arval, auprès de qui 70% de la flotte est louée, assure l'entretien. De même, Wolseley France a signé des partenariats avec les pneumaticiens afin d'accompagner les conducteurs. «C'est encore insuffisant, reprend le responsable. Le suivi par l'utilisateur est primordial. C'est à lui de vérifier l'usure, la pression, et ce pour des raisons de coûts comme de sécurité. Il en est responsable.» Dans les faits, des progrès restent à faire. La vérification de la pression des pneus, conseillée tous les deux mois, demeure rare. Pour favoriser les bonnes pratiques, l'entreprise a dédié un intranet pour communiquer sur les pneus. «Un important travail d'éducation doit être réalisé. En hiver, tous nos collaborateurs souhaitent des pneus hiver. Mais cet équipement ne présente un intérêt que lorsque la température tombe en dessous de 7 °C, sur routes gelées ou enneigées. Pour les conducteurs urbains, c'est un faux besoin. Nous équipons donc de préférence les voitures des collaborateurs empruntant souvent les routes de campagne dont l'entretien est moindre, explique Hugues Hamelin. Mais ce changement a un coût.»

 
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ROMAIN RIVIERE

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