Passer du basket aux achats
Un ancien directeur achats à la tête du club de basket champion de France 2006, voilà qui pourrait paraître surprenant. Ca l'est beaucoup moins quand on retrace le parcours atypique de Jean-Pierre Goisbault qui a renoué avec le club de ses débuts, le MSB (Le Mans Sarthe Basket), trente ans après avoir quitté les terrains.
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Jean-Pierre Goisbault, président du MSB
«J'ai retrouvé dans les achats l'exigence et la pugnacité que demande l'exercice du sport de haut niveau.»
Jean-Pierre Goisbault
- 1964: remporte la coupe de France de basket avec le MSB
- 1971: arrête sa carrière de joueur de basket
- 1972: devient directeur marketing et publicité des Comptoirs Modernes
- 1988: intègre la direction achats des Comptoirs Modernes, nouvellement créée
- 2003: devient président du MSB; le club remporte le championnat de France de basket en 2006
Du basket aux achats, il n'y a qu'un dribble? «Ce n'était pas vraiment un plan de carrière», sourit Jean-Pierre Goisbault, ancien joueur international et ex-directeur achats aux Comptoirs Modernes. D'un parcours débuté sur un terrain de basket, le hasard l'a conduit à exercer différents postes aux Comptoirs Modernes. Car au Mans, le basket fait bon ménage avec la grande distribution. Le MSB (Le Mans Sarthe Basket), champion de France 2006, fut longtemps le club corporatiste des Comptoirs Modernes, passés aux mains de Carrefour en 1998. «Dans les années 60, tous les joueurs du club travaillaient aux Comptoirs Modernes», se souvient, non sans tendresse, Jean- Pierre Goisbault. Qui a lui même fait ses premières armes au club à l'âge de neuf ans. Ailier puis meneur de jeu, il figure sur presque toutes les photos d'équipe des années 1960, dont celle qui remporta la Coupe de France en 1964. Trente-huit sélections en équipe nationale, deux participations au championnat d'Europe et une à la Coupe du Monde. Le palmarès est très honorable et aurait pu être plus long si Jean-Pierre Goisbault n'avait arrêté sa carrière de joueur international en 1964. «C'était le temps où le sport, même de haut niveau, ne pouvait pas nourrir son homme, explique-t-il tout simplement. J'ai décidé de prendre le large et de me consacrera ma carrière professionnelle, tout en continuant à jouer au MSB.»
Optimiser un budget serré
Une blessure au genou en 1971 l'éloigné définitivement des terrains, mais pas de son club, qu'il continue d'accompagner en tant que dirigeant. Il prend d'ailleurs sa présidence en 2003. Entre-temps, il aura gravi les échelons des Comptoirs Modernes, où il devient directeur marketing et publicité de 1972 à 1987. A la création de la direction achats en 1988, le pré sident le nomme directeur achats de produits frais. Fonction qu'il occupe une dizaine d'années, jusqu'à son départ à la retraite. «J'ai retrouvé dans les achats l'exigence et la pugnacité que demande l'exercice du sport de haut niveau», confie Jean- Pierre Goisbault. Aujourd'hui à la tête du MSB, il renoue avec les contraintes d'optimisation d'un budget serré. «Le club tourne cette année avec un budget de 5,5 millions d'euros, c'est le deuxième budget en France, après Pau, mais le plus petit budget de l'Euroligue, regrette le président du MSB. On est loin des 15 millions de dollars du Dynamo Moscou ou des 11 millions d'euros de Rome.» Un handicap que le MSB compense en tirant le meilleur parti de ses atouts: des joueurs issus du centre de formation local, une équipe réduite à neuf professionnels, un personnel administratif minimal et puis surtout... un président qui conjugue la passion du sport aux compétences du management. Les achats mènent parfois à des missions surprenantes.