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Parler en public, ça s'apprend !

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Est-on naturellement charismatique ou bien est-il possible d'améliorer ses interventions publiques ? Selon les experts, il existe bel et bien une méthode qui permet de s'adresser avec assurance à un auditoire, quel qu'il soit. Explications.

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@ FOTOLIA/MICROIMAGES

Etienne, directeur achats d'une entreprise dans l'univers de la parapharmacie, vient de prendre place devant une assemblée d'une trentaine de confrères. Il doit leur faire partager son expérience en matière d'achat de prestations intellectuelles. Ses mains sont moites, sa voix tremble et, pour couronner le tout, il a un trou de mémoire. En fait, ce sont les symptômes classiques que provoque le stress face à un auditoire. « Mais s'exprimer en public, ça s'apprend», afirme Pia Martin, responsable des stages communication et expression orale et écrite à la Cegos. A condition d'y consacrer du temps.

Ce travail s'entreprend bien avant la date prévue pour l'intervention orale. Avant même de penser à sa prise de parole, un intervenant doit rassembler tous les éléments qui lui permettront d'y voir plus clair. A ce titre, il doit se poser un certain nombre de questions. Maîtrise-t-il vraiment le sujet et, si tel n'est pas le cas, comment peut-il compléter ses informations ? Quel est le niveau de connaissance du public et son degré de motivation par rapport au thème retenu ? Quels sont les enjeux de cette intervention pour lui ? Autrement dit, que risque-t-il s'il n'est pas «bon» ? Par ailleurs, quelle image a-t-il du public et, vice versa, quelle image ce dernier a de lui ? Qu'est-ce qu'il représente pour lui ? Etc. Dernières questions à se poser : est-ce le moment de parler de ce sujet ? N'est-il pas en confit avec une autre actualité ?

Ensuite, l'intervenant doit définir son objectif, c'est-à-dire le message qu'il souhaite faire passer et que l'auditoire doit avoir retenu à la fin de sa prise de parole. «A partir du moment où Tobectif est défini, il ne faut plus le perdre de vue», insiste Pia Martin. Pour ce faire, l'intervenant doit commencer par lister l'ensemble de ses idées, dans le désordre et sans les hiérarchiser. Puis il bâtit le plan de son discours, avant de passer à la rédaction. «Il faut privilégier les phrases courtes, sous peine de perdre l'attention de l'auditoire dès les premières minutes», met en garde Pia Martin.

L'introduction, une étape-clé du discours

Attention : l'introduction est capitale. « Une bonne introduction doit répondre à trois questions : pourquoi est-ce moi qui interviens ? Pourquoi ce sujet ? Et pourquoi ai-je choisi de vous en parler ?», rappelle la représentante de la Cegos. Ensuite, l'intervenant doit annoncer clairement l'objectif de sa prise de parole, puis indiquer le plan qu'il entend développer. Cette phase est essentielle, car elle permet à l'auditoire d'avoir, dès le début, un repère. Il sait à quels moments il va mobiliser toute son attention et son écoute.

Une fois cette étape accomplie, vient le temps du développement. «Il doit être structuré en deux ou trois parties, pas plus. Au-delà, vous perdez votre auditoire», précise Pia Martin. Enfin, au moment de conclure, « une phrase de synthèse doit permettre de reprendre tous les éléments-clés à retenir», conseille l'experte.

Convaincre ou faire adhérer ?

En outre, il est pertinent d'adapter son style et son contenu à l'assistance. Les personnes présentes recherchent-elles des données factuelles ? Ont-elles besoin d'arguments et de chiffres ? Dans ce cas, l'intervenant doit se fixer comme objectif de les convaincre. Mais si le public a besoin d'être enthousiasmé, d'adhérer à un projet, mieux vaut éviter de le noyer sous les chiffres et ponctuer l'intervention d'anecdotes ou d'histoires vécues, notamment vers la fin.

Sur la forme, il faut toujours bien avoir à l'esprit qu'une intervention publique est un acte physique. Le regard, le ton, la gestuelle, la posture, le débit... Tout a son importance. « C'est pourquoi il est essentiel de s'entraîner en répétant le texte à voix haute, si possible debout, voire en marchant. Le dire et le répéter permet de gagner en naturel», assure Pia Martin. S'entraîner devant un spectateur neutre, par exemple un collaborateur, peut être utile : ses critiques permettront de peaufiner les détails. On est finalement assez proche des techniques du théâtre. L'intervenant doit s'approprier son texte pour s'en détacher complètement. Le jour J, quelques fiches avec les mots-clés de l'intervention sufisent. Attention cependant à ne pas lire son texte, sous peine d'adopter un ton monocorde et soporifique, un débit trop rapide ou trop lent, qui ne manqueront pas d'assoupir l'auditoire.

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Le corps parle aussi

- Le regard. Lorsque l'auditoire ne dépasse pas 20 personnes, l'intervenant doit poser un vrai regard sur chacun. Au-delà, il pourra davantage balayer le public des yeux sans oublier, s'il est sur scène, ceux qui se situent dans le parterre. Dans une salle aménagée en U, il faut penser à regarder les personnes placées sur les côtés.
- La posture. Elle doit être ouverte. Mieux vaut éviter les épaules basses et le «nez dans les chaussures». Toutes les positions fermées sont à proscrire : les bras croisés, les mains derrière le dos...
- Le sourire. Sincère, naturel, c'est «un cadeau» pour le public. Il est conseillé d'éviter le sourire forcé, qui se voit assurément...
- Le débit. Face à un auditoire, le débit s'accélère. Il faut parler lentement, laisser le temps au public de décoder les messages. Gérer les silences, c'est la force d'un bon orateur. Enfin, faire des phrases courtes avec une seule idée à la fois : sujet, verbe, complément. Et prendre sa respiration avant d'attaquer une nouvelle phrase.

 
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Anne-Françoise Rabaud

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