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Les flottes auto face à La flambée des prix du pétrole

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Dans un contexte où le coût du carburant ne cesse d'augmenter, limiter ce poste de dépenses devient une préoccupation majeure des entreprises. Si celles-ci optent à court terme pour une baisse de leur kilométrage, elles portent un intérêt croissant aux énergies alternatives. Par Romain Rivière

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@ FOTOLIA/REMYVALLEE

Le prix du pétrole n'en finit pas de grimper. Et les flottes automobiles de voir leurs coûts liés à la consommation de carburant s'envoler. Dès lors, les entreprises semblent de plus en plus soucieuses de limiter l'utilisation de leurs véhicules. «On observe, sur le premier trimestre 2008, une baisse de près de 3% des kilométrages effectués», assure-t-on chez le gestionnaire LeasePlan. Une tendance confirmée par Eric Trelet, directeur commercial de ALD Automotive: «Au fur et à mesure de la hausse du prix du baril, nous avons constaté que le kilométrage moyen prévu dans les contrats de location longue durée avait baissé de 5000 kilomètres.» Mais cette nécessité pour les gestionnaires de flottes de réduire les coûts d'utilisation n'est pas nouvelle. La modification en 2006 de la taxe sur les véhicules de société, l'ère du développement durable... autant de «facteurs qui ont engendré un changement d'habitudes dans les sociétés», selon Olivier Rigoni, directeur associé du cabinet Cogecar. En témoignent la généralisation de l'éco-conduite, le covoiturage ou encore de l'incitation à l'usage des transports en commun.

Un surcoût inévitable

Néanmoins, face à un prix du baril de pétrole franchissant en quelques mois la barre des 100, voire des 130 dollars, les entreprises peuvent avoir du mal à réagir. «Les flottes subissent de plein fouet la flambée du prix du pétrole. Et comme elles sont obligées de rouler, ce phénomène est pour elles inévitable», résume Olivier Rigoni (Cogecar). Et de préciser que «ce coût a augmenté de 60% en deux ans. Le carburant est devenu le deuxième poste de dépenses d'une flotte automobile. Et ce, alors même que la majorité des flottes fonctionnent au diesel.» Car en quelques mois, le prix à la pompe du gasoil a rejoint, voire dépassé, celui de l'essence.

Dans ce contexte, les énergies alternatives semblent représenter l'avenir. La clé se trouve chez les constructeurs, qui se positionnent sur ce nouveau marché des véhicules dits propres. Et moins gourmands. Tel est surtout le cas de l'électricité, mise en avant lors de la dernière édition du salon automobile Ever Monaco. «Nous sommes de plus en plus questionnés sur les véhicules fonctionnant aux énergies alternatives. Nos clients ne nous demandent plus s ils vont être construits, mais s ils vont être loués et quand», témoigne Eric Trelet (ALD Automotive) qui mène, depuis deux ans, une expérience avec la Société Générale sur les véhicules électriques en milieu urbain. «L'électricité devrait se développer», confirme Olivier Rigoni (Cogecar). Un choix privilégié pour les petites distances - compte tenu d'une autonomie encore trop limitée - même si «beaucoup de progrès ont été réalisés sur ce point», précise le consultant. Et pour cause: en plus de ne pas émettre de polluants, les kilowatts coûtent moins cher que l'essence. En outre, «si la part de puissance perdue atteint 80% dans un moteur thermique, elle est nulle pour un moteur électrique», estime Olivier Rigoni. Des arguments qui ont notamment conduit le transporteur de fret TNT à déployer en 2008 une flotte de véhicules électriques au niveau mondial, avec un total de 100 camions destinés à remplacer les véhicules de livraison diesel équivalents.

Le développement attendu des moteurs hybrides

Pour l'expert, à plus long terme, l'avenir semble surtout reposer sur la pile à hydrogène. Les scientifiques travaillent sur ce projet, et d'ici à 50 ans, «elle devrait être V énergie privilégiée», prévoie-t-il. En attendant, les véhicules hybrides se développent. Essence ou diesel, les moteurs mixtes se font de plus en plus présents. Pour Olivier Rigoni (Cogecar), «nous allons vers une généralisation de V offre.»

Pour autant, d'autres voies sont également possibles. Bien que peu développé, le gaz de pétrole liquéfié (GPL) représente une filière intéressante à la fois en termes de coût et de consommation. «Le problème est que ce carburant est mort-né, estime pourtant Olivier Rigoni. C'est bien dommage.» En effet, peu présent en station, le GPL est rarement proposé par les constructeurs. En plus de nécessiter un double réservoir, il reste trop associé à un carburant dangereux. De même, le gaz naturel de ville présente des caractéristiques similaires à celles de l'électricité: pas d'émission, un coût moindre et une consommation limitée. Certaines collectivités l'ont déjà adopté pour leurs bus ou leurs véhicules techniques. Mais le problème réside dans leur réapprovisionnement plus difficile, car domestique: les stations-service ne commercialisent en effet pas encore ce type d'énergie.

Jean-Philippe Etienne, directeur matériel et achats, Coved

Jean-Philippe Etienne, directeur matériel et achats, Coved

Témoignage

«Notre objectif est de limiter les pertes avant même de réaliser des gains»
Faire face à la hausse du prix du carburant est un enjeu majeur pour Coved dont la flotte d'entreprise comprend 1800 véhicules. Le coût du carburant représente en effet près de 6% des dépenses de cette filiale du groupe Saur spécialisée dans la collecte et la valorisation des déchets. Une statistique qui n'en finit pas de grossir. «En quelques mois, la hausse de 25% du prix du carburant a représenté 1,5 point de marge, confirme Jean-Philippe Etienne, directeur matériel et achats. L'augmentation est telle que notre but est de limiter les pertes avant même de réaliser des gains.» Pour ce faire, la société a mis en place différentes actions. D'abord, elle a réduit son nombre de fournisseurs et massifié ses achats de carburant. Objectif: jouer sur l'effet de volume et agir sur le prix du litre. «A terme, cette initiative devrait permettre de réaliser une économie de 1 à 3%», estime le directeur matériel et achats. D'autre part, Coved a revu ses process concernant les sites de stockage. «Nous avons pu diminuer les litres dits perdus«en raison de fuites, de mauvaise qualité de stockage ou de vol», explique Jean-Philippe Etienne. Autre initiative: la substitution. Les déplacements qui peuvent être évités sont remplacés par des conférences téléphoniques. Mais pour Jean-Philippe Etienne, le comportement des conducteurs est un élément primordial. «Il est possible d'éviter 20% des dépenses à condition que chacun, au quotidien, maîtrise ses actions au volant», estime-t-il. C'est pourquoi Coved forme annuellement une centaine de conducteurs à l'écoconduite. De plus, elle essaie d'optimiser ses kilomètres. Et notamment les kilomètres dits»obligés«, comme ceux des collectes, au moyen de l'intégration de GPS dans les véhicules. Le gain potentiel serait de 5% selon Jean-Philippe Etienne.
Coved
ACTIVITECollecte et valorisation des déchets
CHIFFRE D'AFFAIRES 2007
307 millions d'euros
EFFECTIF
2700 collaborateurs
FLOTTE D'ENTREPRISE
1800 véhicules

 
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Romain RIVIERE

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