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Les fabricants de papier verdissent leurs gammes

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Produit banalisé et réputé polluant, le papier retient aujourd'hui toute l'attention des entreprises soucieuses de limiter leur impact environnemental et donc leur consommation. De leur côté, fabricants et distributeurs essaient d'anticiper les besoins.

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Qu'il soit certifié ou labellisé, le papier doit aujourd'hui montrer patte verte. En effet, de plus en plus d'entreprises, dans le cadre de leur politique d'achats durables, n'achètent plus que du papier recyclé. Idem dans la fonction publique, peut-être même un peu plus en avance que le secteur privé sur le sujet. Depuis 2005 en effet, plusieurs guides édités par les GEM (Groupes d'étude des marchés) rappellent aux acheteurs publics les bonnes pratiques en matière d'achats éco-responsables et de produits papetiers. Mais surtout, d'ici à 2012, les services de l'Etat seront obligés d'utiliser du papier recyclé ou certifié, conformément aux objectifs fixés par le Grenelle de l'environnement. L'administration montre ainsi l'exemple de ce qui devient une tendance de fond. «Près de 50 % de nos ventes concernent déjà du papier certifié», confirme Michel Migeot, directeur marketing et responsable environnement du distributeur Antalis.

Pour garantir l'aspect durable de leurs papiers, les fabricants disposent d'une série de labels. L'éco-label européen, notamment, garantit à la fois l'utilisation de fibres recyclées et le recours à des forêts écologiquement gérées pour les fibres vierges (les fibres qui proviennent directement du bois, NDRL). En outre, son logo en forme de petite fleur certifie que l'industriel s'attache à préserver l'environnement sur son site de fabrication, par une rationalisation de la consommation d'eau, par exemple. D'autres certifications existent sur les fibres issues de forêts gérées durablement, telles FSC (Forest Stewardship Council) ou PEFC (Program for Endorsement of Forest Certification). «A l'avenir, les labels devraient être encore plus clairs et complémentaires, pour ofrir une meilleure information», prédit David Fulchiron, directeur marketing de Rey (International Paper).

@ FOTOLIA/TJALL

Des gammes resserrées

Une lisibilité écologique rendue d'autant plus nécessaire qu'il est difficile de s'y retrouver entre les différentes gammes de papier bureautique. « On dénombre environ cinq familles : le papier spécialisé laser, le spécialisé jet d'encre, le papier haute blancheur, le multiusage et le recyclé», énumère David Fulchiron (Rey). Et dans chacune de ces catégories, existent des sous-catégories selon le grammage, l'intensité de la blancheur ou encore le pourcentage de fibres recyclées. «Les entreprises veulent simplifier leurs commandes, constate Elise Le Rouzic, responsable marketing chez Arjowiggins. Elles se satisfont de plus en plus du même papier, et ce même pour plusieurs usages. »

En réponse, les fabricants simplifient donc leurs gammes. D'autant que les différences de qualité sont moins marquées : un papier spécial multifonction peut désormais rivaliser avec un papier de moyenne blancheur, catégorisé plus haut de gamme. «Nous lançons une nouvelle marque propre, «Image», qui n'a que trois déclinaisons : impact, business et volume», explique ainsi Michel Migeot (Antalis). Les fabricants et les distributeurs anticipent donc un mélange encore plus fort des usages, parallèle à l'amélioration technique des imprimantes et des copieurs. Lesquels pourront imprimer de mieux en mieux sur tous types de supports.

Pratique
Comment optimiser ses achats de papiers bureautiques

Consolider les données liées à la consommation de papier. Avant toute mise en concurrence sur un marché, il est important d'avoir une bonne visibilité sur son volume d'achats. Or dans cette famille de produits, cette étape n'est pas toujours évidente, étant donné que l'achat de papier est généralement très diffus au sein des entreprises. Mais cette opération permet par la suite de négocier au mieux le prix du papier. Pour ce faire, il faut insister auprès du ou des distributeurs actuels de l'entreprise pour qu'ils fournissent un reporting détaillé des consommations. Si ce n'est pas le cas, une telle demande doit figurer dans le prochain cahier des charges.
Constituer un groupe projet avec des interlocuteurs ciblés. Une autre difficulté liée à cette famille d'achats tient au fait qu'il n'existe pas un client interne proprement dit. En effet, l'achat de papier concerne quasiment tous les collaborateurs de l'entreprise. Dans une démarche d'optimisation, il est donc nécessaire d'identifier des interlocuteurs privilégiés, appartenant à des services qui ont traditionnellement tendance à imprimer beaucoup de pages par exemple, puis de monter un groupe projet pour travailler sur le cahier des charges et sur le besoin. L'objectif est de réduire le nombre de références utilisées dans l'entreprise. Les critères d'achats sont souvent identiques d'une entreprise à l'autre, à commencer par le grammage. Si celui-ci est généralement de 80 g/m2, référencer des papiers de 70 g/m2 permet de réduire les coûts et l'impact environnemental de sa consommation de papier.
Remettre régulièrement le ou les distributeurs en concurrence. Dans de nombreux contrats-cadres, le prix du papier est indexé sur l'indice Pap'Argus, indicateur de référence du coût de la pâte à papier en France. Or, celui-ci augmente régulièrement et le prix d'achat, calculé en fonction de cet indice, devient trop élevé. Il est alors intéressant de refaire un appel d'offres pour renégocier en profitant de la concurrence sur le marché. Autre moyen de faire baisser les prix : les enchères inversées, une pratique relativement récurrente pour l'achat de papier, comme pour tous les produits issus de catalogues. Enfin, si le volume d'achats est important, mieux vaut passer par un fabricant ou un distributeur spécialisé, plutôt que par un fournituriste généraliste dont les prix seront moins compétitifs.
Source : Epsa - www.epsagroupe.com

Un papier plus fin

Les principaux critères pour juger de la qualité d'un papier bureautique, eux, ne changent pas. Il s'agit en premier lieu de la machinabilité, c'est-à-dire l'aptitude du papier à bien passer dans un système d'impression, sans entraîner de bourrage. Vient ensuite sa tenue, que les professionnels jaugent à la rigidité et à la «main», soit un savant ratio entre les critères d'épaisseur et de poids. Enfin, contrairement à leurs homologues des pays voisins, les entreprises françaises restent attachées à la notion de blancheur, considérée comme une marque de sophistication. Ces critères de qualité devraient continuer à s'améliorer dans les années à venir. Pour chaque lancement, les fournisseurs optimisent en effet ces aspects, mettant le papier à rude épreuve afn de le tester, pour au final avoir le meilleur rendu. «En outre, la blancheur commence à investir le segment des papiers recyclés», explique Elise Le Rouzic (Arjowiggins). Le fabricant a ainsi sorti une nouvelle gamme baptisée «Cocoon», 100 % recyclée, certifiée FSC et extra-blanche.

Aujourd'hui, la plupart des entreprises et des organisations publiques achètent du papier dont le grammage est de 80 grammes. Or, des papiers de plus en plus fins apparaissent. Ainsi, on trouve désormais des produits de 75, voire de 70 grammes chez Inapa ou Antalis, pour ne citer qu'eux. D'autres vont plus loin. Clairefontaine, par exemple, propose un papier de 60 grammes baptisé «Clairmail». «Le papier léger répond aux préoccupations de coût des entreprises, puisqu'on peut glisser plusieurs feuilles dans un courrier sans augmenter le coût d'envoi. Déplus, c'est une alternative écologique. Les entreprises sont sensibles au fait que la fabrication d'un papier léger réduise la consommation d'eau et de matières premières», indique Christelle Delperoux, chef de produits bureautiques chez Inapa. Les fabricants et les distributeurs surveillent donc attentivement les ventes de ces papiers légers, qui pourraient être les gammes standard de demain.

zoom
Quand International Paper fabrique un papier vert en France

Dans la course à celui qui produira le produit le plus vert, International Paper estime avoir une longueur d'avance. Depuis mars 2009, ce fabricant propose en effet la gamme Rey Econature, qui bénéficie de l'éco-label européen et du logo PEFC. Mais surtout, elle est fabriquée à Saillat-sur-Vienne (Haute Vienne), une usine certifiée Iso 14001 et Iso 9001/2000 pour son management environnemental. « Saillat tire sa principale source d'énergie de la biomasse qui couvre 8 % de ses besoins en énergie. Ce qui en fait l'un des sites les plus performants du monde en termes d'émissions de CO2», souligne-ton chez International Paper. Par ailleurs, le bois est collecté dans un rayon de 150 kilomètres maximum. «De par sa position centrale, en Haute-Vienne, l'usine est naturellement destinée à alimenter le marché français, réduisant du même coup son empreinte écologique liée aux transports », poursuit-on chez le fabricant.
Pour fabriquer la gamme Rey Econature, International Paper utilise des sous-produits de la forêt, par exemple les résidus des scieries environnantes ou encore «les coupes d'éclaircie», c'est-à-dire les coupes d'entretien nécessaires à la croissance des arbres. Autrement dit, International Paper récupère tout ce qui n'est pas utilisé par les autres industries du bois, comme l'ameublement. De plus, cette gamme est fabriquée sans adjonction d'agents de blanchiment, ce qui lui confère une teinte ivoire et non blanche.

Retrouvez les sociétés citées dans notre carnet d'adresses page 82.

 
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Olga Stancevic

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