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Les entreprises plébiscitent la France pour leurs séminaires

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Opérations plus courtes, réduction des budgets et demandes d'insolite. Le tourisme d'affaires est un marché en pleine mutation. Dans ce contexte, la France devient la destination privilégiée des entreprises pour organiser leurs manifestations.

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Jusqu'à présent, le tourisme d'affaires en France ne semble pas avoir connu la crise. Depuis cinq ans en effet, il affiche plus 2% de croissance en moyenne chaque année. Séminaires, conventions, congrès, conférences et autres symposiums représentent aujourd'hui près d'un tiers du chiffre d'affaires de l'économie touristique française , soit près de 23 milliards d'euros (source: Odit France). Sur ce marché qui a gagné en maturité, la concurrence entre les agences s'aiguise. Les processus d'achats tendent aussi à se modifier. «Les service s achats vont être d e plus en plus présents dans les négociations», assure Mark Watkins, président de Coach Omnium, qui réalise depuis seize ans un baromètre annuel sur le tourisme d'affaires et les comportements d'achat des entreprises. «Les acheteurs commencent à intervenir sur les négociations concernant l'hébergement lié aux manifestations d'affaires», remarque-t-il. Les contenus, quant à eux, restent de la responsabilité des clients interne.

Christian Moullec, réalisateur du film Le peuple migrateur, installé à Saint-Simon dans le Cantal, propose des vols en formation avec les oiseaux sur un ULM biplace.

Christian Moullec, réalisateur du film Le peuple migrateur, installé à Saint-Simon dans le Cantal, propose des vols en formation avec les oiseaux sur un ULM biplace.

Le choix de la sobriété

«Les entreprises doivent et devront toujours faire passer des messages forts à leurs collaborateurs et à leurs clients», analyse Gérard Denis, p-dg de l'agence événementielle parisienne Denis & Co. Elles ont besoin d'organiser des séminaires et des conventions, «mais sont soucieuses de ne pas faire exploser leurs budgets», précise-t-il. Elles veillent aussi à ne pas choisir des destinations ou des lieux d'accueil qui pourraient apparaître trop somptueux. «Une entreprise qui réunit ses salariés pour leur expliquer qu'ils devront faire des efforts pendant les mois à venir ne va pas choisir un hôtel 4 étoiles à Monte-Carlo!», illustre Gérard Denis. Elle préférera organiser son événement dans un lieu plu s sobre. Une raison qui explique sans doute, selon le p-dg de l'agence événementielle, que les bâtiments industriels transformés en salons ou salles de convention comme l'Usine et les Docks à la Plaine-Saint-Denis, ou la Villette à Paris, soient de plus en plus prisés . De même que le succès grandissant des destinations françaises.

Pour répondre à ces attentes, les agences doivent faire preuve de créativité et faire découvrir à leurs clients des lieux d'accueil originaux et des contenus inédits Dans ce contexte, la France apparaît comme la grande gagnante sur ce marché. La dernière étude réalisée par l'Association des agences de communication événementielle (Anaé), publiée en août dernier, révèle que sur 7 468 événements organisés en 2008 par les agences adhérentes, 68% se sont tenus en France, dont un tiers hors de la région parisienne. Des chiffres finalement peu surprenants au regard de la durée de plus en plus courte des opérations organisées, soit deux jours en moyenne.

«Les services achats sont de plus en présents dans les négociations, en particulier celles qui portent sur l'hébergement. »
Mark Watkins, Coach Omnium

Le train favorise les régions

Grâce aux lignes TGV, Paris est aujourd'hui à trois heures de la plupart des grandes villes françaises. Dès lors, les régions rivalisent d'idées pour s'affirmer en destination d'affaires. Les collectivités locales - par le biais des comités départementaux et régionaux du tourisme - sont nombreuses à avoir mis en place des cellules dédiées. Cette volonté se traduit par des actions concertées, allant de la création de portails fédérant les prestataires locaux à la mise en place de structures jouant le rôle d'agence réceptive. C'est le cas de Cantal Séminaire. «Nous ne sommes pas les premiers à avoir créé une structure vouée au tourisme d'affaires», relève Delphine Giry, chargée de mission qui avoue avoir observé ce qui se faisait ailleurs, non pas pour concurrencer d'autres départements «mais afin de positionner nos offres en fonction de la réalité de notre territoire et des besoins des entreprises». Environnement préservé, proximité d'Aurillac, de Clermont- Ferrand et de Rodez, bon maillage autoroutier, hôtellerie de charme plutôt adaptée à des groupes d'une cinquantaine de personnes... Le concept de «retour à la terre» ayant aujourd'hui le vent en poupe, le Cantal mise sur la ruralité, le tout sur fond de développement durable. Cantal Séminaire a ainsi signé une convention avec Action Carbone et propose aux entreprises de compenser les émissions de CO2 générées par leurs déplacements. «Nous avons élaboré une charte d e qualité, tant en matière d e services que de développement durable, acceptée par les prestataires qui travaillent avec nous», précise Delphine Giry.

La Sarthe a également inscrit le développement du tourisme d'affaires à son schéma départemental. Sous l'égide du Comité départemental du tourisme, en partenariat avec la chambre de commerce et d'industrie et l'agence de développement économique Sarthe Expansion, elle a engagé une réflexion de valorisation de cette filière. Cette initiative a donné naissance au portail Congres-seminaires-sarthe.com qui permet à quelque 70 prestataires de conquérir de nouveaux clients d'affaires. Tous ont signé la «Charte technique séminaires et congrès en Sarthe». Objectif: attirer des grandes entreprises, à l'instar du groupe Accor qui a choisi ce département comme terre d'accueil pour son dernier séminaire des directeurs d'hôtel Ibis du Sud Ouest. «Nous recherchions un site insolite et atypique qui nous permettrait de nous extraire un peu de notre culture d'hôtelier», explique Rémi Souffl eux, directeur de l'hôtel Ibis de Pessac, chargé de l'organisation de l'opération. En surfant sur le Net, ce dernier est tombé sur le site des «Tipis du bonheur de vivre», un camp indien implanté à Brûlon, à 40 km du Mans. «Les participants se sont d'abord montrés réticents à l'idée de passer une nuit sous un tipi, mais tous en ont gardé un souvenir mémorable», rapporte-t-il. Cette recherche d'originalité allait de pair avec une optimisation des coûts. «Nous sommes vigilants sur le rapport qualité-prix, ce qui nous conduit à privilégier les destinations françaises», insiste Rémi Souffleux.

Des budgets très étudiés

L'heure n'est plus, en effet, aux dépenses sans compter. «Les budgets de nos clients sont de plus en plus étudiés», témoigne Frédéric Antoine, directeur de l'agence alsacienne Voyages à Faire. Les entreprises organisent leurs opérations moins loin, ce qui leur permet de réaliser des économies. Il précise néanmoins qu'elles «veulent également du dépaysement, des hébergements et des contenus de qualité!» Ce prestataire s'assure donc de bien connaître les régions où sont proposées les opérations, afin d'être en mesure d'étonner ses clients et de renouveler ses offres. Des propos confirmés par Muriel Granger, assistante de direction de l'Appel Médial, société d'intérim. Cette dernière a fait appel à Voyages à Faire pour organiser deux séminaires annuels, l'un rassemblant tous les collaborateurs - soit plus de 250 personnes -, l'autre réunissant les cadres. «J'attends des agences qu'elles soient inventives et qu'elles me déchargent des activités périphériques proposées pendant la journée», explique-t-elle. Autrement dit, des activités ludiques. «Ces animations doivent être fédératrices et adaptées à tous, quels que soient l'âge et la condition physique des participants.» Muriel Granger n'hésite pas à mettre en concurrence les prestataires et fréquente les salons professionnels pour découvrir les grandes tendances «Je me déplace aussi dans les hôtels pour vérifier les conditions d'hébergement et de restauration», détaille-t-elle. L'an dernier, Appel Médial a ainsi organisé son séminaire d'entreprise à Aix-en-Provence. Quant à celui rassemblant les cadres, il s'est déroulé en Alsace. «Une occasion de découvrir une région que nous connaissions peu», indique Muriel Granger.

Même constat, côté prestataires, pour Pierre Gommaux, fondateur de l'agence réceptive Bordeaux Label: «Les entre prises cherchent à découvrir autre chose. A cet égard, la destination bordelaise, et plus largement le Grand Ouest, renvoie une image de qualité de vie, notamment à travers leur gastronomie. On y trouve suffisamment d'hébergements de qualité à des prix qui restent inférieurs à ceux de la région parisienne ou de la Côte d'Azur.» Rallye des vignes, ateliers?oenologiques ou encore raid sur le bassin d'Arcachon sont quelques-unes des activités qui rencontrent un succès croissant. «Ces destinations en pleine nature correspondent bien aux préoccupations liées au développement durable dont font part les entreprises», souligne Sandrine Christon, coordonnatrice de l'Anaé. La prise de conscience des enjeux liés à la protection de l'environnement est l'une des tendances qui se dessine sur le marché du tourisme d'affaires. «Les lieux choisis n'ont rien d'anodin. Limiter les déplacements contribue, en effet, à réduire les émissions de gaz à effet de serre, insiste Sandrine Christon. Une manière de plus, pour les entreprises, de communiquer sur leur engagement citoyen en faveur du développement durable.»

Les 200 consultants SAP Capgemini Industrie et Distribution ont participé cette année à une soirée poker organisée par l'agence Privilège Event.

@ FOTOLIA /IROCHKA/LD

Les 200 consultants SAP Capgemini Industrie et Distribution ont participé cette année à une soirée poker organisée par l'agence Privilège Event.

Expérience

Les managers de Capgemini externalisent de A à Z l'organisation d'événements


Le lancement des programmes de Capgemini Industrie & Distribution donne chaque année l'occasion à Nicolas Chanteloup, directeur de centre de compétences SAP, de réunir ses équipes de consultants pendant une journée. Chaque patron d'unité est, en effet, chargé de l'organisation des opérations. «Les achats liés au tourisme d'affaires - convention, séminaires et autres événements commerciaux avec nos clients - sont marginaux par rapport à notre chiffre d'affaires.» Aussi le processus d'achat est-il peu industrialisé. «Chaque organisateur utilise ainsi son propre réseau de prestataires», explique Nicolas Chanteloup, qui reconnaît sans hésiter que l'organisation de telles opérations n'est pas son métier. Il compte donc sur le professionnalisme des agences événementielles pour l'accompagner de A à Z dans leur mise en place. «Elles doivent d'abord bien comprendre nos besoins et notre culture d'entreprise pour pouvoir être force de propositions.»
Nicolas Chanteloup attend aussi de ces professionnels qu'ils l'aident à marketer ces opérations afin d'obtenir une bonne adhésion des participants. «Dès lors que nous nous sommes mis d'accord sur un cahier des charges, je veux pouvoir m'appuyer sur les compétences du prestataire et n'avoir qu'un rôle de contrôle.» Il y a quelques mois, l'agence Privilège Event a ainsi organisé une soirée ludique dans une grande académie de billard parisienne pour les 200 consultants SAP Capgemini Industrie et Distribution. Une soirée très appréciée par les participants. «Elle était à la fois dans l'air du temps et parfaitement adaptée au profil de nos consultants», conclut avec satisfaction Nicolas Chanteloup.


Capgemini
ACTIVITE
Conseil
CHIFFRE D'AFFAIRES 2007
8,7 milliards d'euros
EFFECTIF
83 500 salariés

Jean-Noël Olivier, directeur de mission, Accenture

Jean-Noël Olivier, directeur de mission, Accenture

Témoignage

«De l'insolite à côté de chez soi»


Régulièrement, Accenture réunit l'ensemble des consultants travaillant sur une même mission afin de fédérer ses équipes. Depuis trois ans, Jean-Noël Olivier, directeur de mission dans la région Sud-Ouest, fait appel aux services de Bordeaux Label pour organiser ces opérations. «Proximité et rapport qualité-prix sont privilégiés», souligne-t-il d'emblée. Et d'ajouter que «les tarifs en province sont souvent sans commune mesure avec ce qui est proposé en Ile-de-France. Nous pouvons trouver dans notre région une vaste palette d'activités.» Pas d'exotisme ni de lointaines destinations au programme donc, mais de l'originalité dans les contenus, de la découverte de lieux insolites et un retour à la nature. Jean-Noël Olivier attend d'un prestataire «qu'il nous emmène là où nous n'aurions pas pensé aller», insiste-t-il. Ainsi, en 2006, un «rallye des vignes» en VTT a été organisé dans près de Saint-Emilion. L'année suivante, un «rallye des îles perdues» en vélo et canoë se déroule à Lacanau. Enfin, en 2008, les consultants d'Accenture ont été conviés à une «cooking party» qui leur a permis de découvrir Bordeaux, le vignoble de sauternes en 2CV et de déguster les produits gastronomiques locaux. Autant d'activités ludiques qui «restent conformes à l'objectif de nos séminaires, preuve que l'agence a bien appréhendé nos problématiques», se félicite Jean-Noël Olivier.


Accenture
ACTIVITE
Conseil
CHIFFRE D'AFFAIRES (2007)
23,4 milliards d'euros
EFFECTIF
186 000 collaborateurs

 
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Annette DEBEDA

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