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Les conciergeries d'entreprise se démocratisent

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Encore peu développées en France, les conciergeries d'entreprise aident les salariés à conjuguer vie professionnelle et vie privée, en leur offrant une multitude de services sur leur lieu de travail. Un bon moyen de lutter contre la morosité ambiante, mais aussi d'augmenter la productivité.

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Qui n'a jamais rêvé d'un massage au milieu d'une longue journée de travail? De ne plus courir au pressing en rentrant le soir? Ou de pouvoir aller chez le coiffeur entre deux rendez-vous? Pour certains Français, tout cela est possible grâce à leur conciergerie d'entreprise. Le principe? Mettre à disposition des salariés d'un «service à tout faire» qui accomplit pour eux un certain nombre de tâches à caractère personnel. «J'y fais appel régulièrement, pour des retouches de vêtements ou du pressing. Cela facilite le quotidien», témoigne Natacha Bertrand, salariée de Mutuaide Assistance. Cette filiale de Groupama a mis en place, il y a deux ans, un service de conciergerie, deux jours par semaine, de 11 h 30 à 14 h, au moment de la pause déjeuner. «Nous ne voulions pas d'une conciergerie de luxe, ni d'un service permanent, explique Christian Lambert, directeur des ressources humaines. L'idée était que nos salariés se sentent mieux dans l'entreprise, malgré de fréquents horaires décalés.» En effet, Mutuaide est une plateforme téléphonique d'assis tance qui fonctionne en continu, 24 h/24.

La société a ainsi opté pour la prestation d'ADN Proservices. Outre les services classiques de pressing, de cordonnerie et de retouche de vêtements, la conciergerie fait également office de marchand de journaux, de fruits et légumes, ou encore de point relais, les salariés pouvant retirer directement sur leur lieu de travail des colis qu'ils ont commandés par correspondance. Ce n'est pas tout: depuis un an, un service de massage est proposé aux heures d'ouverture, de même que le lavage des voitures sur le parking. «Les collaborateurs paient chaque prestation mais l'entreprise prend en charge l'abonnement au service de conciergerie», indique Christian Lambert qui n'a cependant pas souhaité communiquer le prix de cet abonnement.

Laurence Faucher, responsable RSE, et Jean-Paul Tomasi, directeur des services généraux d'Alstom Power Service France

Laurence Faucher, responsable RSE, et Jean-Paul Tomasi, directeur des services généraux d'Alstom Power Service France

Témoignage
«Faciliter le quotidien des salariés»

Alstom Power Service France, dont le siège est basé à La Courneuve (Seine-Saint-Denis), a mis en place une conciergerie d'entreprise afin de «faciliter le quotidien de ses salariés, explique Laurence Faucher, responsable RSE de cette filiale du groupe Alstom. Cela fait partie de notre responsabilité sociale d'entreprise. L'idée est d'aider nos collaborateurs à mieux conjuguer leurs temps de vie.» Trois demi-journées par semaine, la conciergerie du site de La Courneuve propose ses services de pressing, cordonnerie, lavage de voiture et petits dépannages sur le lieu de travail. Cet accueil sur site est complété par une plateforme téléphonique que les salariés peuvent contacter, notamment, pour des gardes d'enfant et des aides à domicile. Bien être à la carte est le prestataire retenu par Alstom Power Service. «Sur les trois entreprises sollicitées, il était celui qui offrait le plus grand nombre de services, note Jean-Paul Tomasi, directeur des services généraux. Comme pour tout autre achat, nous avons négocié notre prix en fonction de notre effectif et des perspectives d'ouvertures sur d'autres sites.» A la Courneuve, un audit est en cours pour déterminer le niveau de satisfaction des utilisateurs. «Les premiers retours sont très positifs, souligne Laurence Faucher. Nous espérons atteindre 50% d'utilisateurs d'ici la fin de l'année.» Des conciergeries pourraient alors voir le jour sur d'autres sites de l'entreprise.


Alstom Power Service
ACTIVITE
Maintenance et modernisation de centrales électriques
CHIFFRE D'AFFAIRES 2008
3,6 milliards d'euros
EFFECTIF
21 000 collaborateurs

Un concept qui se démocratise

A l'instar de Mutuaide Assistance, un nombre croissant d'entreprises françaises s'attache les services de sociétés spécialisées dans la résolution des menus soucis de leurs salariés. Par exemple, en janvier 2008, CB Richard Ellis France s'est doté d'une conciergerie via To Do Today. Aménagée au sein même du siège social de l'entreprise, elle permet aux collaborateurs de bénéficier de nombreux services, y compris à domicile (ménage, jardinage, aide aux personnes âgées ou aux personnes handicapées, assistance informatique, etc.). Les conciergeries, particulièrement développées dans les pays anglo-saxons, entrent dans le cadre des politiques de ressources humaines des entreprises. La conciergerie serait un bon moyen de lutter contre l'absentéisme en aidant les salariés à mieux conjuguer vie privée et vie professionnelle. En France, les premières conciergeries sont apparues au début des années 2000. «Quand nous avons commencé, nous n'étions sollicités que par des grands groupes qui souhaitaient mettre en place ce service pour leur siège social, souligne Antoine Dumurgier, directeur général de Bien-être à la carte, une filiale d'Accor Services. Aujourd'hui, la demande s'étend à d'autres entreprises. Nous avons ainsi connu une grosse expansion en 2007 et 2008 grâce à l'équipement de sites secondaires ou de PME.»

Ces dernières années, l'offre de conciergerie s'est ainsi considérablement étoffée. Aux côtés des acteurs historiques tels que Bien-être à la carte et To Do Today (qui a récemment fusionné avec la 25e Heure), une multitude de prestataires sont apparus, à l'image des agences d'accueil CC Team Aurore ou Pénélope, qui diversifient leurs activités. «Elle se développe dans les grandes villes de France, souligne Xavier Chouraqui-Servière, créateur de la société West-Born en 2005. Bientôt, tout le territoire sera couvert.» Le credo de ces nouveaux acteurs du marché: démocratiser la conciergerie, la rendre accessible aux PME et se faire ainsi une place sur un créneau à fort potentiel. «Le mot conciergerie lui-même fait référence à une prestation haut de gamme pouvant sembler inaccessible, observe Xavier Chouraqui-Servière. Mais la conciergerie d'entreprise n'a rien à voir avec celle des hôtels de luxe. L'idée est de proposer un certain nombre de prestations sur le lieu de travail au même prix que ceux pratiqués dans le commerce, voire à un tarif inférieur compte tenu de notre pouvoir de négociation.»

Les prix des prestations, payés par les salariés, sont par conséquent déterminants dans les appels d'offres. Quant à l'abonnement annuel ou mensuel facturé à l'entreprise pour la mise à disposition du concierge, il varie en fonction du nombre de salariés, des horaires d'ouverture et du volume de prestations. «Pour justifier financièrement la présence d'un concierge, 25 à 35 heures par semaine, il faut plusieurs centaines de salariés réunis sur un même site», estime Antoine Dumurgier (Bien-être à la carte). Pour les entreprises plus petites, d'autres solutions existent néanmoins.

Des services clés en main

A Sofia Antipolis, près de Nice, les Laboratoires Genévrier ont instauré un service de conciergerie à distance pour ses 130 salariés, en novembre 2008, en faisant appel à la société Business Groom. Pressing, cordonnerie, réservation d'hôtels et de cours particuliers, commande de paniers de fruits bio: tout est pris en charge via une plateforme internet ou une centrale téléphonique, avant d'être déposé, le cas échéant, sur le lieu de travail par la société prestataire. «Les statistiques parlent d'elles-mêmes, se félicite Séverine Marie, assistante de direction. Après deux mois, 30% de nos salariés utilisaient ce service.» Ce type de prestation, appelé «conciergerie volante», réduit en effet le nombre d'heures de présence sur site du concierge, et donc le coût pour l'entreprise. Il convient toutefois de faire attention aux tarifs des prestations, sur lesquels certaines sociétés se rattrapent.

Les entreprises comptant trop peu de salariés peuvent partager ce service avec d'autres sociétés: on parle alors de conciergerie mutualisée. A Bidart, sur la côte basque, la société MCE (Ma conciergerie d'entreprise) a développé ce concept au sein de la technopole Izarbelle: une vingtaine d'entreprises, sur les 70 que compte la zone d'activité, bénéficie des services de deux concierges qui se relaient et se déplacent en fonction des besoins. «Nous disposons d'une permanence dans l'un des bâtiments. Afin de ne pas perturber le fonctionnement des entreprises qui font appel à nous, leurs salariés passent commande sur notre plateforme internet où ils ont accès au détail des offres et des prix. Nous répondons ainsi à leur demande sans avoir besoin de les rappeler», explique Marie Jouet, directrice de MCE. Les vingt entreprises se partagent à parts égales le coût d'abonnement, calculé à partir du nombre total de salariés concernés, soit 800 personnes.

Expérience
Défense Ouest: une conciergerie commune à plusieurs sociétés

L'immeuble de bureaux Défense Ouest, à Colombes (Hauts-de-Seine), dispose d'une conciergerie multisociétés, autrement dit commune à plusieurs entreprises parmi lesquelles Arkema, Aon, Tetra Pak, EDF, Pepsico et UCB Pharma. Au total, quelque 3 000 personnes bénéficient des services de cette mini-boutique, qui fait également office de salon de coiffure et d'institut de beauté, installée à proximité du restaurant interentreprises. «Le choix de l'emplacement est essentiel, note Xavier Chouraqui-Servière, directeur de West-Born, la société qui a créé la conciergerie pour le gestionnaire d'immeuble. Ici, nous sommes dans un lieu de passage, ce qui incite les salariés à venir notamment pendant leur pause déjeuner.»
Les prestations offertes vont du pressing à la vente de DVD, en passant par les soins esthétiques. «70% de nos services sont délivrés à des tarifs préférentiels», insiste Xavier Chouraqui-Servière. Certains sont même gratuits, comme la mise à disposition de journaux. «Personnellement, je trouve cela très pratique. J'y ai même acheté une partie de mes cadeaux de Noël! témoigne Valérie Denis, responsable des services généraux chez Tetra Pak. L'institut de beauté, le salon de coiffure et le kiosque à journaux marchent par ailleurs très bien auprès de nos salariés.» Le marché des conciergeries multisociétés est ainsi en plein développement, notamment en raison de la construction de nouveaux centres d'affaires à la périphérie des grandes villes. «La conciergerie peut être un argument pour convaincre les sociétés à s'installer en banlieue», conclut Xavier Chouraqui-Servière.

Des avantages fiscaux et financiers

L'accès aux services d'un concierge est ainsi possible pour toutes les structures, quelle que soit leur taille. Il faut toutefois tenir compte de l'investissement de départ lié à l'aménagement d'une loge au sein des locaux, ou à défaut, d'un espace dédié. Pour susciter l'adhésion des salariés, une communication adéquate doit être mise en oeuvre. «La conciergerie n'est pas destinée qu'aux cadres, mais à l'ensemble des salariés», souligne Xavier Chouraqui-Servière (West-Born). Les sociétés spécialisées, elles, rêvent d'un développement rapide. «Aux Etats-Unis, 30% des salariés ont accès à un service de conciergerie. En France, ils ne sont que 2%!», indique Antoine Dumurgier (Bien-être à la carte).

Le secteur profite de la loi Borloo, relative au développement des services à la personne. Certaines prestations, comme la garde d'enfants à domicile, le soutien scolaire ou le petit bricolage, peuvent en effet être payées par Chèque emploi service universel (Cesu). Or, les aides financières attribuées par les entreprises à leurs salariés sous forme de Cesu sont déductibles de l'impôt sur les sociétés et exonérées de charges sociales, dans la limite de 1 830 euros par an et par salarié. Elles ouvrent, par ailleurs, droit à un crédit d'impôt de 25% sur les sommes attribuées. Autant d'arguments fiscaux et financiers qui devraient contribuer au développement de la conciergerie d'entreprise en France.

 
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François SCHOTT

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