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Les acheteurs tissent leur Toile

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Les associations et autres clubs d'acheteurs se sont multipliés ces dernières années. Des sites internet conçus et développés par les acheteurs ont même vu le jour. La dernière mode concerne les portails de mise en relation professionnelle qui sont devenus un véritable outil de travail.

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@ Getty Images

Lorsque les premiers projets e-achats apparaissent au début des années 1 990, le «milieu» est encore voué au culte du secret. Pourtant, une nouvelle génération d'acheteurs va bousculer les habitudes. «L'idée qu'un certain nombre de responsables achats échangent entre eux sur l'utilisation des outils e-achats était complètement taboue, témoigne Olivier Luisetti, formateur et ancien acheteur logistique international chez Thomson Multimédia notamment. Or, tout le monde voulait savoir comment cela fonctionnait ailleurs.» Avec plusieurs confrères de la région Rhône-Alpes, ce dernier décide d'organiser une rencontre entre responsables achats. Petite anecdote de l'histoire, cette première réunion a lieu un jeudi. «Le concept a tellement plu que nous avons décidé de nous réunir tous les premiers jeudis du mois autour d'un thème lié aux achats», raconte Olivier Luisetti. Une association, Net Purchasing, est même créée. Editeurs, prestataires et autres consultants ne sont pas invités. «Cela permet à chacun d'échanger plus librement et de faire part, notamment, de ses difficultés, reprend Olivier Luisetti. Nous réalisons ensuite des fiches de bonnes pratiques que nous diffusons à l'ensemble de nos membres.»

Olivier Luisetti, ancien acheteur international

Les clubs d'acheteurs permettent d'échan plus librement et de faire part de ses difficultés.

La Cdaf Ile-de-France reprendra l'idée, avec ses fameux «Jeudis de l'achat». La Compagnie des dirigeants et des acheteurs de France peut toutefois revendiquer le titre de première association du genre puisqu'elle fut créée en 1945. Mais de nombreux jeunes acheteurs ne se reconnaissent pas dans cette institution et souhaitent de se retrouver dans un cadre moins formel.

En 2002, un groupe de directeurs achats décide de créer l'association des directeurs et responsables achats (Adra), un lieu de rencontres moins institutionnel mais qui repose sur les mêmes principes que la Cdaf: favoriser les échanges entre acheteurs, collecter et diffuser les meilleures pratiques en matière d'achats, etc. Des réunions sont ainsi régulièrement organisées chaque trimestre... un jeudi! Au cours des années 1990, les cercles se développent à l'image de l'Aca, un club pourtant élitiste qui regroupe les anciens de HEC et compte une centaine de membres aujourd'hui. «L'association ne s'est jamais fixé comme but de grossir mais le nombre de cotisants a explosé, reconnaît Olivier Wajnsztok, vice-président de l'Aca. Notre développement repose d'une part sur la qualité des conférences annuelles et d'autre part sur la richesse du contenu de nos mini-conférences mensuelles. Ces dernières se déroulent à huis clos et nos membres peuvent y partager leurs bonnes idées, sans avoir à se plier au politiquement correct.» L'Aca n'est la seule association d'anciens dynamique. Toutes les grandes écoles achats de France (MAI de Bordeaux, Desma de Grenoble, EIPM...) possèdent leur propre réseau d'anciens élèves qui se réunissent à intervalles plus ou moins réguliers, ou à l'occasion des forums annuels organisés par les étudiants. Un bain de jouvence que recherchent de nombreux acheteurs en poste. Les anciens du MAI de Bordeaux se réunissent par exemple tous les deux mois dans une brasserie parisienne, une manifestation très informelle - l'invitation est envoyée par mail - à laquelle participe une centaine de responsables achats sur la région.

Connaître et partager les bons tuyaux

 

Lorsque survient le boom d'Internet à la fin des années 1 990, certains précurseurs vont avoir l'idée de créer des sites spécialisés sur lesquels les acheteurs peuvent venir échanger et dialoguer. Il apparaît très vite que ces portails répondent à une forte demande. Alors étudiante à l'ESC Saint-Etienne, Christine Allemand souhaitait par exemple «se confronter au terrain et rencontrer des professionnels du métier». Problème: la plupart des séminaires et des conférences étaient payants, et donc souvent inaccessibles pour les jeunes acheteurs en herbe. L'arrivée et le développement d'Internet vont changer la donne.

Christine Allemand s'invite sur ces forums et y apprend de nombreux tuyaux. Aujourd'hui acheteuse en génie climatique dans une grande entreprise française, cette dernière n'en est pas moins restée active sur la toile après l'obtention de son master achats. «Rien ne vaut le retour d'expérience d'un acheteur, estime-t-elle. Ces sites web permettent d'échanger gratuitement des informations et d'être beaucoup plus efficace dans son travail. En matière de veille, c'est royal! Et si l'on donne plus que l'on ne reçoit, le peu que l'on obtient fait souvent la différence.»

Certains sites vont ainsi acquérir une véritable notoriété et devenir un point de passage obligé pour tous les acheteurs, à l'image du Réseau des achats. Lancé en novembre 2002 par Fabrice Ménelot, ancien directeur achats de bioMérieux, désormais consultant, ce portail est devenu, en quelques années, l'une des plus grandes communautés d'acheteurs sur le Web. Le Réseau des achats est spécialisé dans la recherche d'emplois sur Internet avec de nombreuses offres répertoriées chaque mois. Le site enregistre ainsi entre 7 000 et 9000 visiteurs par mois et compte près de 5000 membres.

Christine Allemand, acheteuse en génie climatique.

«Si l'on donne plus que l'on ne reçoit, le peu que l'on obtient fait souvent la différence.»

Des acheteurs de tous niveaux

 

Dans un autre genre, le développement du groupe d'emploi achats sur Yahoo!, une idée de François Ladret, acheteur au CTBA, a de quoi surprendre. D'une simple fonctionnalité offerte par le célèbre site internet, celle de pouvoir créer une communauté dédiée à un sujet, un petit millier d'acheteurs se retrouvent régulièrement pour échanger des informations. Ainsi le site web ne se cantonne plus à la simple recherche d'emplois. Des dîners sont même régulièrement organisés entre les membres qui le souhaitent. Les rencontres virtuelles deviennent réelles.

Toutefois, les derniers sites internet à la mode sont sans aucun doute les portails de mise en relation professionnelle. Il s'agit notamment de Viadeo (anciennement Viaduc), Linked In ou Xing (ancienne ment Open BC). En effet, qui n'a pas reçu dernièrement dans sa boîte mail une invitation pour s'inscrire sur ce type de portail? Rien de plus normal puisque le système repose sur le parrainage. Olivier Luisetti, qui n'est pas un grand adepte des sites web dédiés aux achats, apprécie par exemple la possibilité d'entrer en relation avec des acheteurs de tous niveaux. «Je me souviens avoir discuté un dimanche matin avec le directeur achats d'un grand groupe aéronautique. Je n'aurais jamais pu avoir une telle discussion en temps normal», reconnaît-il aujourd'hui. Depuis peu, Christine Allemand utilise également les portails de mise en relation professionnelle. «En lançant une recherche sur un type d'achat en particulier, je peux trouver un spécialiste qui sera susceptible de répondre à mes questions», explique-t-elle. Cette dernière surfe ainsi de hub en hub, notamment sur celui de son école où les anciens du Centre de management des achats (CMA) de Saint-Etienne se revoient et continuent d'échanger sur les meilleures pratiques. L'occasion ici que des rencontres réelles deviennent à leur tour virtuelles.

 
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S. DE B.

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