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Le train de plus en plus privilégié

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Alors que l'avion reste le mode de déplacement majoritaire des voyageurs d'affaires, la part du rail dans les politiques voyages des entreprises est en constante augmentation. Le train, réputé comme étant moins cher, est désormais privilégié pour les déplacements inférieurs à 3 heures.

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@ SNCF-cav/Henri Urtado

Selon la 16e édition du baromètre des voyages professionnels réalisé par Concomitance pour le compte d'American Express Voyages d'Affaires, la part du rail dans les politiques voyages des entreprises françaises était de 19,5% en 2006, soit un marché évalué à 5 milliards d'euros environ. Même si l'avion reste le moyen de transport privilégié des voyageurs d'affaires (48,5%), la part du rail est en constante augmentation puisqu'elle n'était que de 10% en 1993 et de 15% en 1998. «La place du train dans les politiques voyages des entreprises est très importante en France, bien plus que dans les autres pays européens», confirme Brigitte Jakubowski, directrice du cabinet JK Associates Conculting, spécialisé dans les voyages d'affaires. Et le rail ne devrait pas s'arrêter en si bon chemin. Selon de nombreux observateurs, l'arrivée du TGV Est Européen, au printemps dernier, devrait permettre au train de continuer sa progression sur le marché français des voyages d'affaires. Ainsi, les entreprises de l'Est de la France (Nancy, Metz, Strasbourg) pourraient privilégier le rail au détriment de l'avion et même de la route. «Concernant le trajet Paris- Strasbourg, il est sans doute trop tôt pour savoir si l'arrivée du TGV Est Européen aura de réelles répercussions sur les politiques voyages des entreprises, nuance Brigitte Jakubowski. Pour l'instant, Air France résiste grâce à une politique tarifaire très attractive. Mais à terme, on pourrait assister au même impact du Thalys sur la ligne Paris-Bruxelles.» De son côté, la SNCF espère doubler le nombre de voyageurs professionnels, avec un temps de parcours réduit (2 h 20 pour Paris-Strasbourg) et des horaires adaptés (arrivées dans la capitale avant 9 h).

Dans ce contexte, la SNCF se frotte les mains. En 2006, la compagnie ferroviaire estime que 20 millions de passagers ont voyagé à bord des TGV pour des raisons professionnelles. Depuis Paris, pour les destinations avec une heure de temps de trajet (par exemple vers Lille, Tours ou Le Mans), la clientèle affaires représente 30% des passagers. La proportion est la même pour les destinations à plus de trois heures (Marseille notamment). En revanche, celle-ci grimpe à 40% du trafic passagers sur les trajets de deux heures, ce qui concerne principalement les voyages entre Paris et Lyon. «Le train est devenu incontournable pour ce trajet, y compris pour les entreprises dont le siège se situe à proximité de l'aéroport lyonnais Saint-Exupéry, lui-même desservi par le TGV», note Brigitte Jakubowski.

Anne-Laure Gogeon, Epsa Groupe

«Les travel managers cherchent à imposer la 2e classe pour les trajet en train de moins de deux heures.»

Le train réputé moins cher que l'avion

 

De tels pourcentages résultent aes régies de déplacements mis en place dernièrement dans les entreprises françaises. Pour optimiser leur budget voyages, celles-ci souhaitent en effet privilégier le train, réputé moins cher que l'avion, pour les déplacements inférieurs à trois heures. A titre d'exemple, le 18 juillet dernier, un billet de train sur l'axe Paris-Strasbourg coûtait 112 euros en 1re classe, contre 265 euros pour le billet d'avion Air France en classe éco. «En réservant longtemps à l'avance, il est possible de trouver des billets d'avion à des prix très attractifs mais les voyageurs d'affaires ne disposent pas toujours de délais suffisants pour le faire», estime Anne-Laure Gogeon, consultante au sein du cabinet de conseil Epsa Groupe spécialisé dans les achats hors production. Ainsi, dans beau coup a entreprises françaises, les salariés sont désormais tenus de prendre le train lorsque de temps de transport, à ne pas confondre avec la durée du trajet, est inférieur à trois heures. «Il ne faut pas uniquement prendre en compte la durée du trajet, sans quoi l'avion serait systématiquement retenu, mais aussi le temps passé dans les aérogares, l'impact des mesures de sécurité dans l'aérien, la situation géographique souvent lointaine des aéroports, contrairement aux gares, présentes en centre-ville. Ce qui implique également des frais de taxis, etc.», détaille Brigitte Jakubowski. Aujourd'hui, non seulement le train coûte généralement moins cher, mais le temps de transport est devenu très compétitif grâce au TGV. Les collaborateurs n'ont donc plus tellement le choix et doivent retenir le train. Dans les faits, il leur reste encore un privilège: celui de réserver en 1re classe. «Grâce à des conventions collectives ou des accords salariaux, de nombreux voyageurs d'affaires peuvent encore réserver leur billet de train en Ve classe, constate Anne-Laure Gogeon. Mais pour continuer d'optimiser la politique voyages de leur entreprise, les travel managers cherchent à imposer la 2e classe pour les trajets de moins de deux heures.»

Brigitte Jakubowski, JK Associates Conculting

«La place du train est très importante en France, beaucoup plus que dans les autres pays euronéens.»

Difficile de négocier les tarifs avec la SNCF

 

Face à la place croissante du rail dans les dépenses de voyages des entreprises, les services achats cherchent évidemment à négocier des tarifs privilégiés avec la SNCF. Une démarche très difficile il y a encore quelques années. «La compagnie ferroviaire commence juste à négocier et à accorder quelques remises aux entreprises», témoigne Brigitte Jakubowski. >»

En réalité, la SNCF propose deux types d'offres «B to B», à ne pas confondre avec les offres «B to C» qui concernent les voyageurs professionnels mais à titre individuel (abonnements Fréquence et Forfait). L'offre «B to B» s'adapte à chaque entreprise en fonction de sa taille (nombre de salariés), de son budget dédié et «de l'importance relative dans sa politique voyages des critères de maîtrise du coût global et de la satisfaction des collaborateurs» selon les termes employés par la compagnie. «Par exemple, si l'entreprise a inscrit des clauses de développement durable dans sa politique voyages, la SNCF peut se targuer d'être moins polluante que les compagnies aériennes», note Anne-Laure Gogeon.

En fonction de son potentiel de consommation ferroviaire, I'entreprise se verra proposer l'une des offres suivantes: l'abonnement Pass'Entreprise ou les Contrats Partenaires. Le premier s'adresse plus particulièrement aux PME. Il leur permet de bénéficier d'une réduction systématique de 5% sur les voyages en train pour les déplacements en France métropolitaine (grandes lignes et TER) et de 20% de réduction avec un partenaire de la SNCF pour la location d'une voiture d'un à quatre jours en semaine (Avis, NDLR). Il n'y a donc pas de négociation possible des tarifs ferroviaires. L'offre Pass'Entreprise est basée sur le principe d'une adhésion d'un an, avec reconduction possible chaque année. Elle donne lieu à la délivrance de cartes éditées au nom de l'entreprise et utilisables par tous ses collaborateurs lors de leurs déplacements. Moyennant 150 euros, un lot de dix cartes est attribué dès l'adhésion à l'offre. Il est ensuite possible d'acquérir un à quatre lots supplémentaires sur la base de 50 euros chacun.

De leur côté, les Contrats Partenaires s'adressent aux grands comptes dont le budget rail atteint au moins 45 000 euros par an. Contrairement au Pass'Entreprise, il s'agit là d'un contrat sur mesure, élaboré avec la société. «Il n'y a pas véritablement de négociation, reproche néanmoins Anne-Laure Gogeon. La SNCF propose un pourcentage de remise à la fin de l'année et pour chaque classe, sur le budget rail de l'entreprise. Au mieux, il est possible de négocier des cartes Grand Voyageur gratuites qui permettent aux salariés de cumuler des points de fidélité». Ici, le service achats entre en relation avec un «chargé de clientèle Entreprises» dont la mission est de proposer une offre en cohérence avec les besoins et les attentes des sociétés. «Certains grands groupes arrivent à négocier des remises sur le prix des billets pour des destinations et des volumes très précis, mais la SNCF veut abandonner ce genre de pratiques», conclut Anne-Laure Gogeon. La compagnie ferroviaire se veut visiblement aussi intransigeante sur ses tarifs que sur la ponctualité de ses trains.

Bientôt l'Internet pour traufliller dans les TGV

Pour encourager les voyageurs d'affaires à privilégier le train, la SNCF apporte depuis quelques années de petites améliorations dans les TGV, principalement en 1re classe. Par exemple, des prises de courant sont désormais disponibles dans toutes les rames duplex et systématiquement prévues sur tout le matériel rénové, pour brancher son ordinateur portable ou recharger la batterie de son téléphone mobile. Liseuse, appui-tête oreiller, porte-revue, porte-objets, range-titres de transport et possibilité de réserver un fauteuil dans le sens de la marche sont quelques-unes des nouvelles améliorations proposées par la SNCF ces dernières années. Mais la véritable révolution pourrait bien être pour demain. La compagnie va en effet tester, à l'automne, l'accès à Internet et à un portail multimédia au sein des rames du nouveau TGV Est Européen. Pour mener à bien ce projet, qualifié de «véritable défi technologique», la SNCF a choisi, à l'issue d'un appel d'offres européen, la solution des entreprises Orange Business Services (qui assure la maîtrise d'oeuvre de l'ensemble du projet), Capgemini (développement du portail multimédia et positionnement marketing), Alstom (en charge des équipements wi-fi et des serveurs embarqués) et Eutelsat (réseau satellite). L'objectif est notamment d'offrir une connexion continue aux passagers tout le long de leur parcours, et ce même à plus de 320 km/h. En fonction de la performance offerte et des attentes des utilisateurs, la SNCF décidera mi-2008 des suites à donner à ce service destiné à être commercialisé par la suite auprès des clients TGV.

 
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Sébastien De Boisfleury

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