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Le Siseg s'interroge sur les espaces de travail

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Open spaces, desk sharing... Si la recherche d'un aménagement optimal des bureaux est fréquente, elle ne doit pas se faire au détriment de l'humain. Telle est la conclusion de la conférence inaugurale du Siseg qui a réuni des spécialistes des services généraux... et un philosophe !

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Un environnement de travail peut être considéré comme performant, tant d'un point de vue technique qu'en termes d'aménagement ou de services aux collaborateurs. Ce n'est pas pour autant que les salariés eux-mêmes seront performants. » En rappelant, lors de la conférence inaugurale, que l'humain devait rester au centre des organisations mises en place dans les entreprises, Michel Lagrave, directeur du pôle Business d'AOS Studley, une société de conseil en immobilier, a donné le ton de l'édition 2010 du Siseg (du 16 au 18 mars). Un propos qui n'a pas laissé indiférent le philosophe Jean-Pascal Farges, invité à cette conférence pour jouer les trouble -fête. « J'ai le sentiment que les structures sont en mode survie et que les organisations se sont rigidifées. Etablir une stratégie d'entreprise est une chose mais, quoi qu il advienne, celle-ci sera dificile à mettre en oeuvre si les gens sont épuisés. Il est nécessaire de repenser nos environnements de travail », a-t-il conseillé.

En bref

Le Siseg, qui se définit comme le salon de l'environnement de travail, s'est tenu du 16 au 18 mars derniers, au Parc des expositions de la Porte de Versailles, à Paris. La manifestation a réuni 217 exposants et attiré plus de 7 000 visiteurs.

-Témoignages
En direct des allées du salon

Anne-Marie de Luzy, responsable des services généraux, groupe France Agricole «J'apprécie particulièrement les conférences proposées par le Siseg, car elles me permettent d'actualiser certaines informations et de me former à diverses thématiques-clés. Je profite aussi de cet événement pour rencontrer mes fournisseurs. Ceci étant, je constate que certains exposants majeurs sont absents cette année, surtout dans les secteurs du courrier et de la téléphonie. »


Louis Aluchon, responsable des services généraux, Sportfive
«Je me rends au Siseg pour faire mon marché : connaître les dernières innovations et faire le plein de contacts. Ce sont surtout les solutions proposées en matière de développement durable dans le secteur de la propreté et des transports qui m'ont intéressé, car ce sont les principaux chantiers sur lesquels je planche actuellement. »


Céline Cheam, acheteuse internationale, Crédit Agricole


B«Ce salon est particulièrement utile car il présente un condensé de l'offre existante dans toutes les familles d'achats, notamment en matière de Facilities Management. Je suis également venue aujourd'hui pour en savoir un peu plus sur la sous-traitance avec les secteurs adapté et protégé. »
Céline Jeanguillaume, responsable des services généraux, Norton Rose
«Je suis à la recherche de solutions pour mieux communiquer en interne sur notre action en matière de développement durable. J'ai eu l'opportunité de piocher quelques idées intéressantes sur le salon, tel qu'un système de signalétique proposé par l'un des exposants.»


Marina Girault, responsable achats, Cristal Union «Moi qui connaissais assez mal ce salon, je suis aujourd'hui agréablement surprise. J'ai rencontré mes fournisseurs stratégiques, mais également noué des contacts avec de nouveaux partenaires. J'ai ainsi développé mon sourcing tout en faisant de la veille technologique. »


Patrice Bacquet, chargé de mission achats, Cnav «Je cherche à favoriser l'introduction de clauses sociales et environnementales dans les appels d'offres publics. En venant au Siseg, j'ai pu dégager quelques pistes de réflexion. Notamment en matière de sous-traitance avec le secteur adapté mais aussi de flotte automobile à la fois écologique et économique. »

Des aménagements liés à la culture du pays

D'accord sur le fond, François Delatouche, directeur immobilier et services aux collaborateurs chez Bouygues Telecom, également président de l'Association des responsables des services généraux (Arseg), a néanmoins rappelé que les environnements de travail en France ne sont pas moins ni plus performants qu'à l'étranger.

« Nous n'avons pas à rougir de ce qui se pratique chez nous. Je peux même affirmer que certains aménagements dans des pays comme les Etats-Unis ou le Japon seraient totalement impensables en France. L'aménagement d'un environnement de travail est intimement lié à la culture d'un pays », a-t-il souligné.

Inévitablement, la problématique de l'open space s'est invitée au centre des débats. Tous les intervenants ont mentionné la nécessité d'aménager, via le mobilier de bureau, des environnements à taille humaine. « Chaque collaborateur doit avoir l'impression de maîtriser son espace de travail et non pas de le subir, a insisté François Delatouche. Chez Bouygues Telecom, rien que le fait de mettre une lampe de bureau sur chaque poste a eu un effet positif. » L'aménagement de petits espaces privatifs à l'intérieur des open spaces, pour se réunir ou s'isoler, est désormais recommandé. Tout comme l'augmentation du nombre de salles de réunion voire d'espaces collectifs ludiques (salles de détente et de sport, cafétéria). En revanche, le concept de bureau partagé - desk sharing en anglais - soulève beaucoup d'interrogations. Venue des pays anglo-saxons, cette forme d'aménagement consiste à ne plus attribuer nominativement un bureau à chacun. De fait, les collaborateurs sont amenés à partager des postes de travail au sein d'un même espace. « Il ne faut pas se tromper de débat, a toutefois indiqué Michel Lagrave (AOS Studley). Ce n'est pas le desk sharing en lui-même qui permet de faire des économies de mètres carrés, car vous aurez toujours besoin

d'espaces collectifs en plus. Mais c'est cette nouvelle forme d'organisation du travail, qui, éventuellement, sera source d'économies. » Le développement du télétravail, grâce aux nouvelles technologies, participe en tout cas à la remise en cause des bureaux individuels. « Il faut en être conscient. Nous allons vivre une révolution », a même prédit François Delatouche (Bouygues Telecom). « Une confusion de temps et de lieu pour le travail » qui inquiète toutefois le philosophe Jean-Pascal Farges.

Influencer les directions générales

Au final, chaque intervenant a convenu qu'il est dificile de mesurer la performance d'un environnement de travail. « Nous disposons de quelques indicateurs RH, comme le taux d'absentéisme. Les résultats de l'entreprise traduisent également la performance de nos collaborateurs et par là même la qualité de l'environnement de travail dans lequel ils évoluent. Mais il n'est pas toujours évident de faire le lien », a témoigné François Delatouche. Quoi qu'il en soit, pour les spécialistes de l'aménagement des espaces de travail, les mesures prises ou envisagées ne doivent pas se baser sur la recherche d'économies à court terme. « Or, les responsables des services généraux me paraissent un peu en retrait. Ils doivent absolument monter en compétence pour éclairer les directions générales sur les bonnes décisions à prendre », a conclu Jean-Pascal Farges. Une aspiration à un rôle plus stratégique qu'ont bien connue - et que connaissent encore - les responsables achats.

 
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Sébastien De Boisfeury, Charles Cohen

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