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La volatilité des matières premières est un phénomène durable

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Un pétrole à 105 ou à 122 dollars? Difficile de prédire le coût de cette énergie pour 2011, sur fond de guerre en Libye. L'économiste Marc Touati nous livre son analyse. Il prédit également une forte volatilité du cours des matières premières dans les années à venir.

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Poussé par les crises égyptienne et libyenne, le baril de brent a franchi la barre des 100 dollars, au plus haut depuis deux ans. Quels sont vos pronostics sur l'évolution du prix du pétrole?

Marc Touati: Toutes les matières premières, pétrole, plastique, mais aussi des matières premières agricoles comme le coton, sont en hausse depuis le printemps 2009. Cette hausse est tout à fait normale et logique. Car la croissance mondiale est forte grâce, notamment, aux pays émergents comme la Chine et l'Inde. Après avoir atteint 5 % en 2010, la progression du PIB mondial devrait être de 4 % en 2011 et 2012. Avec une telle croissance, le prix normal moyen du pétrole sur l'année devrait se situer, selon moi, autour de 95 dollars en 2011 et de 105 dollars en 2012. En mars, pourtant, le prix du brent a grimpé jusqu'à 120 dollars. Ce sont les incertitudes politiques liées aux émeutes au Moyen-Orient et aux affrontements en Libye qui créent une hausse excessive et spéculative. Le risque est de voir le baril se maintenir autour de 120 dollars, ce qui casserait la croissance. Si la spéculation actuelle va trop loin, le risque est réel.

Vers quel autre type d'énergie alternative les acheteurs peuvent-ils se tourner pour contenir leurs coûts?

La seule vertu d'un pétrole cher, c'est qu'il nous oblige à penser à l'après-pétrole, en se tournant vers l'électrique, le photovoltaïque. Avec la catastrophe de Fukushima au Japon, on devrait cependant assister à un renforcement de la sécurité des centrales nucléaires. Ce qui pourrait renchérir, à plus long terme, le coût de l'électricité. Le seul moyen de faire de la croissance infinie, durable, dans un monde fini, c'est en optimisant l'existant au travers du progrès technologique. La dernière révolution technologique à laquelle nous avons assisté est celle des NTIC (nouvelles technologies de l'information et de la communication). Je pense que deux prochaines révolutions se préparent: les NTE (nouvelles technologies de l'énergie) avec le photovoltaïque, l'éolien... et les NTA (nouvelles technologies de l'agroalimentaire) en référence aux OGM. De nouvelles perspectives s'ouvrent avec les nanotechnologies, qui permettent également de réduire la consommation de pétrole.

Cette forte volatilité des cours à l'échelle mondiale est un phénomène nouveau. Quels conseils donneriez-vous aux acheteurs des grandes entreprises pour gérer cette contrainte?

Aujourd'hui, être à l'affût des innovations technologiques est incontournable. Il faut aussi savoir s'adapter à cette forte volatilité des matières premières. Elle est devenue structurelle. Et elle ne touche pas seulement le prix de l'énergie, on l'a constaté l'an dernier sur le blé, à la suite des incendies en Russie, ou actuellement sur le cacao avec la crise politique en Côte d'Ivoire.

Les grandes entreprises doivent mettre en place des outils de veille, que ce soit en interne ou en externe à l'aide de spécialistes. A elles également de développer leur couverture des risques en achetant des options sur les marchés des Futures par exemple.

 
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Claude Alpi

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