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La valeur résiduelle, la clé de la rentabilité d'une politique auto

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La valeur résiduelle d'un véhicule loué en longue durée influe directement sur la composition des flottes d'entreprise. Et pour cause: plus le véhicule se revend facilement, plus le loyer est faible. Le calcul de cette valeur de revente revient au loueur, en tant que gestionnaire des risques.

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Les temps sont durs pour les gestionnaires de parcs. Face au marasme qui touche le marché automobile et notamment celui des véhicules d'occasion, les loyers des véhicules dans les contrats de location en longue durée (LLD) ont tendance à augmenter. Pour limiter cette hausse, les responsables de flotte au sein des entreprises ont intérêt à miser sur des modèles bénéficiant d'une valeur résiduelle importante. En effet, ce critère s'avère déterminant dans la composition d'un parc et s'impose comme la donnée principale d'un contrat de LLD. Et pour cause: plus un véhicule est prisé sur le marché de l'occasion, plus son loyer est faible. De cette façon, «un modèle plus cher à l'achat, mieux équipé et plus puissant peut bénéficier d'un loyer plus attractif qu'un véhicule de gamme inférieure, en fonction de sa cote sur le marché de l'occasion», explique Olivier Rigoni, fondateur du cabinet de conseil en gestion de flotte Cogecar.

Fabrice Mulotti, GCE Car Lease

«S'il y a des tendances générales, chaque loueur estime la valeur de revente en fonction de ses convictions.»

Statistiques externes et intuition

La valeur résiduelle correspond donc à l'estimation du prix de revente du véhicule et représente en moyenne 35 à 50% de son coût total. Effectué par le loueur, son calcul prend en compte plusieurs aspects. Le premier d'entre eux repose sur des sources statistiques externes. Chez Parcours, par exemple, les estimations de l'Argus de l'automobile constituent la base de travail. Les ventes des véhicules, leur durée de vie et leur possible renouvellement par les constructeurs influent sur la cote des différents modèles et des marques. A cette base, les loueurs ajoutent leurs propres prévisions. «Cette cote personnelle est établie à partir de nos constats, explique Fabrice Mulotti, directeur des systèmes d'information et organisation chez GCE Car Lease, qui réunit ses équipes deux fois par mois pour mettre à jour ces données. Et s'il y a des tendances générales, chaque loueur peut imaginer un scénario différent pour un même modèle en fonction de ses convictions et de son intuition.»

Composantes essentielles de ces cotes, les options. Certaines d'entre elles, dites valorisantes, facilitent la revente d'un véhicule. La climatisation, l'intérieur cuir, le GPS, le toit ouvrant et le régulateur de vitesse deviennent peu à peu incontournables. Sur certains modèles haut de gamme, comme une Peugeot 607, l'absence de l'une de ces options s'avère pénalisante. «Une routière sans GPS ne se revendra pas ou alors difficilement, car ce segment sous-entend un niveau d'équipement riche», assure Jérôme Munck, directeur commercial du loueur Parcours. A l'inverse, «une petite citadine équipée de sièges en cuir ne présente aucun intérêt», souligne-t-il. Reste au gestionnaire de parc de l'entreprise de prendre en compte ces critères dans sa car policy et de choisir les modèles les plus adaptés à ses différents collaborateurs: un commercial qui traverse la France quotidiennement ne partage en effet pas les mêmes besoins qu'un collaborateur dont les déplacements, ponctuels, se limitent à la région.

Néanmoins, les valeurs de reventes estimées ne sont jamais gravées dans le marbre. L'évolution du marché peut changer la donne. Dans un contrat de 90 000 kilomètres sur trois ans, par exemple, il est probable de voir la cote d'un véhicule baisser en fonction de multiples paramètres extérieurs tels que la crise que subit le secteur depuis plusieurs mois.

L'état, la longévité, les options d'un véhicule sont quelques-uns des critères à prendre en compte pour en estimer la valeur résiduelle.

Le loueur assume les risques

Mais pas d'inquiétude pour les gestionnaires de parc: le loueur est un gestionnaire de risque qui assume les conséquences d'éventuels changements. «Cette prise de risque est notre métier, confirme Fabrice Mulotti (GCE Car Lease). Le contrat de location longue durée est un engagement de notre part. Quelle que soit l'évolution du marché, l'entreprise n'a pas à en subir les conséquences.» Résultat: il n'est pas rare de voir des loueurs perdre de l'argent lors des reventes. Avec la crise, ces dernières sont souvent inférieures de 10% aux prévisions. Et si le changement de loyer mensuel est possible, il intervient seulement lors d'un réajustement du contrat engendré par une utilisation différente de l'accord initial: un kilométrage inférieur ou supérieur, par exemple.

Si le risque est du ressort du prestataire, il appartient en revanche à l'entreprise, donc au conducteur et au responsable de la flotte, de prendre soin du véhicule loué. «L'utilisation doit être conforme au contrat qui stipule que le véhicule doit être rendu en bon état», prévient Jérôme Munck (Parcours). Pour absorber les petites éraflures inévitables en deux ou trois ans de route, une franchise peut être établie par le loueur. Pour les incidents plus conséquents (bas de caisse abîmé, carrosserie froissée, etc.), les frais de dépréciation sont généralement facturés au client pour compenser la moins value générée sur la revente. «Car une voiture est toujours revendue en l'état», souligne Jérôme Munck (Parcours). L'expertise du loueur et certains logiciels spécialisés permettent d'estimer ces frais et de cerner les données le plus objectivement possible.

Jacqueline Suzenne-Julien, gestionnaire de parc auto, AG2R La Mondiale

Jacqueline Suzenne-Julien, gestionnaire de parc auto, AG2R La Mondiale

Témoignage
«Un second loueur pour éviter la hausse des valeurs résiduelles»

Le groupe AG2R La Mondiale s'en sort bien. Juste avant que le secteur automobile ne s'effondre, il a changé l'un de ses loueurs. A l'issue d'un appel d'offres, l'assureur a retenu DCS Fleet comme second prestataire, aux côtés d'ING Car Lease. Un choix qui a permis à sa flotte automobile de ne pas subir la hausse des valeurs résiduelles des véhicules. «Je travaille avec deux loueurs car il y en a toujours un qui se positionne mieux que l'autre au niveau des loyers, qui peuvent varier, pour une même voiture, de plus de 100 euros», explique Jacqueline Suzenne-Julien, gestionnaire du parc auto et membre du bureau de l'Agora des responsables de flottes automobiles (Arfa). Sans ce changement de fournisseur, «la hausse aurait été importante», assure-t-elle. Résultat: alors que l'augmentation moyenne des prix des véhicules en 2008 s'est établie à 3,5%, les loyers de la flotte du groupe n'ont grimpé que de 2,7%. Pour éviter la dégradation des véhicules en fin de contrat, les collaborateurs sont tenus d'en prendre soin. En cas de frais de réparation trop grands, «une participation leur est demandée», note la gestionnaire du parc. Pour composer sa flotte, divisée en cinq segments avec chacun cinq marques (Citroën, Peugeot, Renault, Volkswagen et Ford), AG2R La Mondiale prend aussi en compte l'aspect environnemental. 70% du parc bénéficie d'un bonus de 700 euros. «Pour alléger la facture, nous privilégions les véhicules qui émettent moins de 120 g de CO2/km», précise Jacqueline Suzenne-Julien.


AG2R La Mondiale
ACTIVITE
Protection civile et patrimoniale
CHIFFRE D'AFFAIRES 2007
5,3 milliards d'euros
EFFECTIF
7 100 salariés
FLOTTE
450 véhicules

 
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ROMAIN RIVIERE

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