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La LLD à la conquête des collectivités

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Plébiscitée dans les grandes entreprises, la location longue durée commence à séduire les collectivités. Une solution qui permet souvent de réaliser des économies et exige une connaissance précise et complète de ses besoins.

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Depuis 2003, Saint-Fons (Rhône) externalise sa flotte automobile au compte-gouttes, en remplaçant chaque voiture vieillissante par la location longue durée (LLD) d'un nouveau véhicule. Malgré un surcoût, la formule offre davantage de tranquillité pour la commune car le loueur assure la gestion et propose des services supplémentaires, comme le remplacement immédiat d'un véhicule volé ou accidenté. A l'instar de Saint-Fons, le secteur public adopte peu à peu la LLD. «Le marché des collectivités est très dynamique»^ résume Yves-Marie Legrand, directeur général adjoint de Dexia LLD, filiale de BNP Paribas. Ce loueur a ainsi recensé plus de 800 publications de marchés publics en 2007, contre 330 en 2005. «Depuis quelques années, les acheteurs publics s'intéressent de plus en plus au budget automobile de leur collectivité, qui représente souvent le deuxième poste de dépenses après les salaires, estime Yves-Marie Legrand. Et pour réduire ce budget, ils optent le plus souvent pour la LLD.» Les besoins justifiant le recours à la location sont très différents d'une collectivité à l'autre. Néanmoins, certaines tendances se dessinent. Pour Bernard Roland, fondateur du cabinet de conseil BRC, la LLD est surtout pratiquée pour les véhicules haut de gamme. La location trouve également son intérêt lors du renouvellement d'un parc vieillissant, dont les coûts d'entretien sont élevés. «Dans ce cas, le budget investissement de la collectivité n est pas toujours suffisant pour acheter de nouvelles voitures. Il peut paraître plus simple de recourir à la LLD», explique-t-il. En outre, l'offre des loueurs permet à la collectivité de choisir des modèles plus variés que si elle devait les acheter elle-même.

Jean-François Chanal, président du Syndicat national des loueurs de voiture en longue durée

«Les problématiques des collectivités deviennent les mêmes que celles des entreprises.»

Les mentalités ont évolué

Cette externalisation croissante des flottes automobiles traduit-elle un changement des mentalités dans la sphère publique? «Traditionnellement, les fonctionnaires sont réticents à voir les loueurs privés prendre en charge ces services», rappelle Bernard Roland (BRC). De son côté, Jean-François Chanal, président du Syndicat national des loueurs de voiture en longue durée (SNLVLD), estime que cette tendance s'inscrit dans la logique des choses. «Les collectivités externalisent déjà un certain nombre de prestations, comme la restauration, notamment pour réduire leurs coûts. Leurs problématiques deviennent les mêmes que celles des entreprises», observe-t-il. Selon Yves-Marie Legrand (Dexia LLD), certains acheteurs publics sont plus ouverts que d'autres. «Dans les grandes collectivités, les acheteurs publics sont déplus en plus souvent issus du privé, et donc beaucoup plus sensibles à la LLD.»

Les réticences de certains acheteurs publics s'expriment surtout sur le plan économique. En matière d'achat de véhicules, le secteur public possède un avantage sur le privé. L'achat demeure très intéressant en raison du fonds de compensation de la TVA (FCTVA). Ce dernier permet à la personne publique de récupérer 15,82% du prix total d'acquisition d'un véhicule. Mais dans un contexte de maîtrise des coûts de fonctionnement, les loueurs affirment que, dans la plupart des cas, la LLD permet de réduire la note de 15 à 25%. «Et ce, récupération de TVA incluse», précise Yves-Marie Legrand (Dexia LLD). Toutefois, pour atteindre ce résultat, il est impératif d'avoir une vision très fine de ses besoins et de ses consommations. En effet, à défaut, le poste de dépenses consacré à l'automobile peut connaître une augmentation démesurée à la suite de l'adoption de la LLD, à l'instar de la ville de Vichy (lire encadré ci-dessus).

Des freins à la LLD

Choisir la location longue durée au détriment de l'achat peut donc s'avérer peu rentable. Et ce, pour plusieurs raisons. Tout d'abord, les collectivités ne peuvent pas récupérer la TVA, ce qui est en revanche possible en cas d'achat. Ensuite, elles paient indirectement la taxe professionnelle. Le loueur est en effet soumis à cet impôt et l'inclut dans le prix de sa prestation. Le surcoût moyen atteint 3,5% du loyer annuel. Enfin, selon Bernard Roland (BRC), «les remises consenties par les constructeurs automobiles aux loueurs sont moins élevées que celles dont peuvent bénéficier les collectivités via leurs marchés publics». En conséquence, selon lui, «le recours à la LLD reste plus cher de 20 à 25% que Tachât, si Ton s'en tient au strict loyer financier

Pour ce dernier, l'intérêt majeur pour la collectivité réside dans l'externalisation des prestations d'entretien et de réparation. Pourtant, en théorie, un garage intégré et bien géré doit coûter moins cher que le recours à un garage privé, dont les prestations sont souvent facturées au prix fort. Mais, dans la pratique, il s'avère que les coûts en interne peuvent être de 40 à 100% plus élevés pour cause de mauvaise gestion. «Si la collectivité ne parvient pas à améliorer ce point noir et à réduire ses coûts, il vaut mieux quelle sous-traite au privé pour réaliser des économies», conclut Bernard Roland (BRC). Deux possibilités s'offrent alors: la négociation avec les constructeurs d'un forfait maintenance et réparation tout compris à un tarif mensuel préfixé ou bien le paiement au coût réel à chaque intervention auprès d'un garage privé. «Un choix qui nécessite un contrôle étroit des factures», prévient Bernard Roland.

Une gestion simplifiée de la flotte

Les motivations poussant les collectivités vers la LLD ne se résument pas uniquement au critère économique. «Une flotte automobile renouvelée fréquemment valorise la collectivité, explique Yves-Marie Legrand (Dexia LLD). En interne, les agents en tirent satisfaction car leurs conditions de travail sont améliorées. Or, seule la location permet de bénéficier d'une flotte entièrement neuve.» Autre argument de poids: la LLD simplifie la gestion quotidienne de la flotte car le prestataire prend en charge l'ensemble des démarches administratives. Ce service est un critère important aux yeux des collectivités. La formule inclut la voiture, son entretien, son assistance ainsi que la revente du véhicule, tout en préservant les capacités d'endettement de la collectivité. D'autre part, les prestataires proposent des contrats-cadres appelés «grilles de flexibilité» ou «de transparence». Lesquelles permettent de moduler les termes du contrat initialement conclu, pour l'adapter par exemple au nombre de kilomètres parcourus et à la durée de location réelle. Car, dans la pratique, le kilométrage réalisé peut s'avérer très différent des prévisions. La souplesse de gestion de flotte se révèle d'autant plus nécessaire que les budgets sont serrés. Ce mode de gestion «permet déparier d'équilibre budgétaire, assure Yves-Marie Legrand (Dexia LLD). Le principe de loyers fixes sur la durée des contrats est un avantage en termes de prévision, de sécurité et de lisibilité budgétaire», ajoute-t-il. Un atout qui séduit de plus en plus de collectivités.

Pierre Buisson, responsable du service technique de la ville de Vichy

Pierre Buisson, responsable du service technique de la ville de Vichy

Expérience

Vichy: de l'achat à la LLD... à l'achat!


La ville de Vichy a testé la LLD avant de revenir, finalement, à l'achat. En 2001, cette commune de l'Allier souscrit un contrat LLD portant sur 20 véhicules légers pour trois ans. Le coût: 207 euros par voiture et par mois. Le contrat prévoit que les Clio climatisées ne doivent pas dépasser 15000 kilomètres par an. De plus, il n'inclut pas l'assurance, la carrosserie et les pneumatiques. But recherché? Réduire le budget investissement de la ville. Mais au bout de deux ans, la collectivité se rend compte que la LLD lui coûte quasiment deux fois plus cher que l'achat de véhicules de même modèle, revendus au prix de l'Argus au bout de trois ans. Elle décide donc de revenir à ce mode d'acquisition, en profitant des prix attractifs de rachat des voitures qu'elle avait en LLD. «Les véhicules étaient destinés aux cadres supérieurs. Or, nos contrats ne correspondaient jamais à leurs besoins effectifs, compte tenu du turnover important. En effet, quand nous options pour un faible kilométrage, le conducteur habitait à Clermont-Ferrand et dépassait largement le quota prévu. Et inversement. Il n'y avait pas de cohérence», explique Pierre Buisson, responsable du service technique de la ville de Vichy. Et d'ajouter: «Au prix catalogue, la LLD peut revenir moins cher. Mais avec les remises, la donne change!» Néanmoins, depuis la fermeture de son garage intégré il y a quelques années, Vichy continue d'externaliser ses prestations d'entretien et de réparation.


Vichy
DEPARTEMENT Allier
HABITANTS 27 000
BUDGET 62 millions d'euros

Fiscalité

Attention au critère environnemental


Dans sa réflexion sur l'achat ou la LLD, l'acheteur doit intégrer le critère environnemental. Les normes européennes destinées à ramener les émissions à 120 g de CO2 par kilomètre d'ici à 2012 ont engendré de nouvelles mesures fiscales à destination des entreprises et des collectivités. Selon le taux de rejet, la Taxe sur les véhicules de société (TVS) peut varier sensiblement. En outre, des modèles de même catégorie peuvent être plus ou moins polluants d'une marque à l'autre.

Expérience

Brive-la-Gaillarde conclut un accord-cadre pour 100 véhicules en LLD


La mairie de Brive-la-Gaillarde a conclu en janvier dernier un accord-cadre d'un an renouvelable portant sur l'acquisition en location longue durée d'une centaine de véhicules. De la petite citadine à la berline, en passant parles monospaces, le marché a été divisé en six lots. «Auparavant, nous gérions tes appels d'offres au coup par coup. Mais cela engendrait des dépenses supplémentaires», relate Jean-Claude Rusterholtz, directeur de la stratégie, de la logistique et des achats de la commune.
La collectivité a adopté la LLD en 1995, dans un contexte de flotte vieillissante. «L'investissement était trop lourd à l'époque, nous ne pouvions pas remplacer la totalité de la flotte en une seule fois», explique le directeur. En plus de la location des voitures, la ville bénéficie d'un contrat d'entretien et de gestion des pneumatiques, ainsi que la possibilité d'obtenir un véhicule de remplacement en cas de réparation. Pourtant, cette solution est plus onéreuse. «L'achat nous reviendrait moins cher en raison de la récupération partielle de la TVA», admet Jean-Claude Rusterholtz.


Brive-la-Gaillarde
DEPARTEMENT Corrèze
HABITANTS 55 000
BUDGET 110 millions d'euros

 
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Romain RIVIERE

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