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L'IT fait son bilan carbone

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De plus en plus d'entreprises se penchent sur la question du bilan carbone de leur infrastructure IT pour optimiser le fonctionnement des équipements et réduire leur consommation d'énergie.

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Depuis le 1er janvier, les entreprises de plus de 500 salariés et les collectivités locales de plus de 50 000 habitants ont pour obligation de publier un bilan carbone sur leurs émissions de gaz à effet de serre. « Beaucoup de grandes entreprises n'ont pas attendu la parution du décret pour engager des démarches en ce sens, reconnaît Laurent Molinari, directeur associé de Zen'to, société de conseil spécialisée dans le développement durable. Mais il y a trois ou quatre ans, ces bilans n'intégraient pas l'impact des technologies de l'information dans l'empreinte carbone dune organisation. Aujourd'hui, les choses évoluent, les entreprises ont pris conscience qu'il y avait des gisements d'économies à réaliser en prenant en compte les cycles de vie des matériels informatiques et télécoms, leur consommation énergétique et la gestion des déchets. »

Les enjeux sont de taille. En optant pour des équipements moins impactants en termes d'émissions de CO2 dès la phase de conception et de fabrication, et qui offrent la meilleure garantie de longévité, une entreprise peut réduire son empreinte carbone de 20 %. « Un équipement consomme entre 20 et 80 fois plus de CO2 dans sa phase de conception et de fabrication que pendant la première année d'utilisation, confie Tristan Labaume, directeur général de Greenvision, société spécialisée dans l'efficience énergétique des systèmes informatiques. Une fois que vous avez le matériel, il faut piloter les usages pour réduire la consommation électrique. Mais pour cela, il est nécessaire de savoir de quoi on parle. Il est difficile d'optimiser un matériel si on ne sait pas comment il fonctionne et quel est son usage. C'est là qu'intervient le bilan carbone. » Deux grands types d'acteurs se sont positionnés sur ce marché: les généralistes, comme Climat Mundi ou EcoAct, qui intègrent l'IT dans des bilans carbones mesurant l'empreinte environnementale globale d'une entreprise, et les petites structures, comme Zen'to, Greenvision ou Evernity. Celles-ci se sont créées pour se spécialiser sur le segment de l'IT, une dizaine d'entre elles s'étant d'ailleurs regroupées au sein de l'Alliance Green IT (Agit).

En toute indépendance...

« Le choix du prestataire s'effectue selon deux grands critères, estime Laurent Molinari (Zen'to). Le premier, c'est l'indépendance. Dans les appels d'offres, on voit souvent des fournisseurs de solutions de monitoring énergétique se positionner. Or, pour établir un plan d'action et des préconisations, il faut être indépendant des éditeurs de solution qui existent sur le marché. Le second critère, c'est l'expertise du prestataire. Ce dernier doit être habilité à utiliser des méthodes de comptabilité carbone. Et sur des sujets aussi pointus, mieux vaut s'adresser à un cabinet qui possède le background informatique et télécoms nécessaires, car le consultant en charge de réaliser le bilan carbone rencontrera des DSI, des hébergeurs, des responsables de centres d'exploitation, des architectes réseau... »

Un bilan carbone SI démarre toujours par une phase de «défrichage» durant laquelle le consultant récupère des informations sur toutes les composantes du green IT: les postes de travail, les déchets électroniques... Cela implique de se pencher sur l'organisation propre de l'entreprise et celle de ses sous-traitants. «En général, complète Tristan Labaume (Greenvision), on met aussi dans la boucle les services RH, lorsqu'il y a des déplacements de personnels à considérer, les services achats sur l'eau, le fioul, la consommation d'électricité... »

De substantielles économies

Une fois les interlocuteurs identifiés, le consultant récolte les données quantitatives et qualitatives qui vont lui permettre d'avoir une vision claire de l'infrastructure IT «Il ne faut pas se contenter de les interroger sur le nombre de postes ou la consommation d'énergie, précise Laurent Molinari (Zen'to). Il est tout aussi important de bien comprendre comment sont gérés ces indicateurs et avec quel suivi. » Toutes ces données sont compilées dans un tableau ou via des applications web. Le fruit de cette compilation débouche sur la rédaction d'un rapport qui quantifie et hiérarchise les émissions de CO2 de l'ensemble du périmètre étudié, en les associant à des indicateurs opérationnels comme le nombre d'utilisateurs servis, l'espace de stockage, le volume de données stockées... «Dans nos rapports qui sont orientés sur les consommations énergétiques converties en CO2, souligne Tristan Labaume (Greenvision), nous sommes capables d'entrer dans le moindre détail en déterminant par exemple la consommation de tel PC, de tel équipement ou de tel data center. » C'est sur la base de ce rapport que se construit le plan d'action à moyen et long termes qui va permettre d'optimiser ou de réduire les émissions de CO2, ainsi que les consommations d'énergie sur tous les équipements qui affichent un niveau de consommation inadapté parce que trop ou pas assez utilisés. Pour mesurer l'efficacité dans le temps de toutes ces actions, il faut mettre en oeuvre des solutions de pilotage énergétique qui vont suivre la consommation des bâtiments, des postes de travail et des data centers afin d'ajuster de manière opérationnelle la consommation et l'évolution de son parc. Ce faisant, les entreprises peuvent espérer réaliser des économies, avec des réductions de 20 à 40 % sur la facture électrique. «Ainsi, nous avons déployé une solution de pilotage énergétique des postes de travail dans une grande chaîne de télévision, illustre Tristan Labaume. Moins d'un an plus tard, la facture énergétique avait diminué de 63 %. » Un argument sonnant et trébuchant qui contribue à populariser le bilan carbone IT dans les organisations...

Philippe Bernard, GFI

Philippe Bernard, GFI

Témoignage
«Notre consommation d'énergie a baissé de 15%»

La SSII GFI s'est engagée fin 2009 dans le bilan carbone de son infrastructure IT. Parmi trois prestataires consultés, c'est Zen'to qui a remporté le marché et réalisé l'audit. «C'était à la fois simple et compliqué, se rappelle Philippe Bernard, responsable du développement durable de GFI. Simple parce que les questions posées n'avaient rien d'insurmontable: combien avez-vous de data services et de serveurs?
Quelle est votre consommation électrique? Compliqué parce que toutes ces données fluctuent en fonction de l'activité. » Du rapport remis à l'entreprise, il ressort que la consommation est de 1,4 kilotonne de gaz à effet de serre par collaborateur. Un résultat satisfaisant, mais qui laisse transparaître de nombreuses pistes d'amélioration. «Le rapport mettait en relief des évidences comme la régénération du parc ou le déploiement de machines virtuelles pour lequel nous avions développé de réelles compétences.»
Deux ans plus tard, Philippe Bernard dresse un bilan positif: «En interne, nos salariés ont apprécié que l'entreprise s'engage dans cette démarche. Quant à nos clients, ils sont de plus en plus nombreux à afficher leur sensibilité aux questions RSE. Pour ce qui est de la consommation d'énergie, elle a baissé de l'ordre de 15 % grâce aux différentes mesures que nous avons engagées.»


GFI
ACTIVITE
SSII
CHIFFRE D'AFFAIRES 2011
618,1 MEuros
EFFECTIF TOTAL
9400 salariés
VOLUME D'ACHATS 2011
30 MEuros
EFFECTIF ACHATS
4 salariés

 
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Yves Rivoal

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