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En route pour l'autopartage en libre service

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Les collectivités territoriales multiplient les projets de location en libre service de flottes composées de véhicules électriques. Le but? Initier les citoyens aux pratiques de l'autopartage et à l'usage des véhicules propres. Un déploiement qui implique un financement lourd et la délégation de services publics auprès du constructeur.

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A gauche, la «BlueCar» d'Autolib', le véhicule électrique en libre service de Paris.

A gauche, la «BlueCar» d'Autolib', le véhicule électrique en libre service de Paris.

A droite, la Smart qui circulera dans le cadre du lancement du service Car2Go à Lyon, probablement en 2012.

A droite, la Smart qui circulera dans le cadre du lancement du service Car2Go à Lyon, probablement en 2012.

Véritable révolution urbaine, les services d'autopartage destinés aux particuliers fleurissent dans plusieurs villes françaises. Ainsi Montbéliard, Saint-Etienne, Paris, Angers, Nancy, Metz, Lyon ou encore Rennes mettent à disposition des particuliers un service de location courte durée à la carte, ou par abonnement. Inspirées de la location publique de vélos, ces formules se veulent à la pointe de la technologie, puisque chacune des collectivités citées a sélectionné des véhicules électriques pour ses flottes. Le but? Premièrement, promouvoir un nouvel usage de la voiture en milieu urbain afin de la rendre accessible à tous et réduire le parc automobile circulant dans les agglomérations les plus denses. A Lyon, le ratio de conducteurs par véhicule en autopartage est évalué à dix pour un véhicule. En Ile-de-France, on souhaite réduire le nombre d'automobiles en circulation de 15 000 unités. Deuxième objectif: renforcer les moyens de transport propres et lutter contre les émissions de CO2 dégagées par les moteurs thermiques. A ce titre, le gouvernement table sur une mise en circulation de près de deux millions de véhicules électriques à l'horizon 2020.

Se pose alors le choix du constructeur. A chacune sa préférence. La communauté urbaine Nice-Côte d'Azur a retenu trois constructeurs: Mia (ex-Heuliez) qui met à disposition des usagers 58 citadines éponymes, Peugeot qui lui livre 68 voitures particulières iOn et Citroën dix utilitaires Berlingo by Venturi. A Paris, les véhicules propres du service Autolib' sont signés Bolloré et baptisés BlueCar. City Roul' de Rennes compte désormais deux véhicules Citroën C-Zero dans sa flotte en libre service. Enfin, le constructeur Daimler devrait faire circuler à Lyon 200 Smart «low emission», dans le cadre du lancement du service «Car2Go» prévu pour 2012.

L'autopartage, une solution maîtrisée par les collectivités

La pratique du véhicule en autopartage par les collectivités ne date pas d'hier. Depuis 20 ans, les agents territoriaux utilisent ce service pour leurs déplacements. «95 % du parc automobile des collectivités territoriales est utilisé en mode pool. Ce sont avant tout des véhicules utilitaires. Les 5 % restants sont des voitures de fonction», explique Olivier Rigoni, consultant chez Cogecar. Qu'en est-il de l'usage des véhicules électriques? « Voilà plus de 20 ans que les collectivités achètent et exploitent des véhicules propres pour le compte de leurs agents. Sur 100 modèles, 15 sont électriques», répond-il. Pionnières en la matière, les collectivités ont eu le temps de voir les progrès technologiques percer sur le marché, notamment au niveau de l'autonomie, frein historique au déploiement des véhicules électriques dans les flottes. «Depuis la commercialisation des utilitaires électriques Partners et Kangoo en version électrique - modèles les plus courants dans les flottes automobiles des collectivités - l'autonomie est passée de 100 à 250 km », déclare Olivier Rigoni (Cogecar). Cette raison justifie-t-elle la prépondérance des véhicules propres dans les flottes automobiles en libre service? «Sachant que le trajet moyen d'un conducteur est de 17 km par jour, il est important de rappeler que l'autonomie de ce type de véhicules est largement suffisante, rassure Olivier Rigoni. Mais au-delà de l'aspect technique, c'est une approche développement durable que les collectivités territoriales favorisent. » D'autant plus que les véhicules électriques se révèlent encore chers à l'achat. Même si le coût d'utilisation est dix fois moins élevé que celui d'un véhicule thermique, le prix de la Peugeot iOn, la Citröen CZéro ou de la Nissan Leaf oscille entre 30 000 et 50000 euros.

Une délégation de service public bien encadrée

Encadrées par un contrat de délégation de services publics, la gestion et l'exploitation des véhicules électriques sont, en général, confiées par les collectivités territoriales au constructeur automobile. Pour le service francilien Autolib', le constructeur Bolloré s'est engagé à assurer la prise en charge des véhicules ainsi que l'assistance en cas d'incident, contrairement aux offres concurrentes présentées. «Bolloré s'est également distingué par sa prise en charge globale du risque de vandalisme», a expliqué Sylvain Marty, directeur du syndicat mixte Autolib', qui regroupe Paris et les 40 communes franciliennes signataires.

Reste à la charge des collectivités territoriales le coût d'aménagement urbain. Bornes de stationnement, de retrait et de rechargement... le coût des infrastructures s'élève à plusieurs millions d'euros. Ainsi, Nice-Côte d'Azur participe à l'aménagement des 70 stations à hauteur de 40 000 euros TTC l'unité pour un montant total de 2800000 euros TTC. La moitié de cette somme pourrait être prise en charge par l'Etat puisque l'action de Nice-Côte d'Azur fait partie des 12 projets retenus pour expérimenter ce dispositif dans le cadre du dossier Eco-Cité. «Les systèmes doivent être adaptés à la taille de la ville et au nombre d'habitants», nuance Olivier Rigoni (Cogecar). Si les constructeurs délégataires tablent sur un retour sur investissement à partir d'une dizaine de milliers d'utilisations, les collectivités concédantes espèrent seulement rencontrer un succès auprès de leurs concitoyens.

Olivier Rigoni, Cogecar

«Le trajet moyen d'un conducteur est de 17 km par jour. L'autonomie des voitures électriques est suffisante.»

ZOOM; Montbéliard mise sur l'Autolib'

«Ah! la carte». Voilà comment a été baptisé le projet autopartage en libre service mis en place au sein de l'agglomération de Montbéliard (Doubs, 25) en septembre 2011. Un seul et unique badge magnétique, rechargeable, donne accès aux bus mais également aux vélos et voitures électriques en libre service. C'est la société Toowup qui, après avoir remporté le marché public lancé par la collectivité, exploite ce service pour deux ans.
Essentiellement destiné à des parcours intra-agglomérations, de l'ordre de 1 0 à 20 km, « ce dispositif sera prioritairement développé sur le secteur du centre-ville de Montbéliard auprès du grand public, des étudiants et entreprises. En effet, il est nécessaire de s 'assurer une concentration forte de population, d'activités, à proximité de la gare pour assurer le lancement du service », explique Jacques Hélias, maire de Montbéliard et vice-président de Pays de Montbéliard agglomération en charge des déplacements.
Tous les véhicules de marque F-City sont équipés du système d'exploitation Toowup qu comprend un logiciel de géopositionnement permettant de localiser en temps réel les véhicules et de contrôler les niveaux de charge des batteries ( autonomie de 120 kilomètres). Un écran tactile permet de s'identifier, de signaler un défaut ou un état défectueux, de programmer le GPS et d'être mis en relation, si besoin, avec une opératrice. Le coût du stationnement est inclus dans la formule qui rend accessible toutes les places de parking du Pays de Montbéliard sans frais supplémentaires.
Pour l'instant, huit véhicules et huit vélos sont en libre service. La collectivité prévoit d'augmenter ce nombre en fonction de la demande.

Plan de financement du projet

GESTION DU SERVICE:
181 000 euros HT (pour deux ans)
ACQUISITION DES VEHICULES:
165000 euros HT
ACQUISITION DES VELOS ET STATION:
37000 euros HT
L'Ademe a subventionné 35 000 euros HT

 
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Charles Cohen, Sihem Fekih

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