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Des jeux vidéo pour gagner en compétence

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Former ou recruter avec des jeux vidéo, c'est le principe des Serious Games. Conçus sur mesure, ces outils renforcent les aptitudes opérationnelles des salariés mais demandent un grand investissement financier aux entreprises.

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@ FOTOLIA/KIWIE

Les jeux vidéo au service de la performance de l'entreprise ? Loin d'être une nouvelle lubie managériale, ces outils, traditionnellement cantonnés aux loisirs, commencent désormais à être exploités dans les grands groupes pour former voire recruter leur personnel. «Plus connus sous le nom de Serious Games, ces systèmes ont débarqué en France il y a deux ans à peine. Leur spécificité : transmettre des connaissances de façon ludique et pédagogique, en utilisant la mécanique du jeu et la sensation d' immersion propre aux outils vidéo», explique Julien Villedieu, délégué général du Syndicat national du jeu vidéo (SNJV).

Un fort potentiel de développement

Encore à ses balbutiements, ce secteur enregistre en France un chiffre d'affaires estimé entre 10 et 50 millions d'euros (source : SNJV). Il bénéficie d'un fort potentiel de développement, comme en témoigne l'appel à projets lancé en 2009 par Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d'Etat à la Prospective et au Développement de l'économie numérique, dans le cadre du plan de relance de l'économie. Au final, sur 166 candidatures, 48 projets se sont partagé une enveloppe de 20 millions d'euros. Un formidable coup de pouce qui booste le secteur et lui confère surtout une certaine reconnaissance. «Le jeu vidéo a longtemps souffert d'une image négative, associée à l'usage démesuré qu'en ont certains adolescents, analyse Sébastien Beck, directeur général de Daesign, un éditeur de Serious Games. Mais les mentalités commencent à évoluer. Déplus en plus d'entreprises reconnaissent la valeur ajoutée de ces outils par rapport aux solutions traditionnelles d'e-learning et de formation classique en salle, parfois génératrices de lassitude. » L'un des atouts des Serious Games : créer un espace virtuel en 3D à l'intérieur duquel le salarié devient véritablement opérationnel. « Comme l'e-learning, le jeu vidéo comporte un module d'apprentissage interactif. Mais il va plus loin en proposant une base d'entraînement où le collaborateur met en pratique les connaissances théoriques qu'il a apprises au travers de mises en situation virtuelles et de personnages dotés d'une intelligence artificielle», souligne Yves Dambach, directeur général KTM Advance, autre éditeur de Serious Games. Pour que le salarié se prenne facilement au jeu, l'outil mise sur de multiples ressorts esthétiques et scénaristiques : mise en place d'une intrigue, d'objectifs précis à atteindre, etc. Au-delà de son aspect ludique, le Serious Game répond également aux besoins des entreprises en termes de flexibilité. En effet, si les salariés peuvent développer leurs aptitudes opérationnelles en groupe, ils peuvent aussi se former seuls. « Contrairement aux formations en salle qui restent ponctuelles, le Serious Game permet de s'entraîner sur son propre PC de façon continue», rappelle Yves Dambach (KTM Advance).

Pour plus de flexibilité, les fournisseurs proposent généralement des solutions sur mesure. « Les produits génériques sont très rares sur le marché. La grande majorité des programmes sont développés pour répondre à des besoins spécifiques de formation», constate Julien Villedieu (SNJV). Exemples probants : des simulateurs d'entretiens d'évaluation conçus pour les cadres de la BNP Paribas, une formation des vendeurs de la SNCF à la nouvelle offre tarifaire des TGV Thalys... Des solutions dédiées dont le prix moyen n'est pas négligeable : entre 100 000 et 200 000 euros. «Pour se doter d'un Serious Game digne ce nom, les sociétés doivent être prêtes à y mettre le prix, car ce sont des produits high-tech qui nécessitent un grand savoir-faire», souligne Julien Villedieu (SNJV). Autant dire que seuls les grands comptes disposent de moyens suffisants pour s'équiper d'une telle solution. D'autant que les entreprises doivent prendre le temps de définir avec précision leurs besoins en amont, condition sine qua non pour bénéficier d'un Serious Game adapté. Sans oublier le travail ardu de sélection des fournisseurs sur un marché encore peu mature. «Il existe une cinquantaine de prestataires dans le secteur, exclusivement des PME, constate Julien Villedieu. Aussi, pour choisir le partenaire adéquat, les clients ont tout intérêt à se reporter aux références clients. L'autre gage de crédibilité consiste à faire appel à des syndicats comme le nôtre. »

Yves Dambach, KTM Advance

«Contrairement aux formations en salle qui restent ponctuelles, le Serious Game permet de s'entraîner sur son propre PC de façon continue.»

Un encadrement indispensable

Enfin, dernier élément à prendre en compte avant d'adopter un Serious Game : sa valeur pédagogique. Car si ces outils forment les utilisateurs dans le cadre d'un espace virtuel, quid de l'utilisation des enseignements acquis dans le monde bien réel de l'entreprise ? «Pour que le jeu constitue un outil pédagogique, l'encadrement par un formateur spécialisé dans les Serious Games s'avère nécessaire. Notamment pour instaurer des phases de débriefing durant lesquelles le collaborateur fait le point sur les comportements qu'il a adoptés durant le jeu», prévient Sébastien Beck (Daesign). Une étape primordiale qui permet surtout d'analyser chaque séance à l'aune des problématiques professionnelles rencontrées par chacun.

Si la majorité des fournisseurs n'ont pas la capacité suffisante pour allouer des équipes de formation sur site, certains peuvent former, en salle ou à distance, les managers à la thématique particulière du Serious Game. « Comme tout projet d'entreprise, l' introduction de ce type d'outils doit s'inscrire dans le cadre d'une conduite au changement, signale Julien Villedieu (SNJV). D'autant que ces systèmes peuvent déstabiliser certains salariés, surtout les moins aguerris aux jeux vidéo. » Un accompagnement indispensable qui devrait également rassurer les directions générales encore peu convaincues par l'idée d'intégrer des Serious Games dans leurs espaces de travail.

Julien Villedieu, SNJV

«Les Serious Games transmettent des connaissances de façon ludique et pédagogique, en utilisant la mécanique du jeu et la sensation d'immersion propre aux outils vidéo.»

Xavier Sarrazin, responsable des opérations, Institut de formation du Crédit Agricole

Xavier Sarrazin, responsable des opérations, Institut de formation du Crédit Agricole

Témoignage
« Nos collaborateurs peuvent désormais se former seuls »

Recourir aux Serious Games pour améliorer la performance de ses équipes commerciales, tel est le défi relevé en 2008 par le Crédit Agricole en faisant appel à l'éditeur Daesign. « Nous avons travaillé sur la base d'un module que ce prestataire avait déjà développé pour un autre client.
Toutefois, pour l'adapter à nos besoins, le système a été retravaillé pendant presque un an », raconte Xavier Sarrazin, responsable des opérations à l'Institut de formation du Crédit Agricole. Première entité du groupe à avoir adopté les Serious Games, la Caisse régionale d'Aquitaine visait plusieurs objectifs pédagogiques : améliorer la relation client et l'efficacité commerciale, développer la fidélisation... « Grâce à ce système, les utilisateurs bénéficient d'un module d'apprentissage complet, qui réunit une base de connaissances - référence en matière de méthodes de vente - et un outil de simulation pour des entraînements ludiques », souligne Xavier Sarrazin. Et d'ajouter : « Modulable, cet outil répond aux contraintes du groupe en termes de disponibilité. Non seulement la formation peut se dérouler sur le poste de travail de l'utilisateur, ce qui évite d'avoir à réserver des salles, mais les temps de formation peuvent être optimisés via un découpage de l'apprentissage en plusieurs séquences. » Le Crédit Agricole a aussi misé sur différents modes de déploiement. « Le jeu a d'abord été intégré dans le cadre de formations en salle, puis utilisé après les stages pour ancrer les bonnes pratiques sur la durée. » Si certains utilisateurs peuvent apprendre seuls sur leurs PC, d'autres sont assistés par leurs managers. Autre élément qui a séduit le Crédit Agricole : le coût d'usage de la solution. « Le Serious Game peut être réutilisé à l'envi. Aussi, son prix reste plus rentable sur le long terme que celui d'une formation en salle qui n'a lieu, par définition, qu'une seule fois. »

Crédit Agricole

ACTIVITE
Banque


PRODUIT NET BANCAIRE 2008
28,5 milliards d'euros


EFFECTIF
160 000 salariés


VOLUME D'ACHATS 2008
9 milliards d'euros


EFFECTIF ACHATS
150 collaborateurs

 
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Charles Cohen

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