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Déménagement vert, un marché en devenir

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Les entreprises s'inquiètent de leur responsabilité environnementale. Le secteur du déménagement n'échappe pas à la règle. A l'exception des traditionnels cartons recyclés, quelles offres écologiques proposent les prestataires? Déménager vert coûte-il plus cher? Eléments de réponse.

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@ MIPAN / ROBERT WILSON / LUIZ / FOTOLIA

Cartons réutilisables, conduite économique des chauffeurs... les prestataires du déménagement d'entreprise proposent des offres plus «responsables» et plus écologiques à leurs clients. « Malgré le coût important de ces actions, les sociétés de déménagement veulent s'inscrire dans une démarche éco-responsable. Elles choisissent de plus en plus la certification ISO 14001 (normes concernant le management environnemental, NDLR) », précise Soumia Achfaa, secrétaire générale à l'AFDE (Agence française du déménagement d'entreprises). Les exigences des entreprises dans ce domaine augmentent, elles aussi. « Sensibilisées aux démarches respectueuses de l'environnement, les sociétés nous interrogent sur l'origine et la composition de nos cartons, la consommation en carburant de nos véhicules... », ajoute Kévin Manchon, directeur général de Démépool. « Dans certaines sociétés, le critère écologique compte pour 25 % dans le choix du prestataire », surenchérit la secrétaire générale à l'AFDE.

Privilégiez les déménagements groupés

98 % des déménagements se font dans un rayon inférieur à 50 kilomètres des anciens locaux, selon l'AFDE. Les transports restent le point noir d'un déménagement, en termes de responsabilité environnementale, en raison des consommations importantes de carburant. Pour y remédier, Démépool lance une off re de prestation verte avec des voyages dits « organisés» et «groupés». Le déménagement groupé consiste à rassembler différents déménagements. Quant au voyage organisé, il permet à une entreprise de bénéficier du trajet retour d'un autre déménagement. Le transport à vide des camions est ainsi évité. « Ce type de prestation comprend certaines contraintes, notamment sur les dates du déménagement: elles sont fixes, souligne Kévin Manchon (Démépool). Un voyage groupé réduit les émissions de CO2 de 10 à 40 %. »

Autre solution: le ferroutage. Si cette option peut paraître séduisante sur le papier, sa réalisation est plus complexe. Les terminaux ferroviaires sont, en effet, peu nombreux. Il existe seulement trois liaisons: Paris-Bordeaux, Paris-Toulouse et Paris-Marseille. Dans ce cas, comment organiser le déménagement d'une entreprise de Strasbourg à Rennes? «Seule la volonté politique est nécessaire pour développer les axes nord, ouest, est et centre», d'après le directeur général de Démépool. Par défaut, les sociétés de déménagement misent sur leur parc de véhicules. Demeco renouvelle ses camions tous les sept à dix ans. Les chauffeurs de Démépool sont formés à l'éco-conduite.

Kévin Manchon, Démépool

«Les clients nous interrogent sur la composition de nos cartons, la consommation de nos véhicules...»

Des camions qui roulent plus verts

Quant aux véhicules électriques, ils posent des problèmes à plusieurs niveaux. Première difficulté: leur manque d'autonomie. Celui-ci rend impossible l'utilisation de ce type de véhicules pour des déménagements longue distance. De plus, «il n'existe pas suffisamment d'offres de véhicules propres au-dessus de 20 m3», déplore Jérôme Jaman, fondateur de D-Max. Cette absence de véhicules électriques, capables de transporter de gros tonnages, apparaît comme un frein au déménagement vert. «Nous avons réalisé un sondage auprès de nos clients afin de savoir s'ils étaient prêts à payer 15 % de plus pour leur déménagement. Car, si nous nous équipons en véhicules GPL, ils reviendront 30 % plus cher. Résultat de cette petite consultation: les entreprises ne sont pas prêtes à débourser plus d'argent pour un déménagement entièrement «vert»», détaille Jérôme Jaman (D-Max). Déménager «vert» coûterait-il donc plus cher? «Non. La réduction de consommation de carburant, l'utilisation de fournitures réutilisables, la rationalisation et l'optimisation des transports et la conduite économique sont autant d'économies réalisées par l'entreprise de déménagement, répercutées auprès du client», analyse Soumia Achfaa (AFDE). Même écho du côté du directeur général de Démépool pour qui un déménagement «vert» peut engendrer «jusqu'à 25 % d'économies».

Des cartons recyclés et réutilisables

Organiser un déménagement écologiquement responsable semble se limiter aujourd'hui au matériel de déménagement (avec des cartons recyclables par exemple). Demeco met à disposition des cartons 100 % recyclables. D-Max propose sa D-Box, un carton «réutilisable» jusqu'à 30 fois. Pour déménager ses 300 collaborateurs entre Levallois et La Défense, la société KPMG, spécialisée dans le conseil aux entreprises, a opté pour la location de D-Box. L'avantage de ces cartons: «Pas besoin de ruban adhésif pour les fermer», détaille Willy Karolewicz, responsable des services généraux de KPMG.

Parmi les autres gestes écologiques, certaines sociétés privilégient les e-mails pour leurs factures, évitant ainsi le gaspillage de papier. Certaines suggèrent également de calculer son bilan carbone. Ainsi, Démépool, en lien avec la fondation GoodPlanet, a mis en place un système de calcul d'émissions de CO2 sur son site internet. Il est ensuite possible de compenser ses émissions de gaz à effet de serre grâce à des projets de reforestation. Autre point de vigilance: la valorisation des déchets.

Les déménageurs bretons, Demeco et Démépool disposent de ce type de prestations: destruction et/ou valorisation du matériel en fin de vie. De son côté, D-Max lance «Eco-desk». Ce service se charge du démantèlement du mobilier et de l'informatique de l'entreprise qui change de locaux. Ainsi, le mobilier peut être vendu aux enchères ou donné à des associations. Les matériaux valorisables (bois, plastiques, déchets industriels, etc.) sont quant à eux envoyés vers des sites spécialisés de démantèlement. Des certificats de destruction sont ensuite émis pour l'entreprise. Les sociétés déménagent en moyenne tous les trois à cinq ans, selon l'AFDE. Gageons que d'ici leur prochain changement de sièges, les prestataires trouveront d'autres démarches innovantes en termes de défense environnementale.

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Recycler son mobilier de bureau en fin de vie

Donner une seconde vie au mobilier de bureau. C'est dans cette optique que 13 entreprisesLes associés de Valdelia sont les fabricants Arfeo, Buronomic, Clen, Delagrave, Eurosit, Haworth, Majencia, Smire, Sokoa, Souvignet, Steelcase, Tecnitol, Ulman. industrielles du mobilier professionnel membres de l'Unifa (Union nationale des industries françaises de l'ameublement) ont créé Valdelia (Valorisation des déchets liés à l'ameublement), société chargée d'organiser la filière de recyclage du mobilier professionnel en fin de vie. Une démarche initiée par le fabricant français Steelcase, avec sa filière de recyclage baptisée Eco'services, créée en 2009. Cette nouvelle filière s'inscrit dans la loi Grenelle 2 dans son article 200 et son nouvel article (L. 541-10-6) relatif à la prévention et à la gestion des déchets d'ameublement dans le Code de l'environnement. Dès octobre 2011, les lots de vieux mobiliers professionnels peuvent ainsi être proposés à Valdelia par les entreprises, collectivités et distributeurs des deux régions pilotes. De plus, jusqu'en juin 2012, une phase expérimentale de collecte et de valorisation des meubles usagés est menée dans deux régions pilotes: l'Ile-de-France et les Pays de Loire. Le groupe ambitionne de récupérer et valoriser le mobilier de bureau partout en France à hauteur de 80 % d'ici trois ans. A l'issue de cette expérimentation, Valdelia devrait être agréée par le ministère de l'Ecologie. Elle deviendra ainsi l'éco-organisme en France pour la filière du mobilier professionnel.

 
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Marie-Amélie Fenoll

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