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Défibrillateur, l'atout coeur!

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Enjeu de santé publique, l'équipement des collectivités en défibrillateurs ne se fait pas assez rapidement. Du choix de l'appareil à la maintenance des installations en passant par la formation, quels sont les points cruciaux sur lesquels doit porter le cahier des charges des collectivités?

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Le constat est édifiant: près de 40 000 personnes meurent chaque année en France d'un arrêt cardiaque extrahospitalier, selon les chiffres de l'Inserm! Chez nous, le taux de survie n'excède pas 2 à 3 %. Un chiffre qui dépasse les 20 % à Seattle, aux États-Unis, où des défibrillateurs sont massivement installés sur la voie publique. Enjeu de santé publique depuis la parution du décret du 4 mai 2007 stipulant que chaque citoyen est autorisé à utiliser un défibrillateur automatisé externe (DAE). Il y a donc urgence à équiper l'espace public avec ce type d'appareils. Un défibrillateur coûte, en moyenne, 1 500 euros HT. Prix relativement élevé pour une installation qui - pour rester opérationnelle - doit aussi être protégée des risques d'intempéries et des dégradations.

De quoi parle-t-on?

« Pour le type d'appareils à acquérir, il n'existe pas de règles obligatoires mais des recommandations », explique Georges Anzi, président-directeur général de Cardia Pulse, société spécialisée dans les défibrillateurs. En effet, l'agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS) a émis des recommandations en juillet 2010 sur les défibrillateurs.

DAE, DEA ou DSA... De quoi s'agit-il? Le terme majoritairement employé est celui de défibrillateur automatisé externe (DAE) (cf. décret du 4 mai 2007). Dans la famille des DAE, on distingue le DEA, le défibrillateur entièrement automatique et le DSA, défibrillateur semi-automatique. Le DEA délivre lui-même le choc électrique de défibrillation lorsqu'il le juge nécessaire, tandis que, pour faire fonctionner le DSA, une personne doit déclencher le choc électrique. Même si l'AFSSAPS ne tranche pas sur le type d'appareil le plus efficace, il est certain que le grand public préférera le DEA car il n'aura pas à prendre la responsabilité de délivrer le choc électrique au moment opportun. Quoi qu'il en soit, « l'interface doit être la plus simple possible à utiliser et les messages doivent être clairs. Des voyants lumineux et une aide vocale sont sans conteste un plus », explique Gérard Ferrer, directeur marketing chez Laerdal France. Même si la grande majorité des appareils ne parle qu'une langue, programmer un défibrillateur en mode multilingue reste tout à fait possible: des défibrillateurs parlant français et anglais ont déjà été installés dans certains bateaux de croisière.

Le coeur blanc sur fond vert barré d'un éclair, avec une croix blanche dans le coin supérieur droit et la mention DEA signale la présence d'un défibrillateur dans ce mobilier de ville.

Le coeur blanc sur fond vert barré d'un éclair, avec une croix blanche dans le coin supérieur droit et la mention DEA signale la présence d'un défibrillateur dans ce mobilier de ville.

Boîtiers à chauffage intégré

Les fabricants spécialisés proposent des modèles de boîtiers ou d'armoires dits «intelligents» avec des alarmes s'activant en cas de vol ou signalant une défaillance de l'appareil. D'autres systèmes sont connectés directement avec les services d'urgence comme les pompiers ou le Samu. La société SafeTIC a conçu un défibrillateur opérationnel connecté (DOC). Télésurveillé en temps réel par Mondial Assistance, il intègre un GPS, une procédure d'appel des secours mais également une interphonie avec un téléopérateur de l'assureur. A noter: seuls la surveillance et l'entretien du défibrillateur sont sous la responsabilité des prestataires... D'autres modèles résistent à des conditions extérieures extrêmes, comme le modèle Aivia qui possède un contrôle de la température couplé à un système de chauffage lui garantissant une température minimum. Pour parachever le cahier des charges, d'autres éléments peuvent être pris en compte: l'indice de protection poussière et liquides (IP54 ou IP55) pour une meilleure garantie en intérieur comme en extérieur, la durée de vie des batteries, la présence ou non d'électrodes pédiatriques, mais aussi certaines prestations de service après-vente, les conditions d'entretien, de suivi ou de maintenance ou encore la gestion du consommable.

Alex Türk, sénateur du Nord (Nord-Pas-de-Calais)

@ CNIL 2004

Alex Türk, sénateur du Nord (Nord-Pas-de-Calais)

Interview « Un retour sur investissement chiffré en vies sauvées! »

Aujourd'hui, où en sommes-nous en termes d'équipement?
La France est en retard et je suis inquiet car ce problème de santé publique a du mal à trouver un second souffle. Le chiffre indicatif d'un défibrillateur pour 1 000 habitants est encore loin d'être atteint dans les collectivités. Or, c'est l'exemple parfait d'un enjeu de santé publique où un investissement peu coûteux aurait des conséquences inégalables en permettant de sauver des vies! Il faudrait que cela devienne une cause nationale.
Quels sont les freins qui persistent?
Il existe un vrai problème de coordination au niveau des pouvoirs publics. Une absence de coordination à laquelle d'autres problèmes annexes viennent s'ajouter. Ainsi, il faut définir une bonne fois pour toutes un modèle d'appareil commun pour tous: un défibrillateur totalement automatique pour rassurer les gens. La règle d'or doit être la simplicité. La signalétique et la formation doivent être les plus simples possibles afin d'être accessibles au plus grand nombre. Il vaut mieux former 1 000 personnes à des gestes simples sur le massage cardiaque et l'utilisation de l'appareil que dix secouristes expérimentés. Certaines collectivités trouvent l'excuse du vol ou du vandalisme pour ne pas s'équiper. C'est absurde! Seulement 8 défibrillateurs sur 1 300 ont été volés ou vandalisés dans le Nord.
Quels sont les projets en cours?
Aujourd'hui, près de 4 000 à 5 000 défibrillateurs doivent être installés dans le Nord, dont environ 1 300 pour les collectivités. Avec la sénatrice Sylvie Marescaux, nous entamons notre cinquième année de soutien aux collectivités du Nord pour leurs équipements en défibrillateurs. Nous avons déjà engagé dans ce projet près de 2 millions et demi d'euros piochés dans notre réserve parlementaire et allons accentuer notre accompagnement sur trois axes: le financement de la signalétique et celui des boîtiers ainsi qu'une aide à la formation. Enfin, il y a quelques mois, j'ai déposé une proposition de loi pour qualifier pénalement les vols d'appareils liés à la sécurité des personnes, comme les extincteurs ou les défibrillateurs.

Un coeur blanc sur fond vert

En 2009, la SNCF a équipé 125 gares de DSA de marque Laerdal. Camif Collectivités a remporté ce marché de près de 380 000 euros. Ainsi, de mars à juin 2009, le distributeur niortais a livré et installé «clés en main» cette commande avec la société D-fi brillateur, prestataire spécialisé intervenant sur toute la France. Chaque défibrillateur possède un boîtier raccordé directement aux services d'urgence. Les appareils sont bien exposés à la vue du public: dans les halls de gares, à proximité des comptoirs, sur les quais.

Plus généralement, question visibilité, les caractéristiques de la signalétique ont été fixées par le décret du 16 août 2010, afin d'aider le public à identifier rapidement la présence d'un DAE: un coeur blanc barré d'un arc électrique sur fond vert avec une croix blanche dans le coin supérieur droit et la mention DEA (ou AED, en anglais). Certains prestataires comme D-fibrillateur ou Cardia Pulse proposent des formations professionnelles dispensées par des organismes agréés (pompiers, Croix Blanche, Croix Rouge, etc.). « Pour ce type d'achats, les attentes des collectivités sont doubles. D'une part, elles sont attentives à la maintenance, l'entretien et la dégradation de leurs appareils mais aussi au volet formation et communication sur le projet », explique Georges Anzi (Cardia Pulse). Un volet formation compris, selon ce dernier, dans près de 70 % des appels d'offres. « Avec du personnel formé, la municipalité peut ainsi se charger elle-même de tâches d'entretien de l'appareil: surveillance des batteries, changement des électrodes, etc. Néanmoins, tous les ans, l'appareil nécessite une intervention extérieure», poursuit-il.

Implantation à l'abri du mobilier urbain

Régulièrement, les communes déplorent des vols, d'où la nécessité de contracter des assurances. Dans la Vienne, la commune de Champigny-le-Sec a choisi un modèle localisable par GPS. « Ca peut être utile en cas de vol, note le maire, Robert Leduc. Et plus utile encore lors de l'utilisation: quand on ouvre l'appareil, il déclenche un appel au Samu. Prise dans l'action, la personne qui l'utilise à tendance à donner son adresse personnelle plutôt que celle où à lieu l'intervention. Le GPS est alors une sécurité complémentaire. » Avec ces appareils, accessibles 24 heures/ 24 et 7 jours/ 7, aussi bien en extérieur que dans les bâtiments, la question du lieu d'implantation apparaît comme cruciale. «En règle générale, les donneurs d'ordres s'avèrent très précis sur le nombre de défibrillateurs qu'ils souhaitent acquérir mais ne savent pas vraiment où les installer. En plus, certaines collectivités ne veulent pas en mettre à l'extérieur par peur des risques de vandalisme», commente Georges Anzi (Cardia Pulse). Mais des solutions existent. Ainsi, depuis novembre 2010, un défibrillateur géolocalisé dans du mobilier urbain pour l'information (MUPI) trône sur la place centrale de la ville de Boulogne-Billancourt dans les Hauts-de-Seine (92). Ce projet mené conjointement par l'association RMC/BFM et JCDecaux est une grande première en France. Au total, dix MUPI seront installés dans la ville en 2011 . «A travers cette initiative, le groupe répond à un enjeu de citoyenneté», affirme Jean-Charles Decaux, président du directoire et codirecteur général de JCDecaux. Pour Isabelle Weill, présidente de l'association RMC/BFM, qui milite sans relâche en faveur de l'équipement des collectivités en défibrillateurs: « C'est essentiel que les collectivités locales installent des défibrillateurs accessibles au public car en cas d'urgence, il faut agir vite. Après quatre minutes, chaque minute qui passe réduit de 10 % les chances de survie du malade». Dont acte.

Expérience Un défbrillateur pour 50 habitants

Faisant pâlir le ratio «idéal» d'un défibrillateur pour 1 000 habitants, la commune de Lamorville (département de la Meuse) est équipée d'un appareil pour 50 habitants! «Nous avons disposé un défibrillateur dans chaque commune, soit un dans la bibliothèque et trois près des mairies annexes», explique Valérie Dumont, secrétaire de mairie et agent chargé de la mise en oeuvre et de la sécurité (ACMO). Ainsi, la Codecom (communauté de communes) du pays de Vigneulles-les-Hattonchâtel a étudié le projet et la commune de Lamorville a retenu Cardia Pulse, prestataire implanté à Strasbourg, en raison de sa proximité géographique. Lamorville a ainsi commandé des défibrillateurs entièrement automatiques accompagnés d'armoires, ainsi que la signalétique idoine pour un budget total de 9528 euros TTC (7000 euros pour le DEA, 2330 euros pour les armoires et 208 euros pour la signalétique). Elle se charge elle-même de la maintenance.«Au départ, nous souhaitions installer nos équipements en intérieur pour ne pas avoir des frais supplémentaires d'armoires sécurisées. Après réflexion et sur les conseils du prestataire, nous avons installé certains défibrillateurs en extérieur pour en garantir l'accès 24heures/24, 7jours/7», précise Valérie Dumont. La commune a également lancé une consultation pour inclure ce matériel dans l'assurance de la mairie. Et la formation? «Cardia Pulse a inclus la formation de nos agents dans sa prestation. Et de notre côté, nous avons organisé deux sessions de formation gratuites avec la Croix Blanche afin de sensibiliser la population», détaille l'ACMO. Une action réussie, avec 30% de la population formée ainsi que 11 agents sur 16.


Lamorville
DÉPARTEMENT
Meuse
Commune regroupant quatre villages (La Vineville, Deuxnouds-aux-bois, Spada et Lamorville)
NOMBRE D'HABITANTS
217
BUDGET ANNUEL
200 000 euros

 
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Marie-Amélie Fenoll

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