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Bâtiments tertiaires: à la recherche d'économies d'énergie

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Climatisation, chauffage, gestion de l'eau et de l'électricité... La performance énergétique d'un bâtiment peut facilement être améliorée. A la clé, une réduction significative de sa facture d'électricité.

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@ DAKOLIX

Au siège social de la Macif, situé dans le XVe arrondissement de Paris, la centrale de traitement de l'air (CTA) du bâtiment varie son débit en fonction du taux d'occupation des locaux. Ainsi, des appareils analysent le niveau de CO2 dans les étages, niveau correspondant à un nombre donné de collaborateurs présents. Autre exemple d'optimisation technique, plus connu cette fois: les détecteurs de présence dans les sanitaires, qui ne s'éclairent qu'au passage d'un collaborateur...

 

Ainsi, une entreprise peut optimiser la performance énergétique d'un bâtiment grâce à de meilleures installations techniques. « Avec 20 % d'investissements, il est possible de réaliser près de 80 % d'économie », affirme Lois Moulas, directeur associé chez Sinteo, cabinet spécialisé dans la maîtrise de l'énergie et des émissions de carbone des bâtiments. Dans une récente étude, le cabinet d'audit Bureau Veritas, spécialisé notamment dans l'évaluation de la conformité aux normes QHSE (Qualité, Hygiène, Sécurité, Environnement, NDLR), estimait, quant à lui, que la performance énergétique des locaux tertiaires pouvait être améliorée de 15 %, en moyenne, grâce à des actions de rénovation légère, tant au niveau de l'enveloppe des immeubles tertiaires que des équipements intérieurs (éclairage, isolation, etc.). En France, la consommation énergétique des bureaux est estimée par Bureau Veritas à 124 kWh/m2/an, un chiffre supérieur à celui d'autres pays européens. A titre d'exemple, les consommations énergétiques des bâtiments de bureaux sont de l'ordre de 99 kWh/m2/an pour l'Allemagne et 111 kWh/ m2/an pour l'Espagne.

Mais la réduction des coûts n'est pas l'unique argument en faveur d'une amélioration de la performance énergétique des bâtiments. «C'est aussi une question d'image », confirme Lois Moulas (Sinteo). Un certain nombre d'entreprises communiquent ainsi sur leur politique en matière de développement durable et des actions menées afin de réduire l'impact de leur activité sur l'environnement. Autre motivation plus pragmatique: la loi, qui oblige chaque particulier ou entreprise à réaliser un diagnostic de performance énergétique (DPE) en cas de vente, de construction ou de location d un bien immobilier. Et dans ce cas, mieux vaut que le bâtiment concerné obtienne une bonne appréciation.

Philippe Fort, Sodexo France

«La régulation de la consommation d'énergie permet de réaliser une économie de 10 % sur la facture énergétique du bâtiment»

Réajuster ses contrats auprès des fournisseurs d'énergie

Pour améliorer la performance énergétique de leurs bâtiments, les entreprises peuvent faire appel à des cabinets de conseil spécialisés en la matière ou encore à des prestataires multitechniques. En effet, si la maintenance des équipements est le coeur du métier de ces derniers, la plupart d'entre eux propose aujourd'hui de réaliser des audits de performance énergétique et de mettre en oeuvre des solutions d'optimisation de l'existant, comme peuvent le faire les cabinets de conseil. Ces audits, destinés à connaître de manière approfondie la consommation des bâtiments, sont à la base de tout programme d'amélioration de la performance énergétique, notamment de locaux tertiaires.

Dans la pratique, les entreprises connaissent rarement avec précision leur taux de consommation énergétique. « Manque de suivi des factures, mauvaise connaissance des contrats d'énergie souscrits, équipements surdimensionnés, etc. Les sociétés sont rarement au point sur ce sujet », constate Steeve Benisty, directeur environnement et énergie au sein du cabinet de conseil Leyton. Ainsi, avant même de parler de performance énergétique, les audits révèlent souvent que les entreprises ont souscrit des contrats inadaptés à leurs besoins, entraînant du même coup une surfacturation énergétique. « Nous analysons les contrats sur les trois dernières années pour vérifier si la consommation est en adéquation avec la puissance souscrite. Et ce afin d'éviter le paiement de pénalités de surconsommation », témoigne Philippe Fort, directeur technique du pôle FM de Sodexo France. Et de préciser : « Il est possible de réduire le montant des factures de 15 à 20 % sur certains contrats rien qu'en les optimisant. » Par ailleurs, Steeve Benisty (Leyton) rappelle que certaines entreprises n'utilisent pas toutes les possibilités qui leur sont offertes dans certains contrats. Elles peuvent, par exemple, réajuster chaque année les conditions tarifaires en fonction du volume des consommations. « Dans certains cas, cela génère plusieurs milliers d'euros d'économies sur la facture énergétique. », indique-t-il. Mais, surtout, les audits permettent aussi de mettre en évidence les erreurs de facturation. « Par exemple, le prix d'été est parfois facturé sur la base du tarif hiver », ajoute-t-il.

Une fois le diagnostic réalisé et les habitudes de consommation décortiquées, un plan d'action doit être mis en place et des solutions doivent être envisagées afin de consommer intelligemment. Une meilleure régulation de la consommation d'énergie est un levier primordial dans l'optimisation énergétique d'un bâtiment. Dans cette optique, l'attention se porte généralement sur le poste CVC (chauffage, ventilation, climatisation), considéré comme le plus énergivore. Sur ce point, les cabinets de conseil et les sociétés multitechniques préconisent alors un certain nombre de mesures, comme l'allumage en cascade des chaudières pour diminuer l'appel de puissance ou bien encore la diminution du fonctionnement des équipements si le bâtiment est inoccupé. « La régulation de la consommation d'énergie permet de réaliser une économie de 10 % sur la facture énergétique du bâtiment », assure Philippe Fort (Sodexo France). Des économies sont également réalisables du point de vue du système d'éclairage des bâtiments. Des lampes basse consommation (à diode) sont désormais préconisées, en complément de détecteurs de présence dans les endroits de passage (sanitaires, couloirs, etc.). La consommation d'eau apparaît également comme un poste facile à réguler. Ainsi, l'ajout d'un mousseur ou d'une chasse d'eau plus économique peut conduire très vite à des résultats probants. La coupure de l'eau chaude dans les lavabos des toilettes est également envisageable. D'après Bureau Veritas, ces solutions simples pourraient réduire de 20 % la consommation d'eau. D'autres solutions techniques sont proposées, comme la récupération de la chaleur sur le système de traitement de l'air ou encore l'isolation des chaudières. Il est aussi possible d'agir efficacement lors des remplacements d'équipements en fin de vie, en optant pour des modèles moins gourmands en énergie.

Steeve Benisty, Leyton

La plupart des entreprises ont une mauvaise connaissance des contrats souscrits et les équipements sont souvent surdimensionnés. »

Le temps de retour sur investissement, frein à l'innovation

Cependant, la durée d'amortissement de nouveaux équipements peut rendre frileuses certaines entreprises. Le retour sur investissement atteint trois ans environ pour l'optimisation des équipements comme les chaudières et s'élève à huit ans pour l'isolation et les innovations telles que la géothermie ou la récupération des eaux de pluie. L'amélioration de la performance énergétique d'un bâtiment reste donc très compliquée et onéreuse. « Les résultats sont nets mais malheureusement peu rentables pour un bâtiment existant », reconnaît même Lois Moulas (Sinteo). Outre la méconnaissance des contrats et des consommations, la plupart des entreprises ignorent cependant l'existence des nombreuses aides proposées pour financer les travaux destinés à améliorer la performance énergétique des bâtiments. Sur ce point, les cabinets de conseil spécialisés ou les prestataires multitechniques eux-mêmes peuvent les aiguiller dans le dédale des aides proposées.

Enfin, pour agir sur l'enveloppe du bâtiment, des démarches de certification HQE peuvent être entreprises. Les études démontrent que les consommations énergétiques des immeubles HQE sont 17 % moins élevées que celles des autres bâtiments, ce qui représente une économie de 5,2 euros/m2 sur l'énergie, l'eau et les déchets, d'après les indicateurs 2010 de l'immobilier d'exploitation de l'Investment Property Databank (IPD). Encore trop peu pour certains.

Erik Cheyrezy, responsable achats chez Nexter

Erik Cheyrezy, responsable achats chez Nexter

Témoignage
«Les économies réalisées sont partagées avec nos prestataires multitechniques »

En 2009, le Groupe Nexter a confié à deux prestataires, Exprimm et Faceo, le facility management de plusieurs de ses sites répartis dans l'Hexagone. Ce contrat est fondé sur une obligation de résultat, qui comporte notamment des objectifs d'économies en termes de consommation énergétique et un plan de progrès chiffré. « Les prestataires se sont engagés sur une réduction de 5 % de la consommation énergétique dès la première année du contrat, un objectif largement dépassé », explique Erik Cheyrezy, responsable des achats chez Nexter. Au sein de ce groupe industriel, il s'agit vraiment d'un nouveau type de contrat. « Auparavant, se souvient Erik Cheyrezy, la maintenance des bâtiments était assurée par des plombiers et des électriciens indépendants. Leurs interventions demeuraient uniquement techniques et ils ne constituaient pas du tout une force de proposition pour améliorer la performance énergétique de nos bâtiments. »
Dans un premier temps, Exprimm et Faceo ont chacun réalisé un audit afin de mesurer le niveau des consommations. Sur cette base, les prestataires ont ensuite mis en place un pilotage plus précis des installations, tout en aidant les occupants du bâtiment à mieux s'approprier leurs équipements et leurs réseaux. Aujourd'hui, des plans de chauffe hebdomadaires permettent, par exemple, de réguler la température en fonction de l'utilisation effective des bâtiments.
Pour les années à venir, Exprimm et Faceo sont invités à proposer des investissements en termes de nouveaux équipements. « Nous fonctionnons en système de partage des résultats. Ainsi, une fois les investissements remboursés, les économies réalisées seront partagées entre Nexter et ses prestataires. C'est un partenariat gagnant-gagnant », conclut Erik Cheyrezy.


NEXTER
ACTIVITE
Fabricant de matériel militaire
CHIFFRE D'AFFAIRES 2009
887 millions d'euros
EFFECTIF
2 700 salariés
VOLUME D'ACHATS HORS-PRODUCTION
120 millions d'euros
EFFECTIF ACHATS
15 collaborateurs

zoom
40 % des entreprises ne suivent pas leurs factures

Près de la moitié des entreprises (48 %) ne vérifient pas régulièrement que leurs contrats d'énergie sont adaptés à leur activité révèle une enquête sur les éco-pratiques au bureau, menée par l'association Riposte VerteRéalisée en janvier-février 2010, l'enquête «Energie: quelles (éco) pratiques au bureau?» est la seconde étude annuelle de l'Observatoire de l'éco-responsabilité du tertiaire animé l'association Riposte Verte, en partenariat avec le Fonds social européen (FSE). Autres constats accablants: 40 % des sociétés ne suivent pas leurs factures et 54 % avouent ne pas analyser régulièrement l'évolution de leur consommation énergétique. Et lorsqu'elles le font, une sur deux n'informe pas ses collaborateurs des résultats.
En matière d'amélioration de la performance énergétique, des efforts timides sont à signaler du côté de l'éclairage et du chauffage. Si 60 % des acteurs tertiaires n'ont jamais cherché à optimiser l'éclairage des zones de travail, une hausse sensible du taux d'équipement en lampes basse consommation se poursuit.
L'éclairage au néon, déjà majoritaire dans les bureaux, est de plus en plus souvent accompagné d'autres types de lampes dites basses consommation (fluo compactes, LED...). Premier poste de dépense énergétique, le chauffage est régulé automatiquement dans moins de la moitié des cas. Cependant, 55 % des personnes interrogées constatent que le réglage du chauffage n'est pas systématiquement changé en fonction des heures de la journée et de l'occupation des locaux. En revanche, trois salariés sur quatre déclarent adapter leur éclairage à la variation de la lumière naturelle (contre 67 % en 2009).

 
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MARIE-AMÉLIE FENOLL

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