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Apprenez à décoder l'open source

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Outils incontournables dans l'univers informatique, les logiciels sous licence open source sont désormais légion, aussi bien dans l'architecture SI que dans les applications bureautiques. Lacheteur apparaît alors comme un acteur indispensable aux côtés de ses prescripteurs internes pour piloter des projets de déploiement. Mais il devra faire figure d'expert et maîtriser les avantages du logiciel libre.

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Le logiciel open source séduit les acheteurs informatiques depuis plus de dix ans. Traditionnellement opposé au logiciel sous licence payante, le logiciel libre s'est largement développé dans les entreprises françaises, publiques comme privées. Depuis l'étude réalisée par Markess International en 2009, le constat n'a pas changé. 92 % des DSI ont recours aux solutions open source dans leur organisation. Pourtant, l'utilisation de ces logiciels libres n'est pas homogène: 96 % des DSI publics en font usage, contre seulement 82 % des DSI du privé. En effet, la contrainte d'optimisation des coûts, plus forte dans le secteur public que dans le privé, amène de facto les décideurs informatiques à faire davantage appel aux solutions en open source qu'aux solutions propriétaires pour un même périmètre fonctionnel. « Conduire des projets au meilleur coût incite donc à faire appel aux solutions les moins onéreuses », déclare Aurélie Courtaudon, analyste spécialisée en administration numérique depuis 2007 chez Markess International. Autre motif expliquant pourquoi les entreprises privées ont pris du retard dans l'intégration de solutions open source: le manque d'appui organisationnel accordé aux DSI. Selon le rapport «Maturité et gouvernance de l'open source, la vision des grandes entreprises» publié par le Cigref en mars 2011, il apparaît que les décideurs informatiques manquent de soutien et d'accompagnement de la part des acheteurs IT et des directions juridiques dans le pilotage et l'intégration des logiciels libres. Le constat est sans appel: aujourd'hui, la question n'est donc plus de savoir si le choix du logiciel libre est opportun, mais de déterminer comment les acheteurs IT doivent intervenir auprès des donneurs d'ordres pour l'accompagner.

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Déploiement d'un projet open source

Toute la chaîne de la gestion de projets est concernée dans les phases techniques et opérationnelles du projet, aussi bien en amont (définition, achats, gestion des talents) que dans les phases transverses et en aval (support interne et/ou client).

6 % du budget global des entreprises privées

Question coût, les donneurs d'ordres issus du secteur public y consacrent en moyenne 14 % de leur budget informatique, contre 6 % en moyenne dans les entreprises privées. Il faut savoir que les solutions au code source ouvert ne sont pas à proprement parler gratuites! Si elles ne sont pas assujetties à une licence payante, elles restent néanmoins soumises à une panoplie de prestations délivrées notamment par des sociétés de service dédiées au logiciel libreSource : Economie du logiciel libre par François Elie Editions Eyrolles. ou SSLL: conseils, déploiement, assistance à maîtrise d'ouvrage, formation ou encore support technique. «Pour un euro de développement initial investi dans une solution open source, il faudra dépenser en moyenne 2,7 euros dans la maintenance, la formation et le support», explique Aurélie Courtaudon (Markess International). Côté solutions propriétaires, le prix de la licence peut constituer entre 20 et 25 % du TCO (coût total d'acquisition), dans un contexte où le marché de l'édition informatique se concentre autour de quelques acteurs. Ces derniers se comportent en situation de quasi-monopole, freinant les capacités de négociation de l'acheteur. En parallèle, les acheteurs ont désormais la capacité, même dans le secteur public, de pondérer dans le cahier des charges des critères de coûts visant à favoriser les offres les plus compétitives et ainsi permettre aux éditeurs open source de candidater. « Deux tiers des DSI n hésitent plus à comparer les solutions «libres» aux solutions propriétaires uniquement sur un critère de prix», précise Aurélie Courtaudon.

Aurélie Courtaudon, Markess International

«Pour un euro de développement initial investi dans une solution open source, il faudra dépenser 2,7 euros dans la maintenance, la formation et le support. »

Plébiscite des serveurs open source

Reste encore à l'acheteur à maîtriser l'ensemble du périmètre fonctionnel de cette famille d'outils pas tout à fait comme les autres. La première étape consiste à bien appréhender son sourcing. Bien qu'il n'y ait pas de segmentation par type de solution open source, Markess International recense quatre grands domaines informatiques où le logiciel libre est le plus répandu. Ainsi, dans le secteur public, 80 % des DSI interrogés utilisent une solution open source pour les logiciels d'administration système, comme les serveurs. Quand il s'agit d'applications, ils ne sont plus que 63 %, et 48 % pour les solutions d'ingénierie. Quant aux logiciels libres dédiés aux réseaux sociaux (WordPress, MediaWiki et Dotclear), les solutions open source ne recueillent les faveurs que de 37 % d'entre eux. Ces tendances constituent de bons indicateurs du niveau de maturité technologique et d'usage. Autrement dit, le consensus qui se dégage de la pratique des utilisateurs facilite le benchmark des solutions identifiées pour ces segments informatiques.

En chiffres
Quelles sont les applications-phares pour l'open source?

Système de gestion de base de données
Application de gestion de contenu
Administration du système
Bureautique
Outils de supervision
Portail
Application collaborative
Solution de sécurité

L'interopérabilité, une exigence de base

Deuxième étape, décrypter les particularités des solutions open source par rapport aux solutions sous licence payante. Par définition, le code source des logiciels est librement accessible, ce qui permet de les adapter à l'environnement SI spécifique de l'entreprise: limiter les modules nécessaires, modifier les paramètres de fonctionnalité, personnaliser les formats... Autre spécificité, l'interopérabilité des solutions open source par rapport aux solutions propriétaires. Il est ainsi possible de passer d'un logiciel libre à un logiciel payant grâce à la reconnaissance des formats, ce qui assure la compatibilité des fichiers entre eux. Par exemple, les documents de la suite bureautique Microsoft Office 2003 sont «ouvrables» avec la suite OpenOffice V3. On estime que près de 400000 postes de travail dans l'administration centrale française ont migré vers la suite bureautique OpenOffice en 2007Une société de services en logiciels libres (SSLL ou SS2L est une société de services en ingénierie informatique (SS2I) spécialisée dans la réalisation de projets informatiques basés sur des logiciels libres ou logiciels open source.. Par ailleurs, il est important que la compatibilité soit ascendante afin d'assurer une pérennité des solutions open source. «Le choix en faveur des logiciels libres se fonderait donc sur quatre critères: la maturité, l'indépendance, la couverture fonctionnelle et l'interopérabilité», explique Aurélie Courtaudon (Markess International). Quant au Cigref, il propose d'utiliser la connaissance et le coût des solutions open source comme levier de discussion auprès des fournisseurs propriétaires.

Le troisième axe de progression est la véritable clé de voûte de la collaboration de l'acheteur avec le DSI: il faut vérifier la nature de la licence de la solution open source choisie. Le Cigref invite l'acheteur à apprendre «à maîtriser les différentes licences open source, à connaître leurs avantages et les risques liés à leur mise en oeuvre et à les qualifier». Depuis 2000, c'est la Free Software FoundationCréée en 1985, Free Software Foundation, la fondation pour le logiciel libre est l'organisation internationale qui encadre les règles d'usage technologique des solutions open source. Historiquement opposée à Open Source Initiative elle est reconnue depuis 2000 comme l'organisme de référence pour les communautés d'éditeurs et contributeurs du logiciel libre. Elle contribue notamment au financement du projet GNU. qui définit le cadre légal régissant les logiciels libres. «Selon la fondation, la licence la plus répandue dans le monde de la solution open source est la GNU GPLLicence publique générale GNU. GNU est un système d'exploitation libre (exemple: Linux).. Cette dernière permet d'utiliser librement le logiciel libre au sein de l'entreprise», explique Michael Carney, responsable du développement France de la société SkySQL et ancien salarié de la société MySQL. La licence GNU GPL autorise ainsi la modification du code source du logiciel libre, qui peut alors être divulgué ou non à la communauté fondatrice de la solution. «Seule condition, la solution open source ne doit pas être intégrée à un logiciel voué à être commercialisé par l'entreprise éditrice. Auquel cas, ledit logiciel est soumis aux mêmes principes juridiques que la solution open source embarquée et, par conséquent, son code source doit être ouvert, ajoute Michael Carney. On parle alors de distribution externe d'une licence open source contaminante. » Autrement dit, une modification apportée à une solution open source intégrée à un logiciel peut être tenue confidentielle en vertu des clauses de la licence GNU GPL, à condition que ce logiciel ne soit pas commercialisé. Il est donc primordial que l'acheteur reste attentif à la nature de la licence, dans la mesure où elle conditionne le respect de la propriété intellectuelle de l'entreprise. Un avis également partagé par le Cigref qui recommande aux acheteurs d'identifier les cas d'usages contaminants ou incompatibles des licences open source. Les acheteurs sont également invités à négocier des clauses de confidentialité avec les acteurs du logiciel libre, qui peuvent leur apporter conseil, assistance et maintenance. Le rôle de l'acheteur n'est donc pas prêt de s'effacer...

Guillaume Radenkovic (à gauche) et Jean-François Marcillière, Centre France

Guillaume Radenkovic (à gauche) et Jean-François Marcillière, Centre France

Témoignage
«Nous avons divisé par dix le coût total d'acquisition de notre système de gestion de base de données»

En 2003, le groupe de presse Centre France, éditeur du quotidien régional La Montagne, décide de développer ses propres outils de gestion de contenu (bases de photos, reportages des correspondants de presse et annonces nécro logiques), jusqu'alors confiés à des prestataires. Pour le responsable achats, Jean-François Marcillière, et le res ponsable informatique, Guillaume Radenkovic, confrontés à une problématique d'in formations périssables l'expression du besoin devient claire : intégrer des technologies modernes du marché, indispensables pour développer ces outils de gestion de con tenu.
L'équipe projet recherche alors un socle de base de données répondant aux spécificités de leur métier et compatible avec Java, langage de développement utilisé par le groupe. «Nous avons commencé, dans un premier temps, par remplacer le système de gestion de notre base de données photographiques IBM/DB2 par une solution en open source», détaille Guillaume Radenkovic. Les deux responsables font ensuite appel à l'éditeur MySQL. Ce dernier détache auprès d'eux un consultant pour vérifier la faisabilité d'un basculement vers la version professionnelle du logiciel éponyme.
En quatre jours, le consultant Stéphane Varoqui - aujourd'hui chez SkySQL - parvient à porter le modèle de données sur la base MySQL. «Cette nouvelle base de données a répondu à nos contraintes de volumétrie croissante, en garantissant des temps de réponse performants», explique Guillaume Radenkovic. «Grâce à MySQL, nous avons divisé par dix notre coût total d'acquisition, que ce soit en termes de conseils, de déploiement, de service support, d'accompagnement et de formation », ajoute Jean-François Marcillière.
Cinq ans plus tard, l'équipe projet finalise, en mars 2012, le portage de l'ensemble de l'univers éditique du groupe avec le concours de la société SkySQL. Mais, au-delà de l'aspect financier, le responsable achats de Centre France souligne l'approche humaine, adaptée aux besoins du groupe et la proximité de la relation fournisseur.

Centre France

ACTIVITE
Presse
CHIFFRE D'AFFAIRES GROUPE 2011
210 millions d'euros
EFFECTIF GROUPE
Environ 2 000 salariés
VOLUME DACHATS
107 millions d'euros
EFFECTIF ACHATS
2 salariés

 
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Sihem Fekih

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