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Aérien: l'avenir appartient aux classes intermédiaires

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Les classes dites intermédiaires à bord des avions, à mi-chemin entre les places business et économiques, représentent une alternative intéressante pour les voyageurs d'affaires, qui souhaitent dépenser moins sans faire trop de concessions sur le confort.

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Un espace 40 % plus grand pour le passager, une mini cabine privative dont le siège, à l'assise large, est doté d'une coque fixe... Voilà à quoi ressemble la nouvelle classe Premium d'Air France, apparue dans les avions de la compagnie nationale, fin 2009. Montant de l'investissement: 75 millions d'euros. Toute sa flotte en sera équipée d'ici à 2011. Ainsi, Air France fait partie des dernières compagnies à avoir intégré une classe intermédiaire dans ses cabines. En effet, ce produit a le vent en poupe depuis plusieurs années auprès d'un grand nombre de compagnies. Mais pourquoi une telle montée en puissance des classes intermédiaires? «Cette solution s'est imposée comme une alternative crédible aux classes affaires que beaucoup d'entreprises ne sont plus prêtes à intégrer dans leur politique voyages. Sur les vols courts et moyens courriers notamment, celles-ci demandent à leurs voyageurs de ne plus réserver leurs billets en classe affaires», explique Didier Bréchemier, consultant expert en transport aérien pour le cabinet conseil Roland Berger.

Pour les directions achats, c'est une aubaine, car l'émergence de la classe intermédiaire constitue une occasion en or de revoir un chapitre important de leur politique voyages: la question budgétaire. En effet, ces dernières peuvent toujours atteindre l'un des premiers objectifs qui leur est assigné par leur direction générale, c'est-à-dire la réduction des dépenses, sans priver leurs collaborateurs d'un confort et d'un service plus optimal que celui d'une classe économique. Sans oublier que pour le collaborateur en question, l'intérêt se situe également au niveau du cumul de miles, supérieur à celui d'une réservation en classe économique.

Crise oblige, l'intérêt de la classe intermédiaire est devenu encore plus flagrant. Si cette dernière s'est imposée progressivement dans un grand nombre de compagnies aériennes et remporte un franc succès auprès d'une clientèle plus large, notamment les voyageurs d'affaires, elle a aussi permis, en période de récession économique, «de limiter la baisse des réservations en classes affaires au profit des classes économiques les moins chères», explique Didier Bréchemier (cabinet Roland Berger) . Il faut dire que, selon l'Association internationale des compagnies aériennes, les réservations en première classe et en business class ont chuté de près de 30 % en 2009.

A l'instar d'Air France, de nombreuses compagnies aériennes ont équipé leurs appareils de classes intermédiaires comme alternative aux classes affaires.

@ AIR FRANCE

A l'instar d'Air France, de nombreuses compagnies aériennes ont équipé leurs appareils de classes intermédiaires comme alternative aux classes affaires.

Les détracteurs de la «quatrième classe»

Depuis quelques années, «la différence entre les classes affaires et économiques s'est considérablement amplifiée, les premières étant de plus en plus spacieuses et luxueuses. Les sièges-lits, que l'on retrouve désormais souvent en business, confirment bien cette réalité», explique-t-on chez Air France. Ainsi, l'offre des classes intermédiaires a pu se développer sur le marché. Les compagnies aériennes ont, en effet, à tour de rôle, adapté leur offre aux nouveaux besoins des entreprises et des passagers désireux de voyager moins cher, quitte à faire l'impasse sur certains services de la classe business.

Cette montée en puissance de la classe intermédiaire n'avait pourtant rien d'évident, il y a 20 ans à peine. «La quatrième classe», comme l'appelaient alors ses détracteurs, ne semblait avoir aucune chance de rencontrer le succès: trop hybride et à cheval entre l'économique et la business. Les compagnies et transporteurs aériens regardaient alors d'un mauvais oeil les initiateurs du modèle, en l'occurrence Eva Air et Virgin Atlantic.

C'est au début des années 2000, finalement, que la classe intermédiaire a trouvé ses premières lettres de noblesse, grâce à l'intérêt que lui a porté la compagnie anglaise British Airways, acteur majeur du transport aérien mondial. «A l'époque, raconte Patrick Malval, directeur général commercial pour l'Europe de l'Ouest chez British Airways, notre cible était davantage la clientèle de loisirs. La nouvelle classe devait tirer la clientèle économique vers le haut, en lui offrant un peu plus d'espace en cabine et des sièges spacieux, des trousses de toilette différentes et des repas améliorés. Le tout, sans avoir à payer le tarif d'une classe affaires. »

Des compagnies en pleine réflexion

Vingt ans après, le succès est plus que jamais indéniable. Certains passagers de la classe économique, les touristes comme les voyageurs d'affaires, semblent prêts à payer un peu plus cher leur billet, ce qu'ils n'auraient jamais fait pour une place en business class dont le prix est trois à cinq fois plus élevé.

Cependant, toutes les compagnies n'ont pas aménagé de classe intermédiaire. Par exemple, United Airlines s'est pour l'heure contentée de mettre en place un plus grand espacement entre les rangées, «afin de surclasser les passagers les plus fidèles de la classe économique sans avoir à retirer ou à occuper des sièges en business dans les avions».

KLM, le partenaire d'Air France, s'est d'ailleurs largement inspirée de cet aménagement pour créer l'espace baptisé Economy Comfort. D'autres acteurs sont encore en phase de réflexion. A l'instar de SAS, qui envisage de commercialiser une offre mixte: une prestation classe économique à bord des avions mais business class au sol, avec ses avantages (accès au salon, embarquement prioritaire, etc.).

ZOOM
Timide reprise pour les classes business et first

Pour la première fois depuis près de deux ans, l'International air transport association (IATA) a enregistré, en décembre dernier, une hausse du nombre de passagers sur les classes first et affaires de ses compagnies membres par rapport à la même période l'année précédente.
Ce timide retour en grâce représente un enjeu majeur pour 'industrie du transport aérien car les réservations en first ou en classes affaires - les plus rentables pour elles - ne font que chuter depuis 2 ans: - 17 % en 2008 et - 25 % en 2009. «L'année dernière, le transport aérien a perdu l'équivalent de six années de croissance», s'alarmait l'association. Aujourd'hui, cette dernière se veut donc plus optimiste et s'appuie sur une reprise progressive du trafic au départ de l'Europe, avec à la clé des hausses tarifaires de l'ordre de 10 %. D'autres compagnies retrouvent également le sourire, notamment en Asie. Ainsi, Jet Airways assure séduire de plus en plus de clients avec sa classe affaires. Ce constat n'est pas surprenant: nombreuses sont les compagnies aériennes qui avaient montré leur optimisme en prédisant que la clientèle affaires retrouverait sa place une fois que la crise se serait tassée.

Patrick Malval, British Airways

« La classe intermédiaire permet de tirer la clientèle économique vers le haut, en lui offrant plus d'espace en cabine et des sièges spacieux. Sans avoir à payer le tarif d'une classe affaires.»

 
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Romain Rivière

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