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Accessibilité: cap sur les utilitaires «adaptés»

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Collectivités comme associations spécialisées recourent de plus en plus fréquemment aux véhicules utilitaires pour le transport de personnes à mobilité réduite. Enquête sur ce segment particulier qui relève d'une problématique sociale et technique.

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@ C. CUGNY

Loin d'être cantonnés aux seuls déplacements de marchandises, les véhicules utilitaires apportent un autre service d'intérêt général: le transport de personnes à mobilité réduite (TPMR). Encore méconnu, cet usage «social» constitue pourtant un axe stratégique pour nombre d'organismes: associations, entreprises de services à la personne, sans oublier les collectivités. Ces dernières sont d'ailleurs soumises à une obligation forte en la matière, édictée par la loi du 11 février 2005, instaurer - d'ici à 2015 - l'accessibilité dans les transports en commun. Certaines municipalités développent une offre globale de transport public de voyageurs accessible à tous (personnes âgées, femmes enceintes, malvoyants, malentendants, etc.). D'autres misent sur un service totalement dédié aux personnes à mobilité réduite, à l'instar du PAM (Paris accompagnement mobilité) de la capitale, du Handistar de Rennes ou encore de l'Optibus de Lyon. Ces services dits de «transport à la demande» sont exploités dans ces trois villes par Keolis, acteur majeur du transport public de voyageurs. « Le marché du TPMR est au carrefour d'un panel d'offres de véhicules. Pour faire le bon choix, nos clients ont donc tout intérêt à spécifier, en amont, leur cahier des charges. D'ailleurs, nous les assistons souvent dans cette tâche», explique Philippe Fénart, directeur achats de cet opérateur, équipé de plusieurs centaines de véhicules utilitaires dédiées au TPMR. Chaque grand constructeur automobile propose aujourd'hui dans son catalogue au moins un modèle -généralement de type fourgon 2/3 places- «adaptable» aux personnes handicapées: Fiat Scudo, Citroën Jumpy, Mercedes Boxer, etc. Des véhicules en l'état, non dédiés au TPMR, mais prévus par les constructeurs pour remplir un tel usage. «Il faut bien prendre en compte les caractéristiques de base de chaque modèle, signale Philippe Fénart. Certaines ont, par exemple, été pensées pour davantage faciliter l'accès d'une personne en fauteuil tandis que d'autres, apporteront surtout un plus grand confort intérieur au passager. »

Adaptations, finitions, personnalisation

Si le marché du TPMR repose sur des modèles utilitaires déjà existants, ils doivent néanmoins subir différentes transformations pour devenir «accessibles». Des modifications dont le coût peut varier de 5 000 à 40 000 euros par véhicule et, pour des travaux nécessitant cinq à douze semaines, selon la complexité de la demande. La plupart du temps cette prestation est confiée à des carrossiers tels que Gruau ou Durisotti, spécialisés dans l'adaptation des véhicules utilitaires. Quelques constructeurs disposent toutefois de leur propre filiale de transformation, comme Renault qui a créé il y a deux ans Renault Tech. « Notre offre dédiée au TPMR porte sur trois véhicules: le Kangoo Express, le Trafic et le Master, qui peuvent accueillir selon les modèles entre un et six fauteuils roulants», précise Eric Lemonnier, directeur commercial de Renault Tech.

« Certains clients restreignent leur demande à l'intégration d'une rampe d'accès dans le véhicule. Mais dans la plupart des cas, il faut prévoir des transformations plus intrusives», indique Léandre Provost, responsable commercial grands comptes TPMR chez Gruau. Et, de lister quelques-unes des interventions demandées: décaissement de la voiture, mises en place de portes automatiques, d'élévateurs ou encore de poignées de préemption, sans oublier le changement des suspensions, etc. En plus de ces éléments techniques, c'est tout l'intérieur du véhicule qui doit être réaménagé. «Au départ, l'engin livré n'est qu'une base vierge en tôle, généralement pas même vitrée», poursuit Léandre Provost. C'est le carrossier qui est chargé de recréer l'environnement idoine au transport de personnes: vitrage, chauffage, climatisation, peinture, mise en place de revêtements adaptés, sans oublier quelques agréments comme des porte-gobelets, etc.

Philippe Fénart, Keolis

« Le marché du TPMR est au carrefour d'un panel d'offres de véhicules. Pour faire le bon choix, nos clients ont donc tout intérêt à spécifier, en amont, leur cahier des charges. »

Jean-Pierre Simon, APF (Association des paralysés de France)

Jean-Pierre Simon, APF (Association des paralysés de France)

Expérience «Nous privilégions l'offre multimarque des carrossiers»

LAPF (Association des paralysés de France) achète environ une cinquantaine de véhicules adaptés au transport de personnes à mobilité réduite, répartis en différents segments. « Nous nous procurons des petits formats, pouvant transporter une personne en fauteuil roulant, mais aussi des modèles plus importants, type minibus, pouvant accueillir jusqu'à cinq fauteuils», explique Jean-Pierre Simon, directeur des achats de l'association. Dans le premier cas de figure, on trouve des modèles comme la Renault Kangoo Express ou Citroën Berlingot et dans la seconde, la Renault Trafic ou Master.
Quant aux aménagements à l'intérieur des véhicules, « ils varient selon nos besoins, répond Jean-Pierre Simon. Nous misons aussi bien sur des rampes manuelles pour faciliter l'accès des personnes en fauteuil, par l'arrière du véhicule, que sur des rampes électriques beaucoup plus sophistiquées.» Pour certains véhicules, l'Association des paralysés de France recourt à un hayon élévateur, ultra-confortable en termes de process, mais très coûteux. « L'aménagement d'un véhicule, en fonction du segment choisi, coûte entre 4 000 à 5000 euros pour des petits formats, et jusqu'à 25000 euros pour les plus vastes.» Le prix d'un véhicule aménagé pour le transport des handicapés peut ainsi doubler par rapport au modèle initial. Notons que parmi les modèles sélectionnés par l'association, le véhicule de type Combi fait figure d'incontournable. «La base de l'engin est déjà vitrée, et le chauffage et la climatisation intégrés. Contrairement aux fourgons entièrement tolés, ces modèles volumineux nécessitent donc moins de transformations, excepté l'ajout d'un plancher adapté et d'une rampe.» De tels modèles sont proposés par Mercedes et Volkswagen, notamment. « Nous privilégions l'offre multimarque et donc celle, plus large des carrossiers.» Renault, de son côté, est doté d'une filiale de transformation dédiée, qui ne commercialise que ses propres modèles.

 
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Charles Cohen

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