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160 dossiers d'éco-quartiers ont été examinés en 2009 lors du premier appel à projets du ministère de l'Ecologie, du Développement durable, des Transports et du Logement. Un chiffre qui révèle le dynamisme des chantiers d'aménagement urbain à vocation écologique en France. Mais certains freins ralentissent la construction de ces quartiers «nouvelle génération».

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@ FOTOLIA / MORGANIMATION

Les éco-quartiers ont-ils un avenir durable?

Le deuxième appel à projets pour les éco-quartiers a été lancé par Benoist Apparu, secrétaire d'Etat chargé du logement lors de la conférence nationale de la ville durable, le 19 janvier 2011. Le premier appel à projets date de 2009. Il s'inscrivait dans la lignée du Grenelle de l'environnement. Plus de 160 dossiers ont été déposés lors de l'édition 2009 et 28 projets ont été récompensés. Mesure-phare du plan ville durable, l'éco-quartier est une «opération d'aménagement durable exemplaire», selon le ministère de l'Ecologie, du Développement durable, des Transports et du Logement. Ce type de quartier contribue «à améliorer la qualité de vie en l'adaptant aux enjeux de demain: préserver les ressources et les paysages, tout en préparant les conditions de la création d'une off re de logements correspondant aux besoins». Eclairage, gestion des déchets, habitat durable, mixité sociale, transports durables sont des thématiques abordées par ces quartiers exemplaires, en termes de développement durable. Malgré cette dynamique, la France peut paraître en retard par rapport à ses voisins européens. « Des efforts restent à fournir en termes de formation des acteurs», précise Benoît Lemozit, chef du service organisations urbaines de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe). Patricia Hego, chef de projet éco-quartiers du département construction et cycle de l'eau du groupe Afnor, plaide pour «s'inspirer de l'expérience des pays européens notamment sur la participation du citoyen en amont des opérations d'aménagements, mais également avec la possibilité de montages juridiques collectifs innovants et de nouvelles appropriations de l'espace privé-public. »

L'éclairage public, une mine d'économies à explorer

Economies d'énergie et gains financiers, deux éléments-clés favorisant la bonne gestion de l'éclairage public. A ce titre, les éco-quartiers montrent la voie et représentent les véritables modèles à suivre. Explications.

Le parc de l'éclairage public en France est d'environ 9 millions de sources lumineuses fonctionnant en moyenne 4 000 heures par an. La circulaire Fillon du 3 décembre 2008 sur la démarche développement durable dans les marchés publics de l'Etat dresse des pistes de réflexion visant à promouvoir une exploitation efficace de ce parc sur le plan énergétique. Pour Dominique Ouvrard, délégué général adjoint du syndicat de l'éclairage « cette directive ne juge pas la technique employée mais son efficacité énergétique. L'innovation réside moins dans les produits, nombreux sur le marché, que dans la façon de les utiliser». Les fournisseurs ne sont pas jugés sur leurs innovations mais sur les objectifs atteints, en termes de consommation. Cette démarche est, notamment, rendue possible grâce à la prise en compte du coût global dans les projets des collectivités. Un chiffre qui comprend le prix des fournitures, la maintenance et les coûts d'utilisation. Ainsi, une entreprise d'éclairage doit pouvoir évaluer ce coût global en fonction de l'utilisation des produits et de la durée de vie du matériel. « Cette obligation est une vraie mise en valeur des solutions éco-responsables », affirme Dominique Ouvrard. Benoît Lemozit, chef du service organisations urbaines à l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) enfonce le clou: «L'important? Considérer le coût global des opérations. On constate que si le montant d'investissement peut être élevé, les coûts de fonctionnement sont très nettement inférieurs aux coûts habituels. Mais il faut également intégrer les gains sociaux, en termes de conditionnement de vie pour les habitants et de qualité environnementale. Et ça, ça n'a pas de prix. »

Des outils pour réguler la consommation d'énergie

Pour optimiser sa consommation énergétique, de nombreux outils existent programmant durée et intensité de l'éclairage extérieur. «Les collectivités doivent faire des études précises définissant ce qu'elles souhaitent éclairer avant de choisir un système d'économie d'énergie», conseille Nicolas Rémy responsable de la section éclairage public de l'Union d'électricité de Metz (UEM), spécialisé dans le conseil aux collectivités sur les problématiques énergétiques. Seule difficulté: le temps de retour sur investissement. Celui-ci est estimé entre 17 et 24 ans, ce qui peut constituer un frein pour les collectivités. Or, selon le ministère de l'Economie, du Développement durable, des Transports et du Logement, le seuil de tolérance des collectivités pour un retour sur investissement de leur éclairage public est de huit ans.

zoom
Plus de 40 % des luminaires en service ont plus de 25 ans

La consommation d'éclairage extérieur correspond à 48 % des consommations d'électricité des collectivités territoriales, 18 % de leurs consommations toutes énergies confondues.
Ce service public pèse pour environ 37 % dans la facture d'électricité des communes. Près de 40 % des luminaires en service ont plus de 25 ans. Si les mérites de l'éclairage led sont vantés, il est encore peu répandu tandis que les lampes à vapeur de sodium haute pression représentent encore près de 60 % du parc. Pour réduire leur facture énergétique et économique, les collectivités ont tout intérêt à investir dans de nouveaux équipements plus performants. Or, le taux de renouvellement spontané du parc n'est que de 3 %. Actuellement, une proposition de loi est sur le bureau de la ministre de l'Ecologie, du Développement durable, des Transports et du Logement, Nathalie Kosciusko-Morizet, pour aider financièrement les communes de moins de 10 000 habitants à rénover l'installation de l'éclairage public.


Source: «Eclairer juste« de l'Ademe, l'Association française de l'éclairage (AFE) et le syndicat de l'éclairage Téléchargeable gratuitement sur www.syndicat-eclairage.com.

Gestion des déchets: réduction à la source et collecte, le duo gagnant

Collecte sélective, gestion des déchets et valorisation font partie des grands chantiers des éco-quartiers. Parmi les dernières innovations en la matière figure la collecte pneumatique, venue des pays du Nord. Décryptage.

Recycler 75 % des déchets d'emballages ménagers et orienter vers le recyclage 75 % des déchetsNon compris les déchets des BTP, les déchets de l'agriculture, les industries agroalimentaires et les activités spécifiques. des entreprises d'ici 2012 font partie des objectifs fixés par le Grenelle de l'environnement. Dans le domaine de la gestion des déchets, les éco-quartiers doivent faire figure d'exemples. La réduction des déchets à la source est un des axes forts de cette problématique. Ainsi, les déchets dits «putrescibles» comme les épluchures et les déchets végétaux servent de compost. « Communiquer auprès des nouveaux habitants d'un éco-quartier est aussi très important. Le compostage peut être expliqué dans le livret d'accueil», détaille Marie Michelet, chargée de projet au département déchets et écologie industrielle chez Inddigo, cabinet de conseil et ingénierie en développement durable. « Une solution idéale pour les éco-quartiers qui disposent de nombreux espaces verts», souligne-t-elle. Il est également conseillé de créer des «ressourceries» ou recycleries pour le réemploi et le partage des équipements usités.

Une fois ces étapes de réduction des déchets à la source mises en place, il convient de réfléchir aux modes de collecte. Si celle-ci demeure «classique avec un système de bennes et des bacs dans la grande majorité des éco-quartiers», déplore la chargée de projet chez Inddigo, d'autres solutions existent. Ainsi, la collecte hippomobile, soit l'utilisation de chevaux de trait pour le transport, a séduit déjà près de 130 municipalités en 2009, notamment Beauvais et Boulogne-sur-Mer. Les éco-quartiers peuvent également avoir recours aux points d'apports volontaires enterrés. Ces containers ensevelis ont une grande capacité de stockage et permettent de réduire les camions de collecte. Une des dernières innovations en la matière est «la collecte pneumatique».

«L'aspiration souterraine» des déchets: une solution d'avenir?

La collecte pneumatique est une technique d'aspiration via un réseau de tuyaux enterrés née en Suède. Les poubelles triées sont déposées par les usagers dans des bornes de collectes installées sur la chaussée ou dans les immeubles. Ces déchets sont acheminés vers un site unique par la centrale d'aspiration avant d'être valorisés. En France, un projet de ce type, lancé par Veolia Environnement, est effectif depuis octobre dernier, à Romainville (Seine-Saint-Denis). D'autres sont en cours de finalisation dans le quartier des Batignolles à Paris, Saint-Ouen et Vitry-sur-Seine. Côté développement durable, ce système permet de réduire les émissions de CO2 en supprimant les camions de collecte. Ce système fonctionne 24 h / 24 et 365 jours par an et présente un bilan énergétique modéré selon les prestataires. Mais pour Marie Michelet d 'Inddigo, «la technique d'aspiration consomme plus en énergie qu'un système de collecte traditionnelle. De plus, ce système est un investissement financier important pour les collectivités». L'éco-quartier du Fort d'Issy-les-Moulineaux sera équipé de ce système en 2013. Le contrat d'un montant de 3,6 millions d'euros a été remporté par Veolia Propreté et Envac, partenaire suédois spécialisé dans la collecte automatisée des déchets. Près de 2755 mètres de tuyaux souterrains relieront les 169 points de collecte.

Marie Michelet, Inddigo

« La collecte des déchets se fait majoritairement via des bennes et des bacs dans les éco-quartiers. Pourtant, d'autres systèmes existent. »

@ F. LECLERC BRENAC ET GONZALES

@ MACARY ET ZUBLENA

L'éco-quartier des Bords-de-Seine

2 000 usagers, résidents et professionnels, s'installeront en 2013 dans l'éco-quartier des Bords-de-Seine. Espaces verts, collecte pneumatique et habitat écologique ont été pensés et réalisés pour ce quartier «nouvelle génération».

«Ce projet de construction d'un éco-quartier sur 3,5 ha prend place sur le site d'une ancienne usine d'incinération des ordures ménagères de la ville de Paris», commence Philippe Barraud, chef de projet à la direction de l'aménagement de la SEM 92, société d'économie mixte chargée de l'aménagement de l'éco-quartier. Les berges de Seine vont être aménagées pour réaliser une promenade de plus de 4 km le long d'Issy-les-Moulineaux, Meudon et Sèvres. Au total, plus de 2000 usagers, résidents et salariés s'y installeront.

SEM 92, le pilote du projet éco-quartier

L'initiateur du chantier est le syndicat mixte Issy-Berges-de-Seine, structure juridique collective composée à 70 % du département des Hauts-de-Seine et à 30 % de celui d'Issy. Ce syndicat a confié le projet à la SEM 92 en qualité d'assistance à maîtrise d'ouvrage, après consultation. Le bureau d'études environnementales Tribu, retenu après consultation, a mené des études de qualité environnementale sur différentes thématiques. Au final, la SEM 92 pilote le projet et remplit une mission d'assistance à maîtrise d'ouvrage sur les opérations et la définition du cahier de prescriptions environnementales imposées aux promoteurs. «Nous avons imposé le respect de critères de performances énergétiques (récupération des eaux de pluie, taux d'ouverture des bâtiments, coefficient de perte d'énergie, etc.)», détaille Philippe Barraud. « L'objectif est d'atteindre le label BBC (Bâtiment basse consommation) pour les logements. De plus, le solaire thermique couvrira 40 % des besoins en eau chaude sanitaire. Le quartier sera équipé d'un réseau de collecte pneumatique raccordé à Isséane, le centre de traitement et de valorisation énergétique des déchets ménagers à Issy-les-Moulineaux», ajoute Olivier Haumant, directeur général adjoint des services techniques de la mairie d'Issy-les-Moulineaux. Un écologue et un paysagiste ont été missionnés pour préserver la biodiversité. Trois promoteurs et un bailleur social ont été retenus pour les quatre îlots. L'îlot A comprend deux bâtiments bureaux dont le siège social BNP Paribas Real Estate, spécialisé dans l'immobilier et promoteur de l'ensemble des bureaux. L'îlot B abritera 68 logements en accessionLe droit d'accession est une extension légale du droit de propriété sur une chose mobilière ou immobilière, à tout ce qu'elle produit et tout ce qui s'incorpore à elle, soit naturellement, soit artificiellement., des commerces et une résidence hôtelière de 177 chambres. L'ensemble sera livré fin 2013 par le groupement des deux promoteurs Cofim et Eiffage. Des logements sociaux seront installés sur l'îlot C grâce au travail du bailleur social Seine-Ouest Habitat. Près de 170 logements sociaux, un groupe scolaire de huit classes et des commerces seront construits. Le quatrième îlot (D) est géré par le promoteur BNP Paribas Immobilier département résidentiel. Il comprend sept bâtiments, 370 logements en accession, une crèche de 53 berceaux et des commerces.

En chiffres
Les Bords-de-Seine

- 3,5 hectares ;
- 2 500 m² de commerces et de services en pieds d'immeubles;
- 178 places de parking souterrain à usage public (42 places destinées aux commerces);
- 6 300 m² de promenade ;
- 30 000 m² de logements en accession ;
- 12 500 m² de logements sociaux ;
- 6 000 m² de résidence de tourisme ;
- 24 000 m² de bureaux.

 
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Marie-Amélie Fenoll

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