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«Le Travel Manager n'est pas qu'un acheteur»

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Travel Manager chez Capgemini et président Europe de l'Acte, la plus importante association de gestionnaires de voyages dans le monde, Jérôme Drevon-Barreaux porte un regard sans concession sur l'univers du voyage d'affaires. Rencontre avec un homme engagé.

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Pourquoi les voyages d'affaires sont-ils souvent dans la ligne de mire des directions générales désireuses de réduire les coûts, particulièrement en période de crise?

Jérôme drevon-barreaux: Les voyages d'affaires représentent traditionnellement un poste de dépenses important dans les entreprises et sont une cible facile, lorsque vous rencontrez des difficultés, pour réduire les coûts. Mais cela ne veut pas dire que les personnes qui voyagent sont mal vues, que la politique de déplacements professionnels de l'entreprise est mauvaise, ou même que le Travel Manager fait mal son travail. Simplement, il faut savoir s'adapter au contexte actuel. Par ailleurs, la limitation du nombre de voyages a aussi eu des effets secondaires inattendus, comme l'impact positif sur la vie personnelle des grands voyageurs.

Pensez-vous que les réunions virtuelles peuvent remplacer les voyages d'affaires?

Rien ne remplace le contact humain. La visioconférence est un complément plus qu'une alternative aux voyages d'affaires, d'autant qu'elle permet de réaliser d'importantes économies. Et, grâce à certaines technologies, telles que la téléprésence, les participants ont vraiment l'impression d'être face-à-face. Le recours à ces nouvelles formes de communication est évidemment plus fréquent en période de réduction des coûts.

Certes, mais compte tenu de son coût (plusieurs dizaines de milliers d'euros), la téléprésence est une technologie réservée aux très grandes entreprises...

Je ne le crois pas. Certaines enseignes de location de bureaux proposent à leurs clients, souvent des PME, de louer des salles de réunion équipées d'un tel système. C'est pourquoi je pense que la téléprésence est aujourd'hui accessible a un grand nombre d'organisations et qu'elle n'est pas uniquement réservée aux grands comptes.

Pourquoi, alors que vous êtes le président Europe de l'Acte, avez-vous participé à la création de l'Association française des Travel Managers (AFTM), courant 2008?

Je pense que ces deux organisations sont complémentaires. L'Acte est une association internationale. Ses membres sont à la fois des Travel Managers, des acheteurs et des représentants des principaux prestataires du marché du voyage d'affaires. L'AFTM, au contraire, est une association nationale, composée exclusivement de gestionnaires de voyages qui appartiennent à des entreprises de toutes tailles. Adhérer à ces associations est très enrichissant car cela permet de partager des expériences avec les entreprises représentées.

Quelles sont les thématiques abordées lors des réunions de l'Acte?

Etant donné l'environnement actuel, nous essayons d'explorer toutes les pistes pour réduire les coûts et améliorer nos pratiques. Par exemple, aujourd'hui, les dépenses hôtelières ne sont pas optimisées dans beaucoup d'entreprises. Idem pour l'incentive. Tous ces thèmes seront au coeur de la prochaine conférence de l'Acte en Europe, qui se tiendra à Prague, du 25 au 27 octobre.

Des prestataires sont aussi membres de votre association. Cela ne bride-t-il pas vos échanges?

Au contraire, il est important d'échanger avec les prestataires, de comprendre leurs problématiques et vice-versa. Cela évite de partir sur des malentendus. Tout le monde s'exprime librement lors des conférences. Actuellement, les membres de l'Acte se posent beaucoup de questions sur les pratiques des compagnies aériennes qui facturent de plus en plus de services jusque-là inclus.

L'Acte peut-elle réellement influencer les compagnies aériennes et peser face à une association comme l'International Air Transport Association (lata)?

En tout cas, nous pouvons les faire réfléchir. Et l'Acte, avec ses 2 000 membres, sera toujours plus influente qu'un Travel Manager dans son entreprise. De plus, compte tenu du contexte actuel et de la volonté de réduire les coûts dans les organisations, nous sommes plutôt sur un marché d'acheteurs. Les fournisseurs se doivent donc d'être à notre écoute.

Pour autant, la mission du Travel Manager n'est pas uniquement de réduire les coûts...

C'est vrai. Le Travel Manager n'est pas qu'un acheteur. S'il est uniquement focalisé sur les coûts, il aura toutes les chances d'échouer. Il y a une dimension affective dans le voyage d'affaires. Les collaborateurs sont parfois attachés à certains privilèges. Réduire les coûts, c'est facile. Mais si c'est pour mettre en place des règles de déplacements qui, in fine, ne seront pas appliquées, cela ne sert à rien. C'est là toute la valeur du Travel Manager. De plus, au-delà du prix, de nombreux critères doivent être pris en compte tels que la sécurité des voyageurs, le développement durable, etc.

Sur ce dernier point, pensez-vous que les compagnies aériennes fassent suffisamment d'efforts pour réduire leur impact sur l'environnement?

Contrairement à certains, je pense que l'on a beaucoup trop pointé du doigt les compagnies aériennes qui, il faut le rappeler, sont aussi dépendantes des avionneurs. Si les appareils sont de moins en moins polluants, il faut quand même leur laisser le temps de renouveler leur flotte. Elles ont pris un certain nombre d'engagements, soyons patients. Et puis, il faut aussi éduquer les voyageurs d'affaires. La réduction de l'impact environnemental du voyage d'affaires viendra aussi par un changement de leur comportement. Le développement durable n'est pas un effet de mode, certes. Il s'agit même d'une problématique très importante. Mais il reste encore du chemin à parcourir.

Biographie

Jérôme Drevon-Barreaux, 35 ans, est le Travel Manager de Capgemini depuis 2005. Titulaire du MBA Hospitality Management de l'Essec, il a débuté sa carrière chez Accenture (1998-2003) avant de rejoindre BNP Paribas. Jérôme Drevon-Barreaux est président Europe de l'Acte (Association of Corporate Travel Executives) depuis 2007. Il est aussi fondateur de 1AFTM (Association française des Travel Managers) et membre de la Cdaf (Compagnie des dirigeants et des acheteurs de France).

Acte

Fondée en 1988, l'Association of Corporate Travel Executives (Acte) est composée de 2000 membres à travers le monde. Ces derniers se réunissent deux fois par an, alternativement aux Etats-Unis et en Europe. L'objectif de l'association est de favoriser les échanges et le débat d'idées entre tous les acteurs du voyage d'affaires. www.acte.org

 
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Sébastien DE BOISFLEURY

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