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«Faire émerger une culture achats est un défi passionnant»

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Développer le taux de couverture tout en favorisant une collaboration sereine avec les clients internes : tel est l'objectif d'Olivier Debargue, directeur achats hors programmes de France Télévisions, qui dispose depuis peu d'un service achats flambant neuf.

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@ STUDIO GEO / FRANÇOIS GIRAUD

France Télévisions a créé une véritable direction achats en janvier. Qu'est-ce qui a favorisé la montée en puissance de ce service ?

Olivier Debargue : La création de la direction achats hors programme s'est inscrite dans le cadre de la refonte totale de l'organisation de France Télévisions, impulsée par la loi de réforme de l'audiovisuel public de mars 2009. Ainsi, les principales entités juridiques du groupe ont fusionné, ce qui a entraîné une réduction importante du nombre de directions opérationnelles : passage de cinq directions informatiques à une seule, idem pour les RH, etc. Ce contexte a favorisé la création d'une direction achats hors programmes qui couvre aussi bien les moyens généraux que les achats propres au coeur de métier du groupe : caméras, location de plateaux, groupes électrogènes, prestations de montage, images d archives, etc. Notre équipe est composée de six personnes, dont quatre acheteurs négociateurs en charge d'un portefeuille de familles spécifiques. Forts de cette nouvelle structure, nous allons pouvoir aborder les sujets de façon plus verticale et augmenter notre taux de couverture, qui atteint aujourd'hui 60 %.

Avant la création de cette direction, il existait déjà un service de coordination des achats...

Tout à fait. J'ai été responsable de ce service dès mon arrivée dans le groupe, en 2003. Mais comme l'organisation de France Télévisions était très atomisée, les achats restaient diffus au sein des différentes filiales : ils étaient immergés dans chacune des fonctions de l'entreprise. Aussi, en l'absence d'approche consolidée des dépenses, nous naviguions un peu à vue. L'objectif que je me suis fixé était donc de développer une approche plus globalisée des achats, en favorisant la négociation, la mise en place de contrats-cadres, le déploiement de bonnes pratiques, etc. Bref, je souhaitais faire émerger une véritable stratégie et culture achats chez France Télévisions. Toutes ces actions nous ont permis de professionnaliser davantage les achats, et grâce à la mise en place d une véritable direction, nous allons pouvoir aller encore plus loin.

Comment cette création va-t-elle vous aider à mieux vous imposer en interne ?

Grâce à ce deuxième cycle de maturation des achats, nous mettons aujourd'hui en place une structure centralisée plus solide, qui renforce la proximité avec le client interne. Ainsi, nos quatre acheteurs négociateurs travaillent désormais en direct avec les opérationnels afin de favoriser une relation de confiance mutuelle. Sans oublier que la réduction du nombre de clients internes, dans le cadre de la réorganisation va largement simplifier et fluidifier la conduite des projets. Et pour anticiper toute tension, j'ai travaillé l'année dernière avec les responsables de chaque nouvelle direction opérationnelle pour les sensibiliser sur notre action et leur faire partager ma vision des achats. Ainsi, nous avons pu départager de façon claire les tâches qui allaient revenir aux achats et celles qui resteraient sous leur contrôle.

Au final, quelle stratégie a été mise en place ?

Contrairement à nombre de grandes entreprises, nous avons décidé que la direction achats de France Télévisions ne gérerait que la partie sourcing. Ainsi, les approvisionnements sont traités directement par les opérationnels. Je ne vois donc aucun bon de commande passer par mon bureau. Cette stratégie nous permet de nous concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée, telles que la veille fournisseurs, le lancement des appels d'offres, la négociation, le choix de prestataires... Ce mode d'organisation explique pourquoi notre équipe est plutôt restreinte. Par ailleurs, en laissant les opérationnels passer leurs commandes et gérer au quotidien la relation fournisseurs, nous évitons bon nombre de tensions opérationnelles.

Comment assurez-vous la cohérence entre vos actions et celles des opérationnels ?

Toute cette organisation repose sur un élément fondamental : un outil d'e-procurement performant qui se greffe à notre ERP édité par Oracle. Ainsi, nous injectons dans le système toutes les données en termes de sourcing (fournisseurs sélectionnés, catalogues, etc.). Puis, via un module de reporting adossé à cet outil, je peux savoir si les opérationnels ont bien passé commande auprès du fournisseur répertorié et aux conditions négociées. Ce système s'apparente donc en quelque sorte à du «libre-service encadré.»

Qu'avez-vous prévu en cas de non-respect du process achats par les opérationnels ?

Dans un secteur comme la télévision, je peux admettre que certains achats soient exécutés dans l'urgence. Aussi, je refuse d'imposer une stratégie achats 100 % coercitive. Je préfère suivre un processus de croissance semidirectif de notre influence plutôt que de faire la guerre à mes clients internes. Toutefois, étant donné que France Télévisions est soumis juridiquement à une ordonnance et à un décret de 2005, dont les dispositions sont assez proches de celles du code des marchés publics, les opérationnels ont pour obligation d'honorer les marchés qui ont été contractés en amont. Si notre système ne se veut donc pas coercitif, il reste tout de même très encadré dans les faits. Rappelons, par ailleurs, que l'ordonnance et le décret de 2005 sont contraignants sur un autre aspect : la négociation. Ainsi, il nous est interdit, pour de nombreux sujets, de négocier pour tout marché supérieur à 193 000 euros.

Quels sont vos prochains chantiers prévus dans les mois à venir ?

Nous allons nous atteler à l'optimisation des achats de technologie et des moyens de fabrication, qui constituent des enjeux très importants. Un travail de sourcing va notamment être mené en partenariat avec la direction des moyens de fabrication et de production, elle-même nouvellement créée. Mais quelles que soient les familles d'achats, mon objectif premier est d'augmenter notre taux de couverture, qu'il m'est possible d'évaluer grâce à l'outil d'e-procurement.

Biographie :

Olivier Debargue, 47 ans, est diplômé de l'Ecole de management de Normandie et de la London Chamber of Commerce. Après avoir intégré Tomson CGR (Compagnie générale de radiologie), en charge des achats techniques puis logistiques, il a rejoint la direction achats de General Electric en Europe et aux Etats-Unis. En 2003, il intègre France Télévisions en tant que responsable du service de coordination des achats avant de devenir directeur achats hors programmes.

France Télévisions

ACTIVITE
Audiovisuel
CHIFFRE D'AFFAIRES 2009
3 milliards d'euros
EFFECTIF 11 000 salariés
VOLUME D'ACHATS HORS PROGRAMMES 2009
600 millions d'euros
EFFECTIF ACHATS
6 collaborateurs

 
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Charles Cohen

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