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L'industrie à l'heure de la décarbonation

Publié par Audrey Fréel le - mis à jour à

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Organisé en octobre dernier, le 13e congrès de Gazelec fut notamment l'occasion d'aborder les enjeux de la décarbonation dans l'industrie. Zoom sur les temps forts de cette table ronde.

La décarbonation est un enjeu incontournable pour l'industrie, qui émet 80 millions de tonnes de CO2 par an. Reste que le contexte actuel rend cette transition énergétique encore plus complexe à mettre en oeuvre. "Nous nous trouvons dans une situation paradoxale dans laquelle il n'a jamais été aussi rentable d'investir dans les énergies décarbonées et l'efficacité énergétique, mais où les capacités et orientations financières prédisent une baisse des investissements", souligne Thomas Veyrenc, directeur exécutif en charge de la stratégie, de la prospective et de l'évaluation chez RTE, lors d'une table ronde organisée le 11 octobre dernier dans le cadre du 13e congrès de Gazelec. L'expert préconise de travailler avec des scénarios de crise pour engager les transformations industrielles nécessaires, tout en tenant compte de la disparité des enjeux pour l'électricité et le gaz, dont les prix seront durablement plus élevés.

De son côté, l'Ademe a analysé les impacts macroéconomiques actuels, à l'aune de quatre scénarios, dans une étude intitulée Transition(s) 2050 et publiée en 2021. "Il en ressort que les quatre scénarios sont plus sobres que prévus à l'origine, d'un point de vue énergétique, mais aussi de la consommation de matières premières, de l'artificialisation des sols, etc.", indique David Marchal, directeur exécutif adjoint de l'expertise et des programmes de l'Ademe. Avant d'ajouter : "Cela laisse penser que la résilience de la France à 2050 par rapport aux crises actuelles dépendra de sa capacité à s'inscrire dans une trajectoire plus sobre en consommation d'énergie et de ressources".

Aligner les flux financiers aux objectifs climatiques

D'un point de vue financier, les investissements bas carbone dans l'industrie peinent encore à décoller. "Cela est dû au fait qu'ils sont catégorisés comme des investissements productifs par les industriels. Ce manque de visibilité rétrospectif limite la projection des industriels, mais aussi des investisseurs", décrypte Benoît Leguet, directeur général de l'Institut de l'économie pour le climat (I4CE). Selon lui, la taxonomie verte peut permettre une réorientation des financements vers la décarbonation. Adoptée en 2021, cette loi européenne classifie des activités économiques ayant un impact favorable sur l'environnement. "La taxonomie verte vise à inciter les investisseurs à s'orienter vers des investissements véritablement durables dans l'économie", confirme Christine Le Bihan-Graf, avocate associée au sein du cabinet De Pardieu Brocas Maffei.

Thomas Veyrenc (RTE) : "Il n'a jamais été aussi rentable d'investir dans les énergies décarbonées et l'efficacité énergétique, mais les capacités et orientations financières prédisent une baisse des investissements".

David Marchal (Ademe) : "La résilience de la France à 2050 par rapport aux crises actuelles dépendra de sa capacité à s'inscrire dans une trajectoire plus sobre en consommation d'énergie et de ressources".

Benoît Leguet (I4CE) : "Le manque de visibilité rétrospectif des investissements bas carbone limite la projection des industriels, mais aussi des investisseurs".

Christine Le Bihan-Graf (De Pardieu Brocas Maffei) : "La taxonomie verte vise à inciter les investisseurs à s'orienter vers des investissements véritablement durables dans l'économie".