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Délais de paiement : une responsabilité partagée entre acheteurs et fournisseurs

Publié par Marie-Amélie Fenoll le - mis à jour à

Des mesures pas assez coercitives, une responsabilité partagée entre acheteurs et fournisseurs, ... Arthur Wastyn, directeur associé EY et responsable des activités cash flow management décrypte la problématique du retard des délais de paiement et donne 4 bonnes pratiques pour y remédier.

Décision Achats : Quel est l'état des délais de paiement ? Les mesures prises par le gouvernement (ex : mission du médiateur sur la simplification de la facturation, " name and shame " de l'ancien ministre Emmanuel Macron, ...) vous semblent-elles suffisantes ?

Arthur Wastyn, directeur associé EY et responsable des activités cash flow management : J'ai le sentiment que cela ne va pas assez loin ! Même si on voit qu'il y a une amélioration en Europe qui se rapproche des pratiques anglo-saxonnes, la France reste en retrait par rapport aux pays du Nord et l'Allemagne. Ainsi, les mesures coercitives restent timorées au niveau des sanctions, trop limitées dans leur nombre (2500 contrôles par an environ), avec des délais d'instruction et de procédures qui sont longs. Ces mesures ne sont pas assez dissuasives et on continue d'avoir des retards importants. Et même si la loi LME a eu un impact positif, il faudrait légiférer et réduire les délais de 60 jours à 30 jours.

La mission confiée au médiateur sur la simplification de la facturation est extrêmement importante car plus la facture est simple, plus vite elle peut être émise, et donc payée. Or certaines entreprises ont des exigences excessives en matière de référencement fournisseur ou d'informations à faire figurer sur la facture, qui vont bien au-delà des obligations réglementaires. Si vous y ajoutez les spécificités sectorielles, cela peut représenter un véritable casse-tête pour les équipes en charge de la facturation.

D. A. : Peut-on dire que la responsabilité est partagée entre acheteurs et fournisseurs ?

Arthur Wastyn, EY : Oui, la responsabilité est partagée dans un certain nombre de cas. Cela est lié à deux facteurs : l'un stratégique, l'autre opérationnel. Stratégiquement, une entreprise peut décider de ne pas se préoccuper des délais de paiement et de sa trésorerie dans une logique de conquête rapide de parts de marchés. Comme par exemple dans des secteurs de croissance. Ces entreprises ne demandent pas les bons de commande, facturent tard, ne relancent pas, etc ... Enfin, d'un point de vue opérationnel, certaines entreprises ne sont pas organisées et ne sont pas capables de répondre aux obligations réglementaires en termes de facturation. Elles émettent alors leurs factures tard, les factures sont incorrectes, ...

D.A : Quelles sont les 4 bonnes pratiques à mettre en oeuvre pour réduire les délais de paiement ?

Arthur Wastyn, EY: Même s'il est nécessaire que l'action publique aille plus loin encore, notamment en réduisant les délais de paiement légaux, il est important aussi que les entreprises se mobilisent parce qu'il existe des solutions, qui sont à portée de main.

1-Technologiques : la dématérialisation des factures (obligatoire depuis le début de l'année pour les grandes entreprises et les personnes publiques) a des effets vertueux sur leur paiement : accélération de la validation des factures, garantie de remise des documents, réduction des temps de traitement

2-Amélioration des processus de l'entreprise : L'enjeu n'est pas seulement le délai de paiement de la facture mais aussi son délai d'émission. Il existe un délai entre la réalisation de la prestation et la facturation. Exemple : les SSII qui ont des délais de facturation qui oscillent généralement entre 25 à 40 jours. Dans ce cas, le fournisseur porte la facture entre 25 à 40 jours, ce qui est colossal. Au final, cela mène à 25 + 60 jours ce qui fait un délai à 85 jours ! Le système de facturation doit s'intégrer de manière plus efficace et plus fluide dans le processus des opérations pour que les éléments de la facturation soient rassemblés plus vite et donc la facturation déclenchée plus rapidement. En la matière, l'évolution des fonctionnalités des systèmes d'information, leur digitalisation et leur interconnectivité permettent des progrès importants et un déclenchement automatisé de la facturation,

3-Reverse factoring : soit le fait de proposer au fournisseur une mobilisation de sa créance via un établissement bancaire. Ce type de solution est particulièrement adapté aux entreprises qui ont un bilan sain mais des fournisseurs fragiles.

4-La gestion du risque client : il y a une révolution dans les outils de credit management avec des solutions qui, par exemple, vont se plugguer sur des bases de données pour connaitre en temps réel l'actualité des entreprises et ainsi percevoir les signaux de défaillance des clients.










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