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L'acheteur IT devient multicompétent

Publié par Jérôme Pouponnot le - mis à jour à

Impacté par la crise de 2008, le métier d'acheteur IT a su se remettre en question. Face aux évolutions rapides de l'univers informatique, cette profession réclame des compétences pointues, sans oublier une fibre ludique indispensable.

Même s'il n'existe pas de profil type de l'acheteur IT à proprement parler, il va sans dire que sa sensibilité vis-à-vis de l'informatique est très marquée, sans pour autant tomber dans la caricature du geek. En revanche, la crise financière de 2008 a eu un impact important. Avec les réductions des budgets IT, ce métier s'est professionnalisé. " Ce constat est plus fort que dans d'autres secteurs, puisque l'IT est en perpétuel mouvement, avec beaucoup d'innovations et des acteurs qui changent très vite ", constate Michel Noel, directeur commercial province de SCC, société de conseils et d'audit spécialisée dans les infrastructures informatiques.

Proximité avec les autres services

Cette professionnalisation s'explique par l'évolution des besoins en matière de sourcing et d'approvisionnement des technologies et des services IT. En conséquence, cette catégorie d'acheteurs est plus fréquemment rattachée au service IT des entreprises, et de moins en moins au service financier. Par ailleurs, les décisions d'achats sont prises de plus en plus conjointement par la direction des achats, les directions métiers et le service DSI, voire le directeur général.

Il est intéressant de constater également qu'un partenariat se développe aujourd'hui entre les acheteurs IT et les autres fonctions de l'entreprise. " Une relation partenariale qui s'organise également avec les fournisseurs ", confirme Michel Noel (SCC). Autre caractéristique, les acheteurs IT travaillent de plus en plus en amont sur les projets informatiques avec les directions techniques. Pour Pascal Auclert, directeur du pôle IT de Karistem Corporate Expertise et ancien acheteur IT chez Carrefour, " l'acheteur IT doit connaître sur le bout des doigts le métier de l'entreprise grâce à des passages dans différents services, ce qui lui permet de mieux comprendre les attentes des clients ".

Veille technique et créativité, deux musts !

Le métier d'acheteur IT rassemble deux grandes familles. Celle liée à l'achat de matériels/logiciels et celle qui traite des prestations intellectuelles IT. Pour ces deux familles, la compréhension des projets IT est devenue une priorité absolue, sachant que l'univers informatique est en perpétuel changement. " Quand j'étais aux achats IT du groupe Carrefour, au début des années 2000, la notion de cloud n'était pas présente, puisqu'elle n'est apparue qu'à la fin de cette décennie. Il a fallu très vite s'adapter à cette nouveauté ", souligne Pascal Auclert (Karistem Corporate). De même, formation et autoformation sont indispensables, ce que confirme Michel Noel (SCC) : " Les formations spécifiques aux acheteurs IT deviennent aujourd'hui quasi obligatoires, afin d'assurer une veille des fournisseurs et des technologies (SaaS, cloud, big data, etc.). Cela permet d'obtenir un juste compromis entre la technologie utilisée et le prix pratiqué. "

Au-delà des qualités "classiques" d'un acheteur telles que l'intégrité, le sens de l'organisation et de la négociation, l'acheteur IT a tout intérêt à être curieux, imaginatif, voire créatif. " L'objectif étant de pouvoir déstabiliser, dans le bon sens du terme, les fournisseurs, pour obtenir par exemple de ­nouvelles conditions de financement ", reconnaît Pascal Auclert.

Un côté ludique apprécié

Les nouvelles technologies sont une source de motivation en soi puisqu'elles suscitent souvent une sorte "d'émerveillement" pour ceux qui les côtoient. Les acheteurs qui ont une fibre ludique y trouveront leur compte. " La notion de jeu était omniprésente lors de mon passage aux services achats IT chez Carrefour, ce qui apporte une certaine légèreté dans un univers qui réclame, dans le même temps, beaucoup de concentration et d'attention ", confie Pascal Auclert (Karistem Corporate). Néanmoins, cette notion ludique est mise à mal par des obligations de faire plus et mieux... avec des budgets en baisse. " Il est aujourd'hui demandé aux acheteurs IT de trouver une plus grande qualité de service avec des budgets restreints, tout en sachant identifier les offres anormalement basses provenant des fournisseurs ", fait remarquer Michel Noel (SCC).

Acquérir des connaissances juridiques

L'achat de solutions logicielles est l'une des grandes priorités des acheteurs IT, même si la notion de services prend une part croissante. Aujourd'hui, les interrogations sur le mode de déploiement des progiciels sont nombreuses. Les acheteurs sont donc obligés d'être vigilants dans l'élaboration de leur cahier des charges, tout en sachant très bien scruter les offres fournisseurs. En effet, les méthodes de licencing ou de déploiement en mode SaaS des éditeurs sont devenues très complexes, nécessitant que l'acheteur dispose de connaissances juridiques très précises. Sans oublier d'assurer l'après-vente, autrement dit, le maintien en condition opérationnelle des solutions choisies. Un exercice d'équilibriste, finalement.

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