L'IA au service de la simplification de la supply chain chez Adeo
Publié par Denica Tacheva le | Mis à jour le
Adeo injecte de l'IA dans sa supply chain tentaculaire. Le groupe mise sur des applications ciblées et l'adhésion terrain pour orchestrer sa transformation
Avec 18 entités, 1 200 magasins répartis dans 11 pays et plus de 3 milliards de flux traités chaque année, la supply chain d'Adeo relève du casse-tête logistique. Une complexité que Pierre Leder, responsable du programme data et IA supply chain du groupe, résume sans détour : « La diversité est notre force, mais aussi notre principale source de complexité. »
Plutôt que de bouleverser ses processus, le groupe a choisi une approche itérative. Depuis mi-2024, un programme d'intelligence artificielle dédié à la supply chain est déployé avec méthode avec la mise en place d'applications ciblées, développées pour répondre à des cas d'usage précis. « Nous avons commencé par identifier les points de friction les plus critiques, puis nous avons développé des prototypes pour valider la valeur de chaque solution », explique Pierre Leder. L'objectif est ainsi de capitaliser sur des résultats concrets, duplicables d'une entité à l'autre.
Une stratégie structurée autour de quatre leviers
La démarche repose sur quatre piliers. L'impulsion conjointe de la DSI et des directions métiers ; le développement de prototypes orientés usage ; des cycles courts d'itération ; et une grande souplesse dans l'allocation des ressources. « Dans un environnement aussi hétérogène, il est impossible de tout prévoir », admet le responsable. L'industrialisation se fait selon une règle maison, les 3U : Used (fréquence d'utilisation), Usable (facilité d'action) et Useful (valeur générée).
L'adhésion des utilisateurs, levier déterminant
Pour Romain Respriget, directeur conseil data et IA chez Avisia, qui accompagne Adeo sur le programme, la réussite tient avant tout à l'implication des utilisateurs.« Nous avons mis en place des clubs utilisateurs pour chaque application, afin d'ajuster les outils en temps réel et d'assurer leur adoption progressive », nous explique-t-il.
Les premiers déploiements portent déjà leurs fruits. Une solution de prévision de la demande sur les nouveaux produits, testée par l'entité espagnole de Leroy Merlin, a conquis trois autres business units. Une autre, dédiée à la recommandation d'assortiments en entrepôt, vise à réduire la complexité en magasin et mobilise déjà sept entités.
Deux applications « cockpit » viennent compléter le dispositif. L'une identifie les sources de surstock, l'autre crée un jumeau numérique des stocks du groupe. Malgré les difficultés initiales liées à la qualité des données, la data est devenue un axe stratégique pour la DSI. « Nous travaillons dans un métier de centimiers », rappelle Pierre Leder. À cette échelle, chaque optimisation peut se transformer en gain tangible et duplicable.