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Baromètre flottes 2020 : lent virage vers la transition énergétique

Publié par Jean-Philippe Arrouet le - mis à jour à

La mobilité en entreprise devient plus écologique, d'après le dernier baromètre d'Arval Mobility Observatory. Mais les énergies alternatives comme les nouvelles mobilités sont loin de supplanter les véhicules thermiques qui alimentent toujours la croissance des flottes.

N'en déplaise à nos voisins européens, plus vertueux sur ce point, la France restera encore un temps le pays du diesel. La part de ces motorisations devrait y représenter 55 % des cartes grises des entreprises (en VP etVUL) dans trois ans, contre 49 % sur l'ensemble du vieux continent, d'après les 5 600 gestionnaires (dont 312 en France) interrogés par Kantar pour l'Arval Mobility Observatory (AMO), en janvier et février 2020. "La majorité des véhicules de société (VS) est en diesel car il n'existe pratiquement pas d'offre en essence ", souligne François Piot, président d'AMO. Pourtant, l'irruption du WLTP fait bouger les lignes : 55 % des gestionnaires envisagent un changement de mix énergétique pour respecter les plafonds de CO2 dans leur entreprise (33 % préférant augmenter ce plafond). Dans les faits, 30 % des flottes intègrent déjà des énergies alternatives et 55 % l'envisagent d'ici trois ans. "L'introduction de l'électricité dans les véhicules est clairement un objectif de moyen ou de long terme pour la plupart des chefs de parcs car ils ont la conviction que les motorisations thermiques vont être contestées et qu'il sera compliqué d'accéder aux centre-villes", appuie le président d'AMO. Davantage qu'un levier de maîtrise du TCO, ces motorisations sont d'abord perçues comme un moyen de réduire les émissions et d'échapper à de futures restrictions de circulation.

Pas de consensus

Lorsqu'il s'agit de "verdir" la flotte, aucune alternative ne rafle tous les suffrages : 40 % des gestionnaires s'orientent vers l'hybride simple, 37 % vers sa version rechargeable et 35 % optent pour le 100 % électrique. Dans ces deux derniers cas, le principal obstacle n'est ni le coût, ni même l'autonomie des véhicules, mais la faiblesse du réseau public de recharge (l'enquête ayant eu lieu avant les annonces du plan de sauvetage de l'automobile). "Le véhicule hybride simple apporte une solution de moyen terme alors que l'hybride rechargeable est indiqué pour des trajets quotidiens avec la possibilité de recharger une fois par jour", indique François Piot.

Plus que jamais, il paraît nécessaire d'avoir une vision précise des déplacements des collaborateurs pour orienter les choix énergétiques. La télématique permet d'y voir plus clair en remontant les données de roulage aux gestionnaires mais 28 % seulement l'utilisent sur tout ou partie de leur flotte. Et là ou ces boîtiers sont déployés, ils servent surtout à la localisation des véhicules plus qu'à l'analyse de leur usage.

Quant aux mobilités alternatives, elles font une percée puisque 62 % des entreprises y recourent. Les pratiques (mesurées certes avant la crise sanitaire), placent en tête le covoiturage, les transports publics et l'autopartage. Cependant, la tendance impacte surtout les plus grandes entreprises. Quant aux autres offres de mobilité, "Il manque souvent un maillon", nuance François Piot. Par exemple, l'absence d'infrastructures sécurisées pour les vélos ou d'applications pour que les bénéficiaires de forfaits mobilité puisse voir la disponibilité des solutions de transports en temps réel.

Dans ce contexte, les véhicules de fonction ou de service ont encore de belles années devant eux. 23 % des gestionnaires anticipent d'ailleurs une augmentation de leur parc dans les trois ans à venir. Cette tendance va de pair avec l'augmentation du recours à location longue durée. Sur ce point, les flottes françaises gardent une longueur d'avance sur leurs voisines européennes.