Pénuries : la chaîne d'approvisionnement du secteur pharmaceutique fragilisé ?
Publié par La rédaction le | Mis à jour le
Vendredi 6 septembre, l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a tiré la sonnette d'alarme sur la pénurie persistante de plusieurs psychotropes, en particulier les traitements à base de quétiapine, fréquemment utilisés pour soigner la schizophrénie.
L'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a de nouveau alerté vendredi 6 septembre sur des difficultés persistantes concernant plusieurs médicaments essentiels, en particulier ceux prescrits dans la schizophrénie et les troubles bipolaires. Et ces ruptures de révèler une dépendance à une logistique mondiale parfois grippée et peu résiliente.
Des molécules vitales introuvables
Selon l'ANSM, " les médicaments à base de quétiapine à libération prolongée, notamment les dosages 300 mg et 400 mg, connaissent un nouveau retard d'approvisionnement." Cette molécule, utilisée pour traiter la schizophrénie, ne devrait revenir en officine qu'à la fin octobre. Pour éviter une aggravation de la pénurie, l'autorité sanitaire a activé un mécanisme européen de solidarité afin d'importer des lots depuis d'autres États membres.
D'autres traitements connaissent le même sort. Le téralithe 400 mg LP, un sel de lithium prescrit dans les troubles bipolaires, reste indisponible à cause de retards sur le site de conditionnement. Les laboratoires annoncent une reprise des livraisons début octobre. Le constat et le même pour la venlafaxine, antidépresseur largement prescrit. Mais aucune amélioration n'est attendue avant ce même mois, selon les informations transmises aux autorités.
La situation semble plus stable pour la quétiapine 50 mg, mais l'ANSM recommande de réserver ce dosage aux patients déjà suivis, afin d'éviter un détournement de prescription. Quant à la sertraline, autre antidépresseur très répandu, ses stocks se reconstituent progressivement, mais des tensions locales persistent.
Une chaîne d'approvisionnement fragilisée par des choix industriels
Ces pénuries à répétition ne sont pas nouvelles et s'expliquent par plusieurs facteurs. Tout d'abord, il s'agit de la délocalisation des sites de production et des incidents techniques sur les chaînes de fabrication, mais c'est aussi le modèle économique qui pèse sur la disponibilité des médicaments. En France, le système de fixation des prix est jugé trop bas par l'industrie pharmaceutique, ce qui réduit l'attractivité du marché et peut retarder certains investissements.
Pour sécuriser la distribution, l'ANSM multiplie les plans de contingence tels que la priorisation des stocks, le recours à l'importation et le suivi renforcé des laboratoires. Mais ces mesures restent ponctuelles et ne s'attaquent pas aux faiblesses structurelles de la supply chain.