RSE : Et si les clients s'engageaient eux aussi ?
Publié par Renaud Bettin le - mis à jour à
Lorsqu'on parle de RSE et de durabilité dans les Achats, on évoque le plus souvent l'engagement des fournisseurs. Ils doivent se conformer aux exigences de leurs clients et c'est sur leurs épaules que pèsent les engagements climatiques pris par les grands groupes. Et si on commençait à voir les choses dans l'autre sens ? Que se passerait-il si les fournisseurs décidaient de ne travailler qu'avec des clients qui s'engagent eux aussi, contractuellement parlant ?
Ce principe de réciprocité de l'engagement est celui qui a façonné les AMAP (Association de Maintien de l'Agriculture Paysanne) venues tout droit du Japon. À l'époque, des mères de familles japonaises s'inquiètent de voir leurs enfants empoisonnés par un recours massif aux produits chimiques dans l'agriculture. Elles fondent alors, en 1965, les premiers teikei, qui signifie « collaboration » en japonais. Le principe de fonctionnement est basé sur un engagement mutuel : en échange de l'achat de la récolte du paysan, ce dernier s'engage à fournir des aliments cultivés sans produits chimiques.
Avec l'émergence des labels RSE tels que le label B-Corp, se pose de plus en plus la question des clients. Ainsi, la responsabilité d'une entreprise passe aussi par ses choix en matière de collaboration en aval et pas seulement en amont.
Les récents exemples d'Havas ou encore de Shein montrent que certains choix peuvent rapidement se retourner vers le fournisseur, en l'occurrence ici Havas dont le grand écart entre le défendeur de l'ADEME et l'ultra fast fashion de Shein a de quoi surprendre.
Une collaboration équilibrée
Le fournisseur a-t-il donc le pouvoir de négocier ? La réponse est oui. D'abord, en exigeant un engagement dans la continuité, à l'image des AMAP. Si en tant que fournisseur je m'engage dans une voie plus durable et que j'engage des investissements, alors j'ai besoin d'un client qui me soutiendra en s'engageant à acheter mes produits. Le fournisseur peut également tenter d'imposer lui aussi une clause qui établit cette réciprocité d'engagement RSE.
En bref, pour que toute une chaine de valeur devienne durable et résiliente, la collaboration doit tendre le plus possible vers l'équilibre.
Pour aller plus loin : Renaud Bettin est VP Climate action chez Sweep. Il est aussi l'auteur des tribunes suivantes: -Report de la CSRD : Et si le vrai risque, c'était l'inaction ? -La chaîne de valeur est-elle cassée ? -Tribune - 5 tendances pour les Achats (durables) en 2025 -Acheteurs, la gestion de la donnée est un impératif