Décarbonation du scope 1 : l'exemple de Fujifilm à Tilburg

Avec ses éoliennes, sa chaudière électrique géante et son ambition zéro carbone, le site néerlandais de Fujifilm se transforme en véritable laboratoire européen de la transition énergétique.

Fujifilm, champion de la décarbonation industrielle en Europe ? À Tilburg, aux Pays-Bas, son usine historique est en pleine mutation et devient, à marche forcée, une vitrine de sobriété énergétique grâce à de lourds investissements dans les énergies renouvelables et les solutions de chauffage sans émission.

Des éoliennes installées dès 2011

Le site ne se contente pas de consommer de l'électricité verte, il en produit aussi. Depuis 2011, cinq éoliennes installées sur place injectent directement leur production dans le réseau interne. « En moyenne, elles couvrent près de 30 % de la consommation totale du site », explique Michiel de Hair, responsable du centre d'innovation du site Fujifilm de Tilburg. Associé à une politique de réduction de la consommation et à l'achat d'électricité certifiée verte, ce mix énergétique confère à Fujifilm Tilburg une résilience accrue face à la volatilité des prix de l'énergie.

« Depuis 2016, 100 % de notre électricité provient de sources durables, garanties par des certificats d'origine européens, signe de la forte synergie qui existe entre politiques publiques, industrielles et énergéticiens », se félicite Albert van Maren, président de Fujifilm Manufacturing Europe.

La sobriété au coeur des priorités

La sobriété et le traitement des déchets sont également à l'agenda. Le site dispose ainsi d'une station d'épuration collective des eaux usées, partagée avec trois entreprises voisines, dont un site agro-industriel et une usine Coca-Cola. Une preuve supplémentaire de l'intégration du site dans les stratégies régionales de transition énergétique.

D'autres projets figurent déjà sur la feuille de route tels que l'installation de pompes à chaleur, la récupération de chaleur fatale et l'optimisation des systèmes. Si une chaudière gaz continuera d'être utilisée lors des pics de consommation, la nouvelle chaudière électrique devrait produire environ 25 % de la vapeur totale du site, permettant de réduire les émissions de 2 300 tonnes par an. Une montée en puissance est déjà prévue.

Une e-boiler de 7 MW pour remplacer le gaz

Pièce maîtresse de cette transformation : un système de chaudière connectée, ou e-boiler, inauguré en grande pompe en mai dernier. Ce générateur électrique de vapeur de 7 mégawatts, installé récemment à Tilburg, remplace progressivement les chaudières à gaz traditionnelles.

« Cet équipement peut produire jusqu'à 15 tonnes de vapeur par heure sans aucune combustion fossile », souligne Michiel de Hair, directeur de l'Innovation Centre du site, lors d'une visite. Alimentée par de l'électricité verte, la chaudière contribue directement à la réduction des émissions de CO2 tout en assurant la continuité des procédés thermiques indispensables à la production de papier photographique.

« Cet investissement de 2 millions d'euros constitue une étape clé vers l'ambition du site de devenir totalement neutre en CO2 d'ici 2030, soit vingt ans avant l'échéance fixée par l'Union européenne », ajoute Albert van Maren. Derrière cette innovation et ce capex de plusieurs millions d'euros se cache une promesse concrète, une réduction d'au moins 20 à 26 % des émissions de CO2 de scope 1 dès la première année de fonctionnement.

Un site pilote pour l'ensemble du groupe

Ce virage stratégique s'inscrit dans l'objectif plus large du groupe Fujifilm de réduire de 50 % ses émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030 (par rapport à 2019) et d'atteindre la neutralité carbone en 2040. Avec ses 63 hectares et ses plus de 500 collaborateurs, le site de Tilburg fait figure de laboratoire grandeur nature. Il teste, en conditions réelles, des solutions énergétiques de pointe qui pourraient être répliquées sur d'autres sites industriels du groupe.

Une première mondiale pour Fujifilm, qui confirme son rôle de pionnier dans la décarbonation industrielle.