Make or Buy, une décision stratégique au coeur des projets digitaux
Publié par Geoffroy Framery le - mis à jour à
Fonctionnalités, maîtrise budgétaire, time-to-market...Les entreprises affinent leurs arbitrages entre développement interne et solutions sur étagère. Tour de table à l'occasion d'Experience 2025 organisé par Klee Group.
À l'occasion de la journée Experience2025 organisée par Klee Group et d'un échange croisé réunissant plusieurs décideurs IT et métiers , la question du make or buy a été abordée sous toutes ses facettes. Dalkia, Klépierre, Synergie, ou encore l'AFPA ont partagé leurs retours d'expérience sur cette problématique récurrente des projets numériques structurants. Si les trajectoires diffèrent, une conviction commune se dégage : le choix ne peut être dissocié de la valeur d'usage apportée à l'organisation.
Le développement interne, levier de différenciation métier
Premier constat partagé, le développement d'une solution sur mesure est perçu comme une manière de mieux coller aux spécificités opérationnelles. Chez Klépierre, leader européen des centres commerciaux, Jérôme Kéber-Pascalis, DSI du groupe, explique que la solution Atlas, développée en collaboration avec un partenaire, a permis de structurer un process métier central - la commercialisation des espaces - avec une grande finesse d'adaptation.
Benoît Pradier, directeur commercial France de Synergie, partage cette logique. Pour le groupe de travail temporaire, le choix du make s'est imposé face à l'absence d'outil du marché combinant efficacement CRM et ATS. « Il n'existait pas de solution capable de couvrir à la fois nos besoins de relation client et nos exigences de recrutement », précise-t-il.
Time-to-market : des perceptions nuancées
Si le buy est souvent associé à une mise en oeuvre plus rapide, la réalité du terrain est plus complexe. Alphonsine Desbois, responsable des applications achats chez Dalkia, rappelle que la phase de sélection, de contractualisation et d'intégration d'une solution standard peut s'avérer longue et semée d'embûches. « Ce temps aurait pu être utilisé pour construire une solution plus proche de nos besoins », ajoute-t-elle.
En miroir, Jérôme Kéber-Pascalis nuance : « Une solution achetée est souvent disponible rapidement, mais cela suppose un besoin bien exprimé et une forte capacité d'intégration au SI existant. » Pour le DSI du groupe Atlas, la clé réside dans la qualité du dialogue entre métiers et DSI.
Maîtrise budgétaire : le choix du design-to-cost versus les modèles du SaaS
Côté coûts, les intervenants mettent en garde contre une vision simpliste. Le buy présente une visibilité immédiate sur les budgets mais expose à une dépendance tarifaire. « Une augmentation de 20 % d'un abonnement annuel peut être imposée sans recours », alerte Benoît Pradier.
À l'inverse, le développement interne repose sur un pilotage plus fin des ressources, notamment grâce à une approche et à une méthodes agiles. Damien Talus, directeur de business unit chez Klee Group, évoque l'approche design-to-cost adoptée pour le projet avec Klépierre. « Nous avons réduit le périmètre fonctionnel initial pour concentrer l'investissement sur les usages à plus forte valeur, tout en respectant strictement le budget alloué », complète l'expert du groupe Klee.
Évolutivité et appropriation : où placer le curseur de ces deux enjeux clés
Sur le terrain de l'évolutivité, les solutions make permettent d'ajuster rapidement la feuille de route aux évolutions du métier. Les solutions buy offrent, quant à elles, l'accès à des innovations portées par les éditeurs, au risque de ne pas être prioritaires dans leur roadmap. « L'appropriation des outils est plus forte lorsqu'ils ont été co-construits par les équipes, souligne Alphonsine Desbois. Et c'est aussi une question de reconnaissance métier. »
Que retenir ? La préférence pour le make ressort majoritairement, mais sans dogmatisme. Cela dit, la décision ne doit pas être guidée par une logique binaire, mais par une analyse rigoureuse de la valeur d'usage, des moyens disponibles, de la criticité métier et de la capacité à faire évoluer la solution dans le temps. Un consensus qui, loin d'opposer deux modèles, souligne l'importance d'une gouvernance partagée entre métiers, DSI et partenaires externes.