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Souveraineté minérale, les achats face à l'épreuve du sol

Publié par Geoffroy Framery le | Mis à jour le

Billet d'humeur - La France se découvre des trésors. Du lithium en Alsace, du tungstène dans le Massif armoricain, du germanium dans les roches du Massif central... Quid de ses atouts pour affronter la nouvelle géopolitique des métaux critiques.

Février 2025 sonne le début d'un nouvel inventaire des ressources minérales françaises. L'inventaire, déjà lancé par le service géologique nationale dans les année 1970 est annoncé comme un levier de souveraineté industrielle. Mais pour éviter que ce projet ne devienne qu'un exercice de style, il convient de penser et de changer radicalement les pratiques d'approvisionnement. L'enjeu dépasse de loin le "simple relocalisationnisme". Il s'agit de transformer l'achat de matières premières en acte stratégique, en dialogue éclairé avec les filières, en outil d'anticipation des tensions à venir. Les acheteurs devront passer du réflexe d'optimisation à celui d'orchestration. Le groupe minier Eramet faisait déjà état des futures tensions en termes de dépendances minières il y a 15 ans...

La dépendance aux importations de métaux stratégiques - près de 100 % aujourd'hui - est indubitablement une vulnérabilité structurelle. Elle a déjà révélé ses failles et elles sont nombreuses. Entre autres, pénuries de composants, hausses vertigineuses de prix, tensions géopolitiques instrumentalisées à coup de quotas. Or, sans anticipation ni visibilité, la fonction achats reste en bout de chaîne, condamnée à subir ce qu'elle devrait prévenir.

Ce que révèle cet inventaire, c'est la nécessité d'un changement de posture. Intégrer la dimension minérale dans la cartographie des risques fournisseurs, penser l'amont des chaînes de valeur avec la même rigueur que l'aval, nouer des partenariats industriels à l'échelle locale et européenne. Dit autrement, il s'agit pour l'acheteur de redevenir cet oiseau rare qu'est l'acheteur stratégique, et non "un simple opérateur de sourcing mondialisé."

Mais les tabous sont pléthores. Ouvrir une mine en France reste politiquement inflammable. Les directions achats peuvent - et doivent ? - jouer un rôle clé par le soutien des filières d'extraction responsables, sans oublier des critères environnementaux exigeants et la transparence sur les externalités, ce qui finalement permettra de mieux concilier souveraineté et acceptabilité.

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