Traçabilité & sourcing : l'exemple complexe du caoutchouc vietnamien
Publié par Denica Tacheva le | Mis à jour le
Dès 2026, l'Union européenne imposera aux importateurs de caoutchouc vietnamien de prouver l'origine de chaque lot pour lutter contre la déforestation. Un défi majeur pour un secteur où 63 % de la production provient de petites exploitations. Alors que la certification coûte cher, des acteurs privés et publics cherchent à structurer la chaîne d'approvisionnement. L'industrie doit s'adapter pour répondre aux exigences européennes, sans exclure les petits producteurs du marché lucratif de l'UE.
À partir de 2026, le caoutchouc vietnamien devra passer à la caisse de la traçabilité stricte. Le Règlement de l'Union européenne sur la déforestation (RDUE) ne laisse plus de place au flou. Les acheteurs européens, qui importent une part non négligeable de ce matériau, seront tenus de s'assurer que leur caoutchouc ne contribue pas à la destruction des forêts. Une exigence qui transforme les pratiques d'achat et met sous pression toute la chaîne d'approvisionnement.
Traçabilité à la parcelle, est-ce un casse-tête pour le secteur ?
Le gros du caoutchouc vietnamien, soit 63 % des matières premières, provient de petits exploitants dispersés, loin des grandes plantations traditionnelles qui ne représentent que 37 %. Autant dire que suivre l'origine de chaque lot devient un défi de taille. " Se conformer au RDUE nécessitera un contrôle rigoureux des matières premières, jusqu'à chaque parcelle de culture ", rappelle Nguyên Vinh Quang, expert chez Forest Trends.
Les grandes plantations du Groupe VRG prennent les devants en adaptant leurs modèles. Mais ce sont aussi des acteurs privés comme Mai Vinh, Viet Sing ou Thuan Loi qui tentent de structurer la chaîne en associant petits producteurs et acheteurs. Une nécessité pour garder la porte ouverte vers l'Union européenne, qui pèse 7,4 % des exportations vietnamiennes de caoutchouc, avec un avantage non négligeable de 95 % des ventes vers l'UE qui concernent des produits à forte valeur ajoutée.
Cette conformité a un coût. Le caoutchouc certifié se vend entre 150 et 300 dollars de plus la tonne. Une prime qui oblige les acheteurs à intégrer cette nouvelle donne dans leurs décisions d'approvisionnement.
Quel accompagnement pour sécuriser les achats durables ?
Le ministère vietnamien de l'Agriculture ne laisse pas les acteurs livrés à eux-mêmes. L'Association du caoutchouc, par la voix de Phan Trân Hông Vân, affiche un engagement clair pour aider à la mise en conformité. La coopération internationale, le partage d'expérience et la création d'une plateforme nationale de traçabilité unifiée sont au coeur des efforts en cours. En parallèle, le secteur mise sur l'innovation dans la transformation et sur l'amélioration de la qualité pour se positionner sur des segments haut de gamme, notamment en Espagne et en Italie.