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L'imprimante 3D - innovation ou conduite de changement pour l'acheteur ?

Publié par Demos le | Mis à jour le

Article rédigé par Muriel Guillemot Consultante, Formatrice, Business Coach Achat SCM chez Demos formations.

L'avenir appartient aux entreprises qui placent l'innovation, la création de valeur en haut de son échelle de stratégie globale. Au-delà de cette démarche et de la prise en compte de la 4ème révolution industrielle - soit le PC du XXIème siècle selon " The Economist " - L'imprimante 3D invite à revisiter l'ensemble des critères de choix de l'acheteur bien au-delà du périmètre traditionnel supply chain (Client to Business). Nous vous livrons la vision de l'acheteur par rapport à ses critères déterminants. Et si on parlait du ' QCDSES ' ?

1- Q pour Qualité

Appréhender cette nouvelle technologie, ces nouvelles approches de matériaux fait partie intégrante de la 2ème mission des acheteurs afin de toujours créer de la valeur - elle implique des transformations à tous les niveaux de l'entreprise - en terme de conception (nouvelles formes), de manière de produire, le défi des matériaux, les volumes, les modèles. La fabrication additive va bouleverser la notion de qualité du produit en termes de fiabilité. Strate par strate, le niveau de qualité sera supérieur du fait que la matière sera fusionnée et solidifiée. Sur ordre d'un ordinateur et d'un fichier numérique, l'impression de tous nos objets sera possible. Seule la complexité des matériaux (céramique, métaux, plastique, béton) fera partie intégrante d'une question de stratégie et d'avancée technologique.

C'est utilisé pour le prototypage mais aussi une réalité l'impression d'un produit fini. Exemple même l'imprimante en soi peut être elle-même une impression 3D (Discovery 200 en Kit permet d'imprimer des objets en volume à partir de filaments de plastique PLA (Acide Poly Lactique) et autre originalité : 40% de l'imprimante est imprimée par d'autres imprimantes - Dagoma)

2- C pour Coût

Optimiser nos coûts induits grâce à l'évitement de créer des moules d'injection par exemple. L'ère de la massification, du stockage sont terminés - on peut imaginer que nos pièces de rechange se feront en fonction du modèle du produit lors de la demande client - ce qui nous permettra d'optimiser l'espace des zones de stockage - et pourquoi pas l'abandon de nos espaces de stockage !

Les usines du monde (asie industrielle, pays low cost ) ne vont plus fabriquer les produits et de ce fait la partie transport va s'amoindrir. Nous passons à la customisation et la flexibilité industrielle considérant l'échelle industrielle. La décomposition de coût serait certainement plus facile à obtenir d'autant que l'on peut imaginer que les entreprises BtoB seront dans la même vision de fabrication additive globale ou partielle.

De plus l'impression d'un objet ne gaspillant qu'1/10 de matière - les coûts des rebuts vont donc réduire.

Par contre l'impact sur les matières premières sera peut-être à l'inverse dans un premier lieu et seule la gestion d'indice sera à suivre avec fermeté.

La question cruciale est de savoir qui imprime quoi et pour qui ? La notion de négoce, de fabrication de semi-produit sera certainement la clef de la décision et de ce fait le coût incombant.

3- D pour Délai

Créer des produits plus rapidement et sur place. HP annonçait en mars 2016 que leur solution serait 10% plus rapide et 50% moins cher que leur système actuel.

On peut même imaginer que les utilisateurs pourraient télécharger leurs dessins et les imprimer à distance - sachant qu'il va falloir prendre en compte la notion de copyright pour ne pas imaginer une guerre de la copie !

4- S pour Satisfaction Client

Face à des clients exigeant toujours plus de personnalisation et d'immédiateté, orienter la supply chain vers cette solution fab lab va s'imposer sachant que les industriels veulent majoritairement un taux de service le plus près de 100%.

Aujourd'hui, on estime que 10 à 20% des entreprises sont orientées selon le principe " customer centricity ". De plus, sachant que les clients non satisfaits vont directement à la concurrence. L'objectif est bien de devancer les attentes et les insatisfactions en étant en permanence à l'écoute du client et d'apporter les transformations nécessaires si besoin est.

5- E pour Environnement - Ethique - Ecologie

Fabrication additive et Lean feront bon ménage. Etant donné la chasse aux gaspillages - cette révolution amènera certainement des visions d'économie circulaire. D'autant que l'impression d'un objet ne gaspille qu'un 1/10 de matière - moins que la fabrication traditionnelle - Bouygues construction travaille sur ce thème.

Sachant que nous pourrons considérer le juste nécessaire et la fabrication à l'unité si besoin et non à une vision d'économie d'échelle - ce qui permettra de ré-équilibrer le niveau de la consommation à sa juste place.

D'un point de vue éthique, les emplois manufacturiers vont être de nouveau relocaliser dans les pays d'origine à proximité de la demande (la France pour le marché français) - d'où la création de fab lab.

6- S pour Sécurité

Etre garant des risques est la 3ème mission de l'acheteur - de ce fait annuler le risque de la production à grande échelle sera un axe central pour l'acheteur. Plus de souci de traduction de documents, de transports lointains et onéreux, d'échange de devises... Par contre, la guerre des copyrights va certainement arriver, la vigilance sur ce point sera inéluctable.

En tant qu'acheteur, tous nos modes de référence vont changer - il va falloir construire des nouveaux business models - coordonner une conduite de changement au sein de nos entreprises.

Ne pas oublier que la dimension " Particulier " tel que l'auto production des produits de consommation serait envisageable ! Donner le pouvoir aux citoyens de créer ce qu'il désire... imprimer selon leur choix, leur humeur.... Est-ce que l'on rêve ?....