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[Tribune] "Optimiser les délais de paiement entre entreprises"

Publié par Didier Kling, Chambre nationale des conseils-experts financiers le - mis à jour à

En une décennie la situation en matière de retards de paiement s'est améliorée mais le chemin est encore long. Un signal fort des pouvoirs publics à travers le projet de loi PACTE pour encourager la solidarité entre entreprises est attendu.

Les Assises des délais de paiement, qui ont eu lieu au siège du Medef à Paris, jeudi 31 mai sont l'occasion de porter un regard sur la situation de nos PME. En effet, l'Observatoire des délais de paiement, auquel participe la direction générale du Trésor, examine chaque année les conditions des délais de règlement (délais clients/délais fournisseurs) de nos entreprises. A ce jour, le " crédit inter-entreprises " représente 635 milliards d'euros par an, soit l'équivalent du tiers du PIB[1].

Bien entendu, ce "crédit inter-entreprises" apparaît encore comme trop élevé. Mais la situation s'est améliorée tout de même en une décennie. En 2008, 33% des entreprises réglaient leurs factures à temps. A ce jour, elles sont 43,4% soit presque une sur deux.[2] Les retards s'estimaient à 13,3 jours en 2015, ils sont désormais de 10,9 jours.

La Loi de Modernisation de l'Economie, entrée en vigueur en 2009 a contribué à redresser la santé de nos PME. Ainsi et dès 2012, la Banque de France observait que plus de deux tiers des entreprises réglaient sans retard (ou avec un retard limité). En 2015, deux chercheurs relevaient qu'une diminution des crédits inter-entreprises pourrait accroître la capacité d'embauche des PME de 2,3% ; soit un potentiel de 100.000 emplois[3].

Nos PME représentent les ¾ de la population de nos entreprises françaises, avec 60% de la valeur ajoutée et plus de 60% des emplois. Si nous sommes si attentifs à ces données en tant que professionnels du droit et du chiffre, c'est parce que nous savons que des délais respectés entre deux entités économiques permettent de préserver le financement des entreprises et évitent une exposition aux risques, donc une défaillance. Particulièrement pour nos PME françaises, davantage présentes dans les secteurs fournisseurs, qui doivent préserver leur trésorerie. Il en va donc de la rentabilité et la compétitivité des entreprises dans la compétition nationale et mondiale.

Nul doute qu'au moment où des perspectives s'offrent à elles à l'international et dans un contexte national stabilisé, les pouvoirs publics auront à coeur, à travers le futur projet de Loi PACTE, d'envoyer un signal fort en faveur de l'optimisation des délais de paiement. Particulièrement en encourageant à une solidarité entre nos grandes, moyennes et petites entreprises. En effet, intégrer ce nouveau paramètre dans le Plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises pourrait booster les PME pour mieux les transformer en ETI. En plus de la simplification et de la réorientation de l'épargne des Français en leur direction, elles pourraient alors participer à la libération de la croissance, au service de l'innovation et de l'emploi.

[1] Challenges, 2018 [2] Source Altares [3] L'Express - Juin 2015.

Par Didier Kling, président de la Chambre nationale des conseils-experts financiers.


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