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Avoir recours aux acheteurs indépendants, pourquoi, comment?

Publié par Camille George le - mis à jour à
Avoir recours aux acheteurs indépendants, pourquoi, comment?

Quand l'intérim cadre est lacunaire, l'acheteur indépendant est capable de répondre à un besoin opérationnel ponctuel pointu mais sans les fioritures d'un cabinet conseil. Attention toutefois à bien cadrer la relation avec ces électrons libres.

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L'économie a amorcé un lent mouvement qui consiste à passer de l'acquisition à l'usage. De plus en plus de secteurs sont concernés y compris celui de l'emploi pour lequel on constate une diversification des contrats de travail. Le métier d'acheteur est tout aussi concerné et compte de plus en plus d'indépendants dans ses rangs. On ne parle pas ici de consultants achat issus de cabinets conseil mais bien d'acheteurs indépendants, de freelances dotés d'expérience et d'expertise achat spécifiques. C'est une tendance qui se développe au sein des entreprises au point que l'association alumni du MBA Manager des Achats de l'Institut Léonard de Vinci en a fait la thématique principale de sa dernière table ronde.

Il en ressort que le recours aux acheteurs indépendants correspond à un besoin réel et très spécifique de l'entreprise. "Chez GRDF nous gérons un très grand nombre de projets. Pour cela nous nous appuyons sur un cabinet conseil, explique Mathieu Huvenne, directeur achats chez GRDF. Mais lorsque nous avons un besoin en maîtrise d'oeuvre ou en pilotage, nous nous sommes aperçus qu'il y avait un blanc." C'est en réinterrogeant ce besoin, dans le but de massifier la demande afin de contrôler la dépense, que la direction achats s'est rendu compte que le recours aux indépendants était déjà pratique courante dans l'entreprise. "La ressource intérimaire cadre a longtemps été le seul moyen de répondre à nos besoins ponctuels mais le secteur est très contraint et sur les expertises achats spécifiques elle est complètement absente. Notre demande d'intérim cadre n'a pas diminué c'est le manque d'offre qui nous pousse vers les indépendants", pointe Mathieu Huvenne.

Le besoin d'expertises achats spécifiques et la difficulté à sourcer certaines compétences poussent donc les entreprises et les services achats à se tourner vers le marché des indépendants, qui fait il faut le dire de plus en plus d'adeptes. "Les entreprises sont à la recherche d'expertises spécifiques mais aussi de compétences opérationnelles, souligne Judith Rumani, acheteuse indépendante. L'acheteur indépendant propose un bon mix hybride entre le conseil et l'opérationnel. Venant de l'extérieur il aura un regard neuf mais avec une capacité à piloter un appel d'offre ou à repenser un achat de type référencement." L'acheteur indépendant prend donc sa place sur le marché entre le cabinet conseil qui a une approche plus globale (qui comprend benchmark et garantie de subsidiarité de la ressource) et l'intérim cadre. "Les marchés peuvent coexister, chacun doit trouver sa valeur", estime Mathieu Huvenne.

Un besoin de cadrage juridique

Cela demande toutefois aux organisations de s'adapter car la frontière est vite poreuse entre le travail salarié et le travail indépendant. "On retravaille nos process d'intégration et de recrutement, on entre dans une ère où le salarié et l'indépendant sont un peu nos clients. Nous fonctionnons plus en mode collaboratif", explique Isabelle Fournier, DRH chez Endel. Si aux ressources humaines on on travaille la création de lien, le juridique est là pour poser des limites. "Attention à la cohabitation salarié/indépendant, prévient Arthur Lampert, thésard en droit. Dès lors que l'indépendant s'apparente trop à un salarié (le fait d'avoir des cartes de visite au nom de l'entreprise par exemple), le juge pourra requalifier le contrat avec l'indépendant en statut salarié." De même gare à ne pas se faire épingler pour travail dissimulé. Si le juge établit que l'entreprise a eu recours à un "faux" indépendant de façon intentionnelle la faute sera requalifiée en infraction et l'indépendant aura droit à 6 mois de salaire qu'il ai fait un jour ou un mois de mission.

"Certes le risque est avéré mais identifié et somme toute modéré. Aux achats nous essayons de le mettre sous contrôle avec nos juristes en droit social et droit commercial, les ressources humaines et les directions opérationnelles, relate Mathieu Huvenne. Le fait de travailler en groupe de travail sur le recours aux indépendants nous permet de structurer notre démarche pour mieux la formaliser au niveau des appels d'offres et mieux identifier la ressource au niveau RH." Et puis pour le cadrage juridique, les marketplace se posent en garde fous. L'essor du portage salarial a changé la donne. Si ce format a eu un énorme succès c'est parce qu'il permet faire peser la gestion des risques à la marketplace. L'indépendant ce retrouve avec un contrat entre les mains et un lien de subordination avec la société de portage salarial autrement dit la marketplace qui porte le risque pour son client et gère toutes les contraintes administratives pour l'indépendant à qui il prélève entre 4% et 8%, selon les services fournis, sur sa rémunération.

Un contrat standard avec un indépendant s'établit en général sur une base de 3 mois renouvelable avec une période d'essai de 15 jours et 1 mois de préavis en cas de non renouvèlement.

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